L’aventure commence forcément sur internet, pour obtenir le précieux sésame. Une fois un ticket premium en poche – ou plutôt dans sa boîte mail –, acheté pour environ 6 francs 60, direction le stade Al Thumama pour la rencontre entre Al Arabi et Al Ahli. Deux équipes pas au mieux en ce début de saison et qui occupaient les 8e et 9e places au classement avant la neuvième journée de la Qatar Stars League.
Une fois arrivé aux abords de l’enceinte de plus de 44'000 places, un premier constat: le parking est vide. Ou presque. Une question se pose donc: suis-je devant le bon stade? Si la question peut faire sourire en Europe, au Qatar, il est courant qu’une équipe joue ses matches à domicile dans plusieurs stades différents au cours d’une même saison. Heureusement, la réponse est «oui». Et voir les centaines de lumières du stade allumées a quelque chose de rassurant.
1609 spectateurs: la meilleure affluence moyenne?
Mais alors, pourquoi aussi peu de voitures? Surtout que les gens n’ont pas pu se rendre sur place en métro: aucune des trois lignes ne mène près de l’enceinte. Et bien la réponse est simple. Le championnat local n’intéresse pas grand monde. Ni même les compétitions internationales. Mercredi, alors qu’Al Rayyan accueillait Al Shabab (1-1) du Valaisan Vincent Sierro en Coupe du Golfe des clubs champions, les tribunes sont restées bien vides. Seul un groupe de supporters, étrangement bien organisé et dont les membres sont tous arrivés en même temps à un rendez-vous avec des hommes en djellaba blanche devant le stade, occupait quelques centaines des 13'000 places du Suhaim bin Hamad Stadium.
D’ailleurs, il est bien compliqué de trouver quelles sont les affluences des stades de la Qatar Stars League (QSL). Sur Transfermarkt, les tableaux d’affluences affichent majoritairement des zéros pour «données manquantes». Quelques recherches sur internet permettent tout de même de trouver quelques chiffres: 1168 spectateurs de moyenne la saison dernière pour Al Duhail et 1609 pour Al Sadd. Ce dernier a d’ailleurs remporté le prix «Best Fans» décerné par la ligue sur la base de son affluence moyenne. Mais aucun chiffre n’est cependant officiellement communiqué.
Malgré 26 degrés, il fait froid
Retour au match entre l'Al Arabi de Pablo Sarabia (ex-Séville et PSG) et l'Al Ahli de Julian Draxler (ex-Schalke, PSG et champion du monde 2014 avec l'Allemagne). Et là aussi, deux groupes similaires de fans sont présents dans l’immense stade Al Thumama. Chacun dispose de drapeaux aux couleurs du club qu’il supporte (avec conviction?), de tambours et chante. D’ailleurs, chaque «kop» semble tenir les mêmes refrains. Peu importe finalement: eux au moins se tiennent chauds en tapant des mains et en bougeant de gauche à droite. Car oui, la climatisation, installée pour la Coupe du monde 2022, était allumée. Et cela malgré une température tout à fait agréable de 25 degrés hors du stade à 19h30.
À la 20e minute de jeu, mon voisin éloigné, pas réchauffé par un match tout sauf intéressant, enfilait ainsi sa jaquette de peur de choper la crève. De mon côté, j'ai dû aller marcher quelques pas à la pause pour tenter de me réchauffer. L’occasion de découvrir le fanshop improvisé d’Al Arabi dans ce qui est normalement une des buvettes du stade. Puis débute la seconde période. Toujours sur le même rythme, toujours sans avoir grand-chose à se mettre sous la dent.
La fin de match a toutefois permis aux esprits – à défaut des corps – de se réchauffer avec plusieurs actions chaudes. À deux reprises, le gardien d’Al Ahli devait s’employer pour maintenir l’avantage d’un but de son équipe. Puis, au bout du temps additionnel, l’arbitre était appelé par la VAR pour revisionner une action. La tension montait d’un cran et il était finalement possible de voir quelques personnes prendre réellement à cœur ce qui se passait sur le terrain. L’homme en jaune douchait cependant les espoirs d’une partie d’entre eux en signifiant qu’il n’y avait pas de penalty à accorder. Et cela à l’aide d’un micro permettant aux personnes présentes d’entendre ses explications, ce qui est à saluer. Même s’il est bien évidemment plus simple lorsqu’il n’y a que 1342 spectateurs – décompte officiel – dans les gradins.