Sergio Ermotti a de quoi savourer son vendredi matin. En début de séance, l’action UBS progresse de près de 5% et s’échange actuellement à 35,13 francs. Un tel niveau n’avait plus été atteint depuis 17 ans, soit depuis le début de la crise financière de 2008. Et pourtant, il y a moins de deux ans encore, de nombreux experts prédisaient que le titre UBS ne franchirait pas la barre des 30 francs tant que le différend avec la Confédération sur les exigences de fonds propres ne serait pas réglé.
Un fait demeure: le conflit n’est pas réglé. Mais les choses avancent. Une initiative transpartisane portée par des politiciens bourgeois influents propose d’assouplir les règles de capital prévues pour UBS. La banque pourrait ainsi satisfaire une partie des éventuelles exigences supplémentaires non pas avec des fonds propres coûteux, mais au moyen d’obligations AT1, moins onéreuses.
Rumeurs de délocalisation
En outre, les parlementaires souhaitent autoriser UBS à continuer de comptabiliser partiellement certains actifs immatériels – comme les logiciels ou les crédits d’impôt – dans son ratio de fonds propres. Un point que le Conseil fédéral entendait jusqu’ici supprimer. Parallèlement, la proposition comporte aussi des concessions aux critiques de la grande banque: l’activité de banque d’investissement devrait être clairement limitée afin de contenir les risques au sein du groupe. Sur les marchés, cette initiative est bien accueillie.
Dans l’état actuel des choses, UBS devrait en effet lever 23 milliards de dollars supplémentaires en fonds propres, conformément aux exigences de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter. Il s’agit de règles «too big to fail» plus strictes, conçues en réaction au rachat d’urgence du Credit Suisse en difficulté.
Cette proposition portée par Karin Keller-Sutter ne plaît, on le sait, pas du tout à la direction d’UBS. Ces derniers temps, des rumeurs de délocalisation ont ainsi refait surface à plusieurs reprises. Le président d’UBS, Colm Kelleher, se serait même entretenu à ce sujet avec le ministre américain des Finances de Donald Trump, Scott Bessent. Ces discussions confidentielles ont également suscité l’émoi aux États-Unis: la sénatrice démocrate Elizabeth Warren a d’ailleurs adressé cette semaine une lettre au président d’UBS à ce propos.