Le circuit du SailGP fera étape pour la première fois à Genève les 20 et 21 septembre. L'équipage suisse, qui a progressé dans la hiérarchie cette saison, affiche ses ambitions.
Lancé en 2019 par Larry Ellison, co-fondateur de la firme américaine Oracle, et Russell Coutts, ancien skipper quatre fois vainqueur de la Coupe de l'America - dont l'édition 2003 avec Alinghi -, le SailGP a l'ambition de populariser un sport pas toujours facile à suivre ni particulièrement télégénique. Pour y parvenir, la «Formule 1 des mers» - la comparaison est assumée - propose une recette qui a fait ses preuves.
Douze équipes représentant chacune un pays, une dizaine de Grand Prix à travers le globe, des bateaux strictement identiques à chaque équipage pour garantir un maximum d'équité et, surtout, beaucoup de spectacle. Les catamarans à foils F50, descendants des AC50 utilisés lors de l'édition 2017 de la Coupe de l'America, peuvent en effet dépasser les 100 km/h lors de courtes mais intenses régates où les collisions font partie du jeu.
Un F1 «boosté»
«C'est comme un Grand Prix de F1 mais 'boosté', avec davantage de dépassements et de suspense», détaille Sébastien Schneiter, pilote d'un équipage helvétique qui a rejoint le circuit en 2022. Le Genevois de 29 ans, diplômé olympique en 2024 dans la catégorie 49er (8e, avec Arno de Planta), emmène une jeune formation suisse aux dents longues.
Ils sont sept à faire partie du team, six titulaires et un remplaçant. Parmi eux, Maud Jayet, 4e des derniers JO en Laser, occupe le rôle primordial de tacticienne. «Je suis en quelque sorte les yeux du bateau», explique la Lausannoise de 29 ans. «J'observe ce que Sébastien (Schneiter) ne peut pas voir, je garde l'oeil sur l'évolution du vent pendant le parcours et sur le trafic pour éviter toute collision.»
Une saison plus compliquée
Après une première saison d'apprentissage prometteuse bouclée à la 8e place (sur 9) en 2022/23, l'équipage helvétique a connu un exercice 2023/24 plus compliqué (10e et dernier). Mais il semble avoir franchi un cap cette saison, comme en témoigne cette première manche finale (les trois meilleures équipes des régates initiales s'affrontent pour la gagne) disputée lors du GP de Portsmouth en juillet.
«Nos concurrents nous voient différemment depuis cette étape», assure Sébastien Schneiter, qui mesure pleinement la chance de pouvoir affronter plusieurs fois par an les meilleurs navigateurs du monde. «C'est le rêve de tout athlète de se battre contre des Tom Slinsgby (réd: skipper de l'équipe australienne, tacticien du Team Oracle vainqueur de la Coupe de l'America 2013) ou des Peter Burling (réd: skipper de l'équipe néo-zélandaise, triple vainqueur de la Coupe de l'America).»
Une équipe durable
La formation suisse de SailGP veut avant tout s'installer durablement au sein d'un circuit dont l'avenir semble assuré après ces cinq premières saisons. «On espère que l'équipe va durer à travers plusieurs générations et qu'un jeune skipper suisse puisse prendre ma place à bord d'ici quelques années», déclare Sébastien Schneiter.
Pour tenter de séduire les jeunes adeptes suisses de voile, le SailGP fera donc étape pour la première fois à Genève les 20 et 21 septembre. Sur leur bateau «surpuissant», capable d'atteindre des vitesses quatre fois supérieures à celle du vent, les navigateurs suisses rêvent de remporter leur première victoire à domicile.
Les AC50 du SailGP vogueront par ailleurs pour la première fois sur un plan d'eau douce. Ce qui pourrait être un avantage pour ces Suisses qui ont tout appris sur les eaux du Léman n'est pas sans risque pour les organisateurs. Ces derniers espèrent vraiment que le vent soufflera suffisamment pour que les spectateurs puissent profiter de ce spectacle de haute voltige.