Pia Sundhage sera-t-elle toujours sur le banc de l'équipe de Suisse lors des qualifications pour le Mondial 2027, qui débutent en février prochain? Le mystère demeure mais la Suédoise a marqué des points importants dans sa quête de prolongation de contrat que l'ASF lui refuse pour l'instant. Pour rappel, il arrive à échéance à la fin de l'année et elle souhaite prolonger l'aventure à condition de bénéficier d'un assistant ou d'une assistante à 100% (pour le moment à 50%). L'Association suisse de football devrait annoncer sa décision durant le courant du mois prochain, mais avec le succès historique obtenu contre le Canada vendredi, la sélectionneuse a confirmé qu'elle avait réussi à mettre sur pied une véritable équipe. Sur le papier, il ne s'agissait pourtant que d'un match amical.
Le bilan de Pia Sundhage à la tête de la Nati n'était, du moins avant l'Euro, de loin pas reluisant. Avec notamment une relégation en deuxième division de la Ligue des nations, dans un groupe abordable (France, Norvège, Islande). Aucune victoire à son actif, alors que lors de la dernière campagne (Espagne, Suède, Italie), qui s'était également soldée par une chute au niveau inférieur, elle avait au moins réussi à battre les Scandinaves. Hasard du destin, c'était déjà à Lucerne, sur le plus petit des scores. La sélectionneuse de 65 ans se devait donc de prouver qu'elle est la femme de la situation. Et qu'après avoir dansé cet été lors d'un Euro enchanteur, les Suissesses avaient encore des fourmis dans les jambes.
«C'était important de gagner»
Tout au long de la semaine, les footballeuses helvétiques ont rappelé leur joie de se retrouver après ces trois mois de séparation et souligné les liens qui les unissait depuis qu'elles ont partagé ces incroyables émotions cet été. «Nous avons montré à l'Euro que nous sommes une équipe qui s'entend bien sur et en dehors du terrain. Qu'une joueuse soit titulaire ou qu'elle rentre en cours de jeu, chacune a confiance dans le fait que nous pouvons y arriver ensemble et gagner», avait résumé Riola Xhemaili en conférence de presse d'avant-match. Comme lors du Championnat d'Europe 2025, tout le monde a tiré à la même corde, n'économisant pas ses efforts pour aller chercher la victoire. La preuve de l'importance du résultat pour Pia Sundhage? Elle n'a effectué que quatre remplacements, sur les six autorisés pour ce match amical. Pourquoi? «Parce que les joueuses sur le terrain ont très bien joué, a-t-elle expliqué après la rencontre. C'était important de gagner.»
Sur le terrain, les joueuses ont montré qu'elles en voulaient, réussissant notamment une entame de match tonitruante. Dans la lignée de l'Euro, «c'est Alisha Lehmann qui a refait le discours d'avant-match et on a à nouveau gagné, donc elle ne va plus s’arrêter de les faire», a raconté Iman Beney à Blick. Un exemple de la bonne alchimie qui règne dans ce groupe. «Alisha parle avec le cœur et sait quoi dire pour nous motiver à fond», avait expliqué Viola Calligaris durant l'Euro. La méthode fonctionne toujours trois mois plus tard.
Bien sûr, pour tenir ce résultat, la Suisse a eu besoin, outre d'une excellente Livia Peng devant ses filets, d'une grosse dose de réussite, les Canadiennes touchant à deux reprises les montants helvétiques. «A la fin, on a eu beaucoup de chance que le ballon ne finisse pas au fond», a concédé Lia Wälti. Après cette entame de match brillante, la Nati a principalement subi le jeu. «Parfois, c'est difficile à expliquer, poursuit la capitaine. Je pense qu'on a un peu levé le pied. On n’a pas réussi à maintenir le même rythme qu’au début. Contre une telle équipe, c'était difficile. On a perdu les ballons trop rapidement et on a dû beaucoup défendre.» Mais elles ont tenu.
Il y a six mois, les Suissesses n’auraient très certainement pas remporté ce match. «Je pense que nous avons vraiment mûri pendant l’Euro, ajoute Lia Wälti. Nous avions beaucoup de joueuses qui n'avaient encore jamais disputé de grands tournois, qui sont encore très jeunes et qui ont pu acquérir une expérience précieuse. Cela nous donne de la sérénité et nous permet de défendre notre but à tout prix jusqu'à la dernière minute.» Tout le monde semble avoir adhéré au projet. «J'adorerais que cela continue pendant des années, a répété Pia Sundhage. Si vous regardez les jeunes joueuses, et même celles qui étaient sur le banc, il y a vraiment une bonne équipe.» La magie ne s'est pas dissipée. Et changer la cheffe d'orchestre alors que tous les violons sont accordés pourrait s'apparenter à une fausse note.