Un Suisse s'est particulièrement réjouit de la première victoire tchèque en Coupe du monde vendredi: Pirmin Zurbriggen. Le quadruple vainqueur du classement général et champion du monde valaisan (40 succès en Coupe du monde) voit dans l’exploit de Jan Zabystran bien plus qu’une simple sensation sportive. En toile de fond, un lien fort unit les deux hommes: comme Pirmin Zurbriggen à l’âge d’or des années 1980, le Tchèque skie sur des skis Kästle.
«La victoire de Jan pourrait représenter un énorme coup de pouce pour Kästle après des années difficiles», espère le champion olympique de descente de Calgary 1988. Peu après la retraite de Pirmin Zurbriggen en 1990, la vente de Kästle au groupe italien Benetton marque en effet le début du déclin de la marque en compétition. Malgré les titres mondiaux remportés en 1997 à Sestrières par les Norvégiens Tom Stiansen (slalom) et Kjetil André Aamodt (combiné), l’entreprise fondée dans le Vorarlberg sombre progressivement dans l’anonymat sportif.
«Cela me rappelle l’époque d’avant Odermatt»
Le renouveau débute en 2018, lorsque le milliardaire Tomas Nemec reprend la majorité des parts de Kästle. L’homme d’affaires, qui a bâti une grande partie de sa fortune dans l’industrie du pneumatique, investit massivement dans la course. En 2023, la Slovène Ilka Štuhec offre à la marque sa première victoire en Coupe du monde depuis son retour sur le circuit. Chez les hommes, en revanche, les grands résultats se font attendre.
Jusqu’au super-G sensationnel de Jan Zabystran sur la Saslong. «Tout cela me rappelle un peu la période précédant l’ère Odermatt», explique Zurbriggen, ambassadeur officiel de Kästle depuis quatre ans. «Pendant longtemps, aucun descendeur n’osait passer sur des skis d’une petite marque. Puis Marco Odermatt a prouvé de manière impressionnante qu’un matériel issu d’une entreprise plus modeste pouvait être extrêmement rapide. Aujourd’hui, Zabystran démontre à son tour que nos skis fonctionnent parfaitement.»
Drapeau tchèque introuvable
Avant le départ, le principal intéressé ne croyait pourtant pas à la victoire. «J’ai vu la course exceptionnelle d’Odermatt à la télévision et j’étais convaincu que personne ne pourrait le battre ce jour-là. » Ironie du sort, c’est précisément du Nidwaldien qu’il reçoit la plus belle reconnaissance après son exploit. «Quand je suis arrivé dans le box des leaders, Marco m’a dit que j’avais vraiment très bien skié. Des mots comme ceux-là, venant du meilleur skieur du moment, ont une valeur énorme pour moi»
Le triomphe de Zabystran a même pris le comité d’organisation de Val Gardena de court. À l’approche de la cérémonie de remise des prix, un détail saute aux yeux: aucun drapeau tchèque n’est disponible. Il faudra finalement l’intervention d’un supporter venu de République tchèque pour sauver la situation et permettre à Zabystran de célébrer sa victoire sous ses couleurs nationales.