Alexis Monney sort de plusieurs semaines difficiles. Lors des six premières courses de vitesse, le vainqueur de l’an dernier à Bormio n’a jamais fait mieux que neuvième. Ce sont surtout les courses de Val Gardena qui ont entamé sa confiance (12e en super-G, éliminé en descente). «Peu importe ce que j’ai essayé sur la Saslong, ça n'a pas marché. Et quand j’ai vu la piste avec cette neige extrêmement sèche à Livigno, j’ai craint qu’il m’arrive exactement la même chose ici.»
Mais son serviceman Sepp Lauber a tiré les bonnes conclusions après Val Gardena et adapté les réglages. Une course sans faute ce samedi, associée au bon matériel, permet à Alexis Monney de se classer deuxième derrière l’Autrichien Marco Schwarz lors de la première course de Coupe du monde à Livigno, en Italie. «Je suis très heureux, même si cela me frustre un peu, car il ne me manque que deux dixièmes pour remporter la victoire», déclare le skieur de 25 ans, médaillé de bronze lors de la dernière descente des championnats du monde.
Le père d'Alexis Monney, Louis, ancien entraîneur de Didier Cuche à la fin des années 1990 et artisan de son accession au sommet mondial, analyse la performance avec une précision quasi radiographique: «Alexis a réalisé cette belle performance sans être à la limite. Cela me rend particulièrement confiant pour les courses à venir.»
Marco Odermatt creuse l'écart malgré sa quatrième place
Cinq centièmes derrière Alexis Monney, le champion du monde de descente Franjo von Allmen prend la troisième place. Le Bernois de l’Oberland, tombé lors des super-G de Beaver Creek et de Val Gardena, s’en sort bien. «Après mes deux éliminations, je suis très satisfait de ce résultat. Si j’avais été un peu plus tactique dans la dernière partie, il aurait probablement été possible de faire encore mieux.»
Bien que Marco Odermatt, quatrième, manque le podium pour quatre centièmes, il réalise une excellente opération dans la lutte pour le petit globe du super-G. Comme ses dangereux rivaux autrichiens Vincent Kriechmayr et Raphael Haaser ont été éliminés dans la pente d’arrivée, Marco Odermatt porte son avance à 50 points au classement de la discipline.
La préparation à cette course a toutefois été loin d’être idéale pour le quadruple vainqueur du classement général de la Coupe du monde. «Marco n’a pratiquement pas dormi pendant deux nuits, gêné par un rhume», explique le physiothérapeute Rene van Engelen. Marco Odermatt relativise: «En arrivant à Livigno, je ne me sentais pas vraiment bien, mais le jour de la course, tout s’est passé tip-top. Et sans deux erreurs, j’aurais certainement pu faire encore mieux.»
Livigno a-t-elle sa place au calendrier?
La question se pose de savoir si le super-G de Livigno doit continuer à figurer au calendrier de la Coupe du monde. «Cette piste n’est pas comparable à la très difficile Stelvio de Bormio. Elle est aussi plutôt courte, avec un temps de course d’environ une minute et dix secondes», estime Franjo von Allmen. «Mais j’ai pris du plaisir à skier ici. La piste s’est mieux développée que je ne l’imaginais après la reconnaissance. Et si l’on pouvait partir un peu plus haut et bénéficier d’une neige mieux préparée, Livigno pourrait devenir un site très intéressant pour la Coupe du monde.»
Des annonces claires
Par «meilleure préparation», Franjo von Allmen entend surtout davantage d’eau. Mais comme la FIS a déjà renoncé à geler la piste lors de précédentes courses, tout porte à croire que la Fédération internationale de ski suit une nouvelle tendance. Peut-on pour autant réduire le risque de blessures avec moins de glace?
Marco Odermatt n’y croit pas: «La course sur cette surface était incontestablement fair-play. Mon copain Marco Kohler s’est classé onzième avec le dossard 49. Mais je crains davantage une neige agressive comme ici à Livigno qu’une bonne piste de glace. Le ski intérieur s’use beaucoup plus vite dans de telles conditions, et je ne pense donc pas que cela réduise le nombre de blessures.»
Franjo von Allmen renchérit: «Ces pistes non arrosées sont complètement folles! Si l’on veut une course équitable du début à la fin, une piste préparée avec de l’eau est bien moins dangereuse qu’une piste non verglacée où des trous apparaissent toutes les deux portes.»
Alexis Monney partage cet avis: «Il est important qu’en Coupe du monde, nous ayons le plus possible de courses au caractère différent. Si nous ne courions plus que sur une neige aussi agressive, je ne trouverais pas cela positif. Sans pistes de glace comme autrefois à Bormio ou Kitzbühel, le spectacle ne serait plus le même.»
L’expert autrichien Hans Knauss va dans le même sens, tout en défendant le travail de l’équipe de Livigno: «D’après mes informations, la piste a bien été arrosée, mais l’eau s’est immédiatement asséchée.»