Le ski pas assez universel?
«Marco Odermatt pourrait aussi être une star au Japon»

L'ancienne championnat autrichienne Alexandra Meissnitzer travaille désormais à la Fédération internationale de ski (FIS). Et elle entend bien amener le ski sur tous les continents et non plus le limiter à l'Europe.
Alexandra Meissnitzer ne veut pas d'une vision du monde limitée à l'Europe.
Photo: Keystone
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Mathias Germann

Alexandra Meissnitzer a été une star du ski, avant de se reconvertir en tant qu'experte à la télévision. Mais maintenant, elle passe à autre chose. «J'ai maintenant 52 ans et je me suis dit: si je ne fais pas autre chose maintenant, quand le ferai-je?» Elle a alors trouvé un nouveau travail, extrêmement passionnant.

Au sein de la Fédération internationale de ski (FIS), elle occupe la «direction des projets spéciaux au sein du bureau présidentiel». Qu'est-ce que cela signifie? «Le travail est très diversifié. Par exemple, je m'occupe du Hall of Fame du ski. Celui-ci n'existait pas encore. Les idoles d'autrefois sont pourtant si importantes. Elles montrent que tout est possible. Pourquoi quelqu'un né dans un petit village de Suisse ne deviendrait-il pas une superstar, comme Marco Odermatt?»

L'objectif d'Alexandra Meissnitzer est le même que celui du président de la FIS Johan Eliasch et d'Urs Lehmann, qui vient d'être nommé CEO: elle et ils veulent tous rendre les sports de neige meilleurs, plus grands et plus populaires. Comme le tennis par exemple. «Lorsque Jannik Sinner descend de l'avion au Japon, presque tout le monde le connaît. Pour Marco Odermatt, presque personne ne réagirait. Pourtant, il pourrait être une star là-bas aussi», explique Alexandra Meissnitzer. Selon elle, les skieurs professionnels mériteraient d'être reconnus dans le monde entier.

Des courses en Argentine ou en Asie? «Ce serait formidable»

La gagnante du classement général de la Coupe du monde 1999 et double médaillée d'or aux Championnats du monde plaide pour l'expansion. C'est le seul moyen de générer plus d'argent et de rendre le sport plus grand. «Nous devons voir plus loin que le bout de notre nez», dit-elle. Par exemple sur d'autres continents.

Un coup d'envoi de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande ou en Argentine, puis des courses en Amérique du Nord, en Europe et enfin en Asie? «Ce serait formidable. J'aimerais que dans cinq ans, nous ayons l'une ou l'autre course à laquelle nous ne pensons pas aujourd'hui. Cela doit s'appeler Coupe du monde et non Coupe d'Europe, où l'on se rend de temps en temps aux Etats-Unis».

Mais le ski ne devrait-il pas se concentrer sur son activité principale en Europe centrale? Depuis des années, il ne se passe pas grand-chose en Amérique, et les deux derniers Jeux olympiques à Pyeongchang (2018) et Pékin (2022) n'ont pas déclenché d'engouement pour le ski en Asie.

Alexandra Meissnitzer l'affirme: «Nous devons et voulons changer cela. Il est important de voir plus grand. Si on ne le fait pas, on stagne». A chacun son métier - elle n'accepte pas ce dicton. «Si l'on pensait toujours ainsi, nous nous déplacerions encore aujourd'hui à cheval».

Pour Alexandra Meissnitzer, il est légitime que les Jeux asiatiques d'hiver 2029 aient lieu en Arabie saoudite - peu importe les critiques qui pleuvent. «Pourquoi devrions-nous nous y opposer? Il faut tout de même être conscient: Si des états comme l'Arabie saoudite se mettent quelque chose en tête, ils le feront de toute façon. Après tout, ils investissent dans le sport. Je préfère y participer plutôt que de rester à l'écart». Bien sûr, il faut toujours bien vérifier ce qui est fait et comment. «Mais je ne suis pas fermée pour autant».

La Formule 1 est un modèle: «Nous y travaillons»

L'expansion est une chose qui motive Alexandra Meissnitzer, une série documentaire en est une autre. «Nous y travaillons. L'idée: une série télévisée doit - comme en Formule 1 («Drive to Survive») - enthousiasmer un nouveau public pour le ski. «De nombreux athlètes sont ouverts à cette idée. Car ils ont vu l'impact qu'a eu la série de Formule 1. Cela donne une toute autre popularité. Et bien sûr, de ce fait, une toute autre valeur marchande».

Dans quelle direction le ski va-t-il se diriger? Ce n'est pas certain. Une chose est sûre: la FIS veut aller de l'avant. Pour elle, l'immobilisme est synonyme de régression.

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