Un accord à plusieurs millions
Marco Odermatt & Cie ont un avantage de taille sur la concurrence

Tout porte à croire que les stars du ski suisse vont continuer à creuser l'écart avec la concurrence dans les mois à venir. Dernier exemple en date: un accord de plusieurs millions conclu par Swiss Ski avec la station de Zermatt.
Publié: 07:58 heures
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Le CEO de Swiss Ski Walter Reusser a été confronté à quelques critiques l'hiver dernier, malgré de probants succès.
Photo: Sven Thomann
Marcel Perren

Difficile à croire, mais c'est pourtant vrai. L'hiver dernier, le patron de Swiss Ski, Walter Reusser, a été violemment attaqué, malgré les nombreux succès des Odermatt, von Allmen, Meillard et compagnie. Mais les problèmes ne sont pas venus des pistes. C'est le deal passé par le dirigeant avec Franz Julen, l'homme d'affaires de Zermatt, qui a fait l'objet de discussions très controversées au siège de la fédération.

Prenons les choses dans l'ordre. En 2024, lorsque la Fédération internationale de ski (FIS) a annoncé supprimer la descente à Zermatt-Cervinia du calendrier de la Coupe du monde, Julen, président du conseil d'administration des Remontées mécaniques de Zermatt, a lancé une violente contre-attaque. Il a interdit l'entraînement sur le glacier à tous les skieurs de Coupe du monde et de Coupe d'Europe.

Le président de la FIS, Johan Eliasch, a rapidement compris qu'une interdiction d'entraînement à long terme sur les pistes de la région du Cervin aurait des conséquences désastreuses. Il a donné aux Zermattois, en collaboration avec Swiss Ski, une garantie écrite que des courses de Coupe du monde pourraient être organisées sur la descente rénovée du Gornergrat à partir de la saison 2027/2028 jusqu'en 2033/2034 (les dernières clarifications concernant la faisabilité sont en cours).

Fort de l'assurance des fédérations, Franz Julen était prêt à lever l'interdiction de s'entraîner pour l'élite sur le glacier du Théodule.

Les descendeurs autrichiens pénalisés

Afin que les Suisses puissent déterminer qui peut se préparer à l'hiver et quand sur la seule piste de descente estivale d'Europe, Walter Reusser, qui partage le poste de CEO avec Diego Züger, a conclu un accord exceptionnel avec Julen : Grâce à un contrat de plusieurs dizaines de millions, Swiss Ski s'est assuré les droits de gestion de ce domaine skiable d'entraînement jusqu'en 2034.

La construction de l'infrastructure d'entraînement, la préparation et la sécurisation des pistes ainsi que le transport du matériel et du personnel continueront à relever de la compétence des spécialistes des remontées mécaniques de Zermatt. «Il est vrai qu'avant la signature de ce contrat, j'ai été confronté à quelques critiques», avoue Walter Reusser.

«Mais j'ai toujours posé la même question en retour à mes détracteurs: 'Où voulez-vous vous entraîner en été s'il fait trop chaud en Amérique du Sud?'» Les dernières prévisions météorologiques indiquent que l'accord controversé de Reusser avec Zermatt s’avérera bénéfique pour Swiss Ski. Dans la station de ski chilienne de La Parva, où les descendeurs autrichiens, entre autres, souhaitent s'entraîner à partir de la semaine prochaine, il fait actuellement beaucoup trop chaud pour skier.

Petites nations favorisées

Au Colorado, le groupe composé de Marco Odermatt, Thomas Tumler ou Justin Murisier est également en difficulté pour préparer ses entraînements. Mais alors que chez les Autrichiens, la recherche désespérée d'une alternative à La Parva a commencé, les Suisses ont de quoi être bien plus sereins grâce à l'accord de Zermatt.

«Les conditions que nous avons trouvées lors de l'entraînement de slalom géant la semaine dernière sur le glacier de Zermatt étaient vraiment excellentes», s'enthousiasme Marco Odermatt. Walter Reusser enchaîne: «Grâce au travail exceptionnel que Martin Hug, le nouveau CEO des Remontées mécaniques de Zermatt, a fourni avec son équipe au cours des dernières semaines, la piste de descente sur le glacier du Théodule n'a jamais été praticable aussi tôt».

Une chose est sûre: les rivaux autrichiens ne pourront pas s'entraîner sur la piste de descente de Zermatt dans les mois à venir. «À partir d'octobre, seules les équipes suisses s'entraîneront sur cette piste, précise Walter Reusser. En août/septembre, nous avons proposé la piste à des équipes internationales pendant douze jours. Mais comme aucune des nations leaders n'a voulu la réserver pendant cette période, nous la mettons désormais à la disposition de ce qu'on appelle les small nations de la FIS».

Réaction ironique en Autriche

L'entraîneur de descente autrichien, Andi Evers, réagit avec humour au fait que la région du Cervin lui soit défavorable par rapport aux petits pays comme l'Estonie, le Liban ou Chypre: «Bien que nous n'ayons pas eu beaucoup de succès ces dernières années, nous ne pouvons tout de même pas encore tout à fait faire valoir notre statut de small nation

Mais pourquoi les Autrichiens n'ont-ils pas placé de demande de réservation lorsque Swiss Ski a proposé la piste pour douze jours en août/septembre? «Cette offre de Swiss Ski n'est arrivée qu'en mai, précise le dirigeant voisin. Pour ma part, j'avais déjà réservé la piste au Chili en avril».

Les descendeurs autrichiens n'ont donc pas de bonnes conditions pour rattraper leur retard sur le ski suisse au moment de préparer l'hiver olympique.

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