Lorsque le tirage au sort des groupes de la Coupe du monde de football 2026 aura lieu vendredi dans la capitale américaine, Washington, le président américain Donald Trump sera également présent. C’est ce que confirmait la Maison Blanche lundi dernier.
Le président américain profite ainsi de la scène offerte par le plus grand événement footballistique du monde. Les fans feraient bien de s’habituer à cette vue. Il devrait s’agir d’un avant-goût de la phase finale de l’été prochain.
Il est possible que Trump soit récompensé dès cette semaine lors de l’événement de la FIFA. La fédération internationale remettra alors son nouveau prix de la paix. Après avoir raté le prix Nobel de la paix, Trump fait figure de favori pour ce titre, d’autant plus que ses relations avec le président de la Fifa, Gianni Infantino, peuvent être qualifiées de proches. Le Haut-Valaisan a déjà été invité à plusieurs reprises à la Maison Blanche durant le deuxième mandat de Trump.
Un chef d’État gagnant un prix décerné par une fédération sportive? Ce ne serait qu’un indice supplémentaire de la manière dont le sport et la politique se mêlent sous l’ère Trump – et de la manière dont le président américain lui-même tente d’influencer les décisions du monde sportif. Un aperçu de la situation.
Bien avant son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump s’était déjà distingué dans le monde du sport en tant que meneur d’hommes et investisseur. En 1983, il est devenu propriétaire de l’équipe de football américain des New Jersey Generals (dissoute deux ans plus tard) et une course cycliste, le Tour de Trump, a porté son nom pendant deux ans. Durant cette période, il assistait également régulièrement à des événements sportifs en tant que spectateur.
Cela n’a pas changé durant sa présidence : rien que cette année, il a assisté, entre autres, au Super Bowl, à la finale de la Coupe du monde des clubs de football, à la Ryder Cup et à l’US Open – à chaque fois de manière très médiatisée. Selon les médias américains, il s’agit d’une stratégie politique : ces apparitions attirent beaucoup l’attention sur le président américain et lui permettent d’entrer en contact avec le public sans filtre.
Dans le monde du sport, l’engagement de Trump ne fait pas toujours l’unanimité: lors de son premier mandat, de nombreux joueurs de la NFL ont protesté contre les déclarations et la politique du président américain en s’agenouillant lors de l’interprétation de l’hymne national. Il s’agissait d’un prolongement des protestations initiées en 2016 contre le racisme et la violence policière. Trump a vivement réagi: «Lors de l’hymne national, tu dois te tenir fièrement debout. Sinon, tu ne devrais pas matcher, tu ne devrais pas être là, tu ne devrais peut-être même pas être dans le pays». Le message politique est clair : pour Trump, le sport doit servir de scène à la force et au patriotisme – et non de lieu de protestations dirigées également contre lui.
Le football est un atout aux États-Unis. C’est pourquoi Trump s’exprime régulièrement sur les thèmes de la NFL et touche ainsi des millions de personnes. L’équipe des Washington Commanders est l’un des principaux points de discorde. Trump s’est opposé au changement de nom de la franchise en 2022, des «Redskins» politiquement controversés au surnom actuel. Pour faire annuler ce changement, le président américain menace ouvertement: «Je ne ferai alors pas d’accord pour la construction d’un stade à Washington». Ce n’est que par une décision du prédécesseur de Trump, Joe Biden, que le terrain sur lequel le Commanders Stadium devait être construit a été transféré à la ville et rendu accessible pour la construction du stade.
Une raison suffisante pour Trump de revendiquer le nom du stade: le président américain veut donner son nom à la nouvelle arène. «Ce serait un beau nom, puisque c’est le président Trump qui a rendu possible la reconstruction du nouveau stade», écrit Karoline Leavitt (28 ans), porte-parole de la Maison Blanche, à la demande de la chaîne de télévision américaine ESPN.
C’était l’une des promesses électorales de Trump: par un décret, il interdirait aux femmes trans de participer à des événements sportifs féminins aux États-Unis. En février 2025, il signe une disposition en ce sens en se référant à l’équité sportive. Alors que les critiques considèrent cette exclusion comme une partie importante de la campagne anti-LGBTQ de Trump, l’exemple fait également école auprès des grandes fédérations sportives. Ainsi, la FA, la puissante fédération anglaise de football, impose une règle similaire au printemps. Et le Comité international olympique prévoit lui aussi, à l’instar de Trump, d’interdire à l’avenir aux femmes transgenres de participer aux catégories féminines.
Près de 80 matches de la Coupe du monde de football 2026 auront lieu aux États-Unis – un projet de prestige mondial, y compris pour le président. Lors de l’attribution en 2018, Trump s’est assis pour la première fois à la Maison Blanche et a apparemment aussi mis la main à la pâte: comme l’écrit le portail sportif américain The Athletic, le gendre et conseiller de Trump, Jared Kushner, aurait joué un rôle important de médiateur et d’interlocuteur, y compris pour la Fifa et les fédérations nationales de football, lors du processus de candidature.
Son intention : démontrer par le succès de la candidature l’habileté de l’administration Trump à négocier. Parallèlement, la Coupe du monde offre à Trump la possibilité de présenter les États-Unis comme un pays accueillant et ouvert sur le monde, malgré sa politique protectionniste à l’égard de l’extérieur – contrairement à ses différends commerciaux menés à la hussarde avec des droits de douane élevés avec de nombreux États, y compris les co-organisateurs, le Mexique et le Canada. Et aussi contrairement aux dispositions d’entrée américaines parfois strictes: cet été, Trump a notamment imposé une interdiction totale d’entrée à Haïti et à l’Iran, qui participent à la Coupe du monde. Les supporters de ces pays ne seront donc guère présents sur place en 2026. Cela risque également d’être difficile pour certains fonctionnaires : Mehdi Taj (65 ans), président de la fédération iranienne de football, n’a pas obtenu de visa pour le tirage au sort de vendredi, raison pour laquelle l’Iran boycotte désormais totalement l’événement.
Sur le plan de la politique intérieure, Trump tente ainsi d’instrumentaliser la Coupe du monde. Il menace ainsi les grandes villes organisatrices de retirer les matches en raison de leur criminalité prétendument galopante et place ainsi la Coupe du monde au cœur de sa lutte pour le pouvoir avec des métropoles gouvernées par des démocrates comme Boston et Los Angeles. Lutte dans laquelle il n’hésite pas à faire intervenir la garde nationale.