Etienne Zbaeren, 62 ans, musicothérapeute (Lausanne)
«J’ai une formation de musicien en percussions et guitare. Vers 35 ans, la précarité de ma vie de musicien m’a convaincu de me former en musicothérapie pour gagner décemment ma vie. Je travaille en psychogériatrie pour des personnes âgées et des personnes en fin de vie. Je suis très satisfait de ma situation. Je continuerai à travailler après mes 65 ans, d’une part parce que j’ai cotisé tardivement mais aussi et surtout parce que j’adore mon job. C’est presque plus une mission qu’un boulot. Je travaille à 80% pour pouvoir me produire encore sur scène, notamment avec mon groupe Acoustic Trip.»
salaire: 6500 francs brut, à 80%
Serge Perret, scénographe (Penthalaz)
«J’ai une formation de constructeur de bateaux et suis devenu scénographe de théâtre, mais aujourd’hui je construis surtout des décors pour les musées. J’ai fondé L’Illustre Atelier, à Penthalaz, et j’essaie de me payer un salaire de 5000 francs par mois, mais ce n’est pas toujours le cas, même si j’ai des clients fidèles. La concurrence est plus rude que jamais. Je m’efforce donc de baisser les charges et je viens d’investir dans une machine à impression verticale, un outil fantastique qui permet de créer des décorations murales sur toutes sortes de surfaces pour toucher une nouvelle clientèle.»
5000 francs brut
Isabelle Bonillo comédienne et metteuse en scène de théâtre (Lausanne)
«Je monte moi-même mes spectacles, ce qui demande énormément de temps. Préparation, apprentissage des textes, recherche de fonds... Tout ce temps n’est pas rémunéré à sa juste valeur, car le système a tendance à ne prendre en compte que le temps des répétitions et des représentations. Il y a des mois, très rares, où je touche 6000 francs. J’ai la chance d’avoir toujours beaucoup travaillé, mais il y a quand même des périodes de chômage qui me permettent d’arriver à une moyenne de 4000 francs par mois. J’aimerais être payée décemment. Mais ce n’est pas le cas.»
4000 francs brut
Michel Giauque, animateur délégué aux écoles à Pully (La Sarraz VD)
«J’anime des ateliers de développement personnel en milieu scolaire pour enfants et adolescents. Et j’écris et mets en scène des spectacles pour le jeune public. Je trouve que je gagne bien ma vie. Je peux offrir de belles vacances à ma famille par exemple. J’espère pouvoir travailler après 65 ans en conservant la responsabilité du Carrefour-Chansons, une comédie musicale dans laquelle jouent 350 jeunes, accompagnés par une trentaine d’enseignants et qui attire 3000 spectateurs pendant deux semaines au Théâtre de l’Octogone de Pully.»
8600 francs brut, à 80%, 13e salaire
Thierry Barrigue, dessinateur de presse retraité mais encore actif (Savigny VD)
«J’ai une retraite de 4539 francs par mois. Comme j’ai travaillé à Paris jusqu’à l’âge de 30 ans, j’ai perdu plusieurs années de cotisations au 2e pilier. Mais je suis encore sollicité et j’ai des mandats mensuels de 2000 francs en moyenne. Mes revenus grimpent donc vers 6439 francs. Et c’est pas fini! Comme j’ai publié passablement de livres, je reçois des droits d’auteur qui font gonfler mes revenus de retraité aux environs de 7500 francs par mois. J’estime que je m’en sors bien, d’autant plus que je fais un métier passion. Mais dans mes vingt-neuf belles années au Matin, l’addition de mon salaire et de mes mandats extérieurs me faisait gagner parfois jusqu’à 15 000 francs par mois. Je n’ai pas de tabou sur l’argent, car je trouve utile, notamment pour mes copains dessinateurs plus jeunes que moi, de savoir combien on peut gagner dans ce métier pour autant qu’on se fasse respecter professionnellement. Et c’est utile aussi pour faire progresser l’équité salariale, qui régresse aujourd’hui, à commencer par celle entre les femmes et les hommes. Enfin, je signale que je serai à Morges pour le festival 'Le livre sur les quais', où je dédicacerai mon nouveau livre, 'Pour en finir avec Barrigue, tome 1!' Tant que je suis assez en forme pour dessiner, je ne retirerai pas les doigts de la prise.»
7500 francs de retraite
Cet article a été publié initialement dans le n°29 de «L'illustré», paru en kiosque le 17 juillet 2025
Cet article a été publié initialement dans le n°29 de «L'illustré», paru en kiosque le 17 juillet 2025