Après la première manche du géant sur la face ultra-raide de Bellevarde à Val-d'Isère (France) ce samedi, un triomphe suisse semble complètement irréaliste. Marco Odermatt et Loïc Meillard occupent respectivement les 4e et 5e places derrière l'Autrichien Stefan Brennsteiner et les Norvégiens Henrik Kristoffersen et Timon Haugan, tandis que Luca Aerni se classe 13e.
Lucas Aerni signe le premier coup d'éclat de la deuxième manche. Le champion du monde de combiné 2017 réalise un temps magique, que seul son copain valaisan Loïc Meillard a pu battre. Dans cette phase finale de la course, le quatuor de tête souffre de la dégradation de la lumière et de la piste. Henrik Kristoffersen est relégué à la onzième place, Timon Haugan tombe à la quatrième et Stefan Brennsteiner à la cinquième. Comme la superstar Marco Odermatt gagne une position malgré ses erreurs, l'équipe masculine de Swiss-Ski enregistre son troisième triplé en Coupe du monde de géant. En 1983, Pirmin Zurbriggen avait triomphé à Adelboden, devant Max Julen et Jacques Lüthy. L'hiver dernier, à Hafjell (Norvège), Loïc Meillard, Marco Odermatt et Thomas Tumler avaient imité les glorieux aînés.
Il y a moins de trois semaines, Loïc Meillard était complètement déstabilisé. Après avoir terminé deuxième du classement général de la Coupe du monde derrière Marco Odermatt ces deux dernières années, le Valaisan d'origine neuchâteloise a complètement raté son début d'hiver. Lors des sept premières courses, il n'a pas pu dépasser la 14e place. Après sa 18e place au géant de Copper Mountain (Etats-Unis), le skieur de 29 ans s'est plaint: «Je n'ai pas de vitesse et je ne sais pas pourquoi» Stéphane Mougin, chef de course chez Rossignol, l'équipementier de Loïc Meillard, avait alors clairement indiqué que la préparation de la saison de son plus grand espoir ne s'était pas déroulée de manière optimale: «Comme Loïc voulait ménager son dos sensible, il a parcouru beaucoup moins de kilomètres d'entraînement avec ses skis cet été et cet automne que l'année précédente. Il est bien possible que ce soit justement ce volume d'entraînement qui lui manque actuellement».
Après Copper Mountain, le champion du monde de slalom a pu intégrer un bloc d'entraînement correct pour la première fois depuis longtemps, puis il a enregistré son premier classement dans le top 10 lors du géant de Beaver Creek (Etats-Unis). De retour d'Amérique du Nord, Loïc Meillard s'est encore entraîné deux jours en géant avant de poursuivre son voyage vers Val-d'Isère. Chez lui à Hérémence, il a pu très bien simuler la course sur la Face de Bellevarde. «Loïc s'est rendu compte qu'avec une neige aussi agressive que celle de Val-d'Isère, il devait adapter un peu sa technique», explique son entraîneur Matteo Joris. Une stratégie qui a permis à ce banquier de formation de fêter sa huitième victoire en Coupe du monde sur la piste des championnats du monde de 2009. «Cette victoire est incroyablement belle. Si j'avais fini quatrième, j'aurais aussi été content», a-t-il avoué.
Du golden boy acclamé à l'anonymat! Voilà comment symboliser l'évolution que Luca Aerni a connue entre 2017 et 2023. Après avoir remporté la médaille d'or en combiné lors des Championnats du monde à Saint-Moritz et la deuxième place lors de la classique de slalom à Madonna di Campiglio (Italie) en 2017, ce fin technicien ne s'est classé que huit fois dans le top 10 en slalom jusqu'à l'hiver dernier. La raison principale a été identifiée: Lucas Aerni a longtemps été freiné par de violentes douleurs dorsales. De plus, le réglage du matériel n'était pas toujours optimal.
Depuis, le Valaisan a réussi à maîtriser ces deux problèmes. Mais l'ancien spécialiste du slalom a désormais plus de succès en géant. Et la face sélective de Bellevarde semble particulièrement convenir au natif de Grosshöchstetten, qui réside désormais à Crans-Montana. L'année dernière, il s'y était classé quatrième. Aujourd'hui, le skieur de 32 ans a réalisé son premier podium en géant sur la piste conçue par Bernhard Russi. Lucas Aerni aurait peut-être même gagné cette course s'il n'avait pas commis une grosse erreurs lors de la première manche, juste avant l'arrivée.
Ce qui est sûr, c'est que Lucas Aerni a pris une décision parfaite dans le domaine du matériel au printemps dernier. Alors que de nombreux skieurs de haut niveau comme Raphael Haaser, champion du monde de géant, ou Daniel Yule (sept victoires en Coupe du monde) ont quitté Fischer, Lucas Aerni est resté fidèle au fabricant de skis autrichien. «Cela porte maintenant ses fruits pour Luca, les skis Fischer fonctionnent parfaitement, en particulier sur une neige agressive», explique le vétéran du slalom valaisan Didier Plaschy (deux victoires en Coupe du monde), qui a également entraîné Lucas Aerni dans le cadre B.
Marco Odermatt, la superstar du lac des Quatre-Cantons, a été le roi intouchable de la Face de Bellevarde ces dernières années. Entre 2021 et 2024, le quadruple vainqueur du classement général de la Coupe du monde a remporté quatre fois le géant de Val-d'Isère. Cette fois-ci, il n'a pas réussi à remporter la victoire, mais le skieur de 28 ans a réussi à monter pour la 93e fois sur un podium en Coupe du monde en se classant troisième. Marco Odermatt souligne qu'il ne s'y attendait pas en raison du déroulement de la course: «Lors de la première manche, j'ai trop peu attaqué et lors de la deuxième manche, je n'avais pas du tout de bonnes sensations. Sur la pente d'arrivée, je me suis dit: ce n'était pas ton jour aujourd'hui, mais une cinquième ou sixième place, c'est quand même pas mal».
Le fait de se retrouver sur le podium aux côtés de deux de ses coéquipiers réjouit particulièrement Marco Odermatt, athlète d'exception et coéquipier en or: «Stefan Brennsteiner nous a un peu offert ce triplé avec ses erreurs, mais nous acceptons ce cadeau avec grand plaisir».