La Coupe du monde d’escalade sur glace aura lieu fin janvier à Saas-Fee, dans le Haut-Vaials. Mais Wendy Holdener et ses collègues du slalom préfèrent, elles, descendre plutôt que grimper — même sur une surface gelée. «Ce que le domaine skiable de Saas-Fee et nos entraîneurs nous permettent de faire ici, c’est génial», s’enthousiasme-t-elle.
Lundi, l’entraîneur technique Jörg Roten et ses collègues ont arrosé pendant quatre heures la piste de Längfluh, située à près de 3000 mètres d’altitude, à l’aide de 25 tuyaux d’incendie raccordés entre eux. Un véritable travail de titan. «C’est le seul moyen de s’entraîner correctement. Pendant la nuit, l’eau s’est infiltrée, elle a gelé, et maintenant nous avons des conditions idéales», explique Jörg Roten.
Blick s’est rendu sur place. Pour atteindre la pente d’entraînement, il faut enchaîner petites et grandes cabines, puis emprunter le «métro alpin». Suit encore la traversée jusqu’à la Längfluh. Ici, Swiss-Ski bénéficie d’une exclusivité: aucune autre équipe n’est admise. Même le télésiège fonctionne uniquement pour les membres des équipes suisses de Coupe du monde et de Coupe d’Europe — les touristes, eux, sont dirigés ailleurs.
«Selon l’Office fédéral du sport, notre installation est reconnue comme site d’importance nationale dans le cadre du contrat NASAK. Nous recevons un soutien financier en conséquence. En retour, l’équipe suisse dispose de certains privilèges, même si notre station n’a pas le prestige de Zermatt, par exemple», détaille Simon Bumann, directeur des remontées mécaniques.
Pour la championne du monde de slalom Camille Rast (27 ans), cette possibilité d’entraînement est inestimable: «C’est extrêmement précieux de pouvoir travailler ainsi. J’ai encore un peu de gêne à la hanche depuis ma chute de l’an dernier, mais les temps sont bons. J’espère que tout cet effort portera ses fruits lors des courses.»
«Cela n’aurait pas de sens à Levi dans ces conditions»
En théorie, les slalomeuses suisses devraient actuellement s’entraîner 2600 kilomètres plus au nord — à Levi, en Finlande. Mais les températures trop douces en Laponie ont retardé la préparation de la piste avant le slalom du 15 novembre. Swiss-Ski a donc choisi de rester en Suisse. «Nous partirons plus tard, car dans l’immédiat, cela n’aurait pas de sens là-bas. Ici, nous avons un mélange de neige naturelle et artificielle, préparée avec de l’eau: exactement ce que nous recherchions», explique l’entraîneur en chef Beat Tschuor.
Le slalom de Levi n’est pas menacé: le froid devrait bientôt s’installer — un froid glacial même. En attendant, s’exercer sur la pente de Saas-Fee, similaire dans sa configuration à celle du Grand Nord, est une aubaine. Ni trop raide ni trop douce, elle comporte plusieurs ruptures de pente: un vrai terrain de simulation. Levi 2.0 en Valais? «Exactement! Les conditions sont vraiment top», sourit Wendy Holdener.
Après une modeste 30e place à Sölden, la Schwytzoise aborde avec impatience les premiers slaloms de la saison — pas moins de trois sont prévus d’ici la fin novembre. Sa priorité: être «haute et étroite» sur ses skis. «Dans cette position, je suis plus agile, je peux réagir vite et dessiner la ligne la plus rapide.»
À la recherche du bon feeling sur terrain plat
À Saas-Fee comme plus tard à Levi, un point reste crucial: Wendy Holdener et ses coéquipières doivent à la fois pousser sur la neige et skier proprement. C’est la seule manière d’aller vite. «Certaines y arrivent naturellement, d’autres ont besoin de nombreuses courses pour trouver le bon feeling , note Heini Pfitscher, chef de groupe. Et à qui pense le technicien tyrolien?
À Mélanie Meillard, sans doute: la Valaisanne de 27 ans est une spécialiste des terrains plats — son toucher est unique. L’an dernier, elle avait terminé 7e à Levi. Camille Rast, elle, préfère les pentes plus raides, mais avait surpris tout le monde en décrochant la 5e place. Quant à Wendy Holdener, elle allie les deux qualités: déjà quatre podiums à Levi à son actif — sous les projecteurs, même en plein jour.
Peter Schröcksnadel, un actionnaire discret
Retour sur la Längfluh. En ce mardi ensoleillé, une vingtaine d’accompagnateurs entourent les dix athlètes présentes: entraîneurs, physiothérapeutes, techniciens de matériel. Deux parcours de slalom ont été tracés, chacun avec un départ, deux temps intermédiaires et une arrivée. L’équipe filme, analyse, discute — rien n’est laissé au hasard.
De nombreuses nations ne peuvent que rêver d’un tel encadrement. Certaines seraient déjà heureuses de pouvoir s’entraîner sérieusement quelque part. D’où la question, inévitable, à Saas-Fee: et les Autrichiennes, dans tout ça? Après tout, Peter Schröcksnadel, l’ancien patron tout-puissant du ski autrichien, est l’actionnaire principal des remontées mécaniques. «Le tollé avait été grand lorsqu’il est entré au capital. Mais Peter nous laisse gérer librement. Nous traitons toutes les équipes de la même manière», assure Simon Bumann.
« Ce calme, c’est un privilège »
L’entraînement bat son plein. Chaque athlète enchaîne entre cinq et sept manches. Rien n’échappe à l’œil attentif de Mirena Küng, ancienne spécialiste de vitesse devenue entraîneuse en Coupe d’Europe. Elle encadre surtout les jeunes. «Nous travaillons de façon très individuelle, en abordant les aspects tactiques et techniques. Pouvoir faire tout cela dans un tel calme, c’est un vrai privilège», souligne-t-elle.
Après trois heures d’efforts, la séance sur le glacier s’achève. Direction le déjeuner, avant la musculation, les analyses vidéo et le dîner. Et le lendemain? Tout recommence. «J’ai déjà hâte», sourit Wendy Holdener.