Le vice-champion du monde Thomas Tumler ressent un drôle de sentiment avant le coup d’envoi de l’hiver olympique. «Même si j’ai pu rivaliser avec Marco Odermatt lors des derniers entraînements, j’ai un peu peur qu’un athlète d’une autre équipe ait tellement progressé cet été qu’il nous prenne huit dixièmes par manche», confie le Grison de 35 ans.
À mi-parcours du géant de Sölden, il apparaît vite qu’aucun nouveau prodige ne menace. Marco Odermatt mène devant les Autrichiens Marco Schwarz et Stefan Brennsteiner, tandis que Thomas Tumler pointe à la quatrième place intermédiaire. Lors de la deuxième manche, retardée d’une heure à cause de la neige, du vent et de la visibilité réduite, le Grison entend bien débuter la saison sur le même rythme que la précédente, couronnée d’un doublé suisse à Sun Valley avec Loïc Meillard vainqueur devant Marco Odermatt.
La piste piège des «Rolling Stones»
Mais la piste du glacier d’Ötztal se montre impitoyable. «J’ai attaqué à fond, mais dans la pente raide, mon ski glissait sans cesse. Je ne comprenais pas pourquoi, jusqu’à ce que je voie après la course que ma carre était complètement détruite. J’ai visiblement skié sur une pierre!» Thpmas Tumler doit se contenter de la 16e place finale, le cœur gros.
Marco Odermatt rattrape les légendes
Avant la deuxième manche, Marco Odermatt analyse encore Marco Schwarz, à un centième de seconde de lui au classement intermédiaire. «Blacky m’a pris une demi-seconde dans la dernière section de la première manche. Pour éviter que cela ne se reproduise, je devais étudier chaque détail.» En conclusion, le quadruple vainqueur du classement général comprend qu’il a freiné trop tôt sur la dernière virage.
Lors de la manche décisive, dans des conditions particulièrement difficiles, Marco Odermatt perd quelques centièmes au départ, mais maîtrise la pente raide à la perfection. Cette fois, il gère mieux la dernière section et s’impose devant Marco Schwarz et le Norvégien Atle Lie McGrath, troisième, avec plus de deux dixièmes d’avance. Sa 46e victoire en Coupe du monde le place au même rang que Marc Girardelli dans le classement historique. «C’est incroyable de me retrouver au même niveau qu’un athlète aussi exceptionnel qu’Odermatt», souligne le Luxembourgeois à Blick. «Cette manche était presque impossible et rend la victoire encore plus précieuse. Marco skie comme sur des rails, même avec une visibilité réduite.»
L’importance de l’entraînement mental
Après ce succès difficile, Marco Odermatt révèle avoir investi davantage dans l’entraînement mental ces dernières semaines. «Les journalistes me demandaient sans cesse si j’avais encore faim après tous ces succès et comment je restais motivé. J’ai pris ces questions très au sérieux.» Pour trouver les bonnes réponses, il s’est appuyé sur sa coach mentale de longue date, Monika Wicki-Hess, cousine de la sextuple championne du monde Erika Hess. À Sölden, Marco Odermatt a tenu à lui transmettre ses salutations spéciales lors de son interview à la télévision alémanique.
La colère du chef alpin
Malgré ce triomphe, la situation globale du camp suisse inquiète. Marco Odermatt a sauvé la nation en Autriche: seul le champion du monde de slalom Loïc Meillard figure dans le top 15, à la 14e place. Hans Flatscher, chef de Swiss Ski Alpin, tire la sonnette d’alarme pour les autres: « Livio Siomonet et Fadri Janutin ont pris le départ avec des numéros au-dessus de 50, donc on ne pouvait pas forcément espérer une qualification dans le top 30. Mais je suis mécontent, car ils ont échoué de manière trop nette.» Le talent zougois Lenz Hächler et Sandro Zurbrügg ont eux aussi été éliminés.