Un chiffre qui fait froid dans le dos: 100'000 décès pourraient être évité chaque année aux États-Unis si les plastiques ne contenaient pas de phtalates, des composés chimiques que l'on retrouve pourtant dans de nombreux emballages et objets du quotidien.
Ces phtalates sont considérés comme des perturbateurs endocriniens nocifs pour la santé, mais le lien direct entre une exposition à ces produits et des décès dus à des maladies cardiovasculaires ou à des cancers aux Etats-Unis n'avait pas encore été établi de manière certaine, indique l'étude de l'école de médecine Grossman de l'université de New York, publiée dans la revue Environmental Pollution.
Les chercheurs ont analysé les effets de l'exposition aux phtalates sur une population de 5303 adultes de plus de 20 ans.
L'étude et les analyses biologiques (notamment d'urine) des participants se sont déroulées entre 2001 et 2010, avant que ne soient décortiquées les statistiques de mortalité jusqu'à la fin de 2015.
Risque accru de maladie cardiaque
Les analyses de données ont été extraites en juillet 2020.
En «extrapolant (les résultats) à la tranche d'âge de la population américaine de 55 à 64 ans, nous avons identifié 90'761 à 107'283 décès attribuables» à l'exposition aux phtalates, explique l'étude.
«Nos conclusions montrent qu'une plus grande exposition aux phtalates est liée à une mort prématurée, en particulier de maladie cardiaque», a estimé l'un des auteurs, Leonardo Trasande, cité dans un communiqué.
«Jusqu'à présent, nous savions que les produits chimiques provoquaient des maladies cardiovasculaires, lesquelles sont une des premières causes de décès. Mais nous n'avions pas encore lié directement ces produits chimiques à la mortalité», a ajouté le scientifique de l'université de New York, signataire de ces travaux avec deux collègues de l'université de l'Iowa, Buyun Liu et Wei Bao.
Les chercheurs ont aussi calculé le coût économique de ces décès prématurés pour les Etats-Unis, en termes de perte de productivité: «de 39,9 à 47,1 milliards de dollars par an», selon eux.
«D'autres études devront corroborer ces observations et identifier les mécanismes (à l'oeuvre), mais les autorités régulatrices doivent agir de manière urgente», plaide l'étude de l'université de New York.