Des méga-amendes en vue!
Les descentes de police chez les grandes marques secouent le monde du ski

Des descentes de police chez Atomic, Blizzard et Fischer secouent l’Autriche à l’aube de la saison de ski. L’UE soupçonne une entente sur les prix — un scandale qui éclabousse tout le milieu.
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Les fabricants de skis autrichiens se sont-ils entendus sur leurs prix?
Photo: AFP
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Benjamin Gwerder

Peu avant le début de la nouvelle saison de ski, des descentes de police chez plusieurs fabricants autrichiens font sensation dans le monde des sports d’hiver. L’Union européenne a mené des perquisitions dans plusieurs usines en raison de soupçons d’entente illicite sur les prix. Blick répond aux principales questions sur une affaire qui secoue autant le milieu du sport que celui de l’économie.

Dans quelles entreprises les perquisitions ont-elles eu lieu?

La Commission européenne et l’autorité fédérale autrichienne de la concurrence ont mené des raids chez plusieurs fabricants de skis, selon l’agence APA. Les entreprises visées sont Blizzard, Atomic et Fischer. Elles sont soupçonnées d’avoir passé des accords illégaux sur les prix sur le marché européen du ski.

Pourquoi les ententes sont-elles interdites?

Les fabricants — comme toutes les entreprises actives dans l’UE — n’ont pas le droit de s’entendre sur les prix. Une telle pratique fausse la concurrence: sans véritables différences tarifaires, chacun peut vendre plus cher, au détriment des clients et de l’innovation.

Que risquent les fabricants de skis?

En cas d’infraction avérée au droit de la concurrence, les amendes peuvent atteindre jusqu’à 10% du chiffre d’affaires mondial. Pour les sociétés mères de Blizzard et Atomic, cela représenterait des centaines de millions d’euros. S’y ajouteraient d’éventuelles actions en dommages et intérêts et une atteinte sérieuse à la réputation. Dans l’industrie du ski, contester les règles du marché peut coûter cher.

Le fabricant suisse Stöckli est-il concerné?

Non. Stöckli ne figure pas parmi les entreprises perquisitionnées. Et la Suisse n’étant pas membre de l’UE, le droit européen de la concurrence ne s’applique pas directement. La marque traditionnelle de Malters, dans le canton de Lucerne, peut donc se concentrer pleinement sur le début de saison.

À qui appartiennent les marques visées?

Peu de marques restent aujourd’hui purement autrichiennes: Blizzard appartient au groupe italien Tecnica (qui détient aussi Nordica). Atomic fait partie du groupe finlandais Amer Sports, contrôlé majoritairement par le géant chinois Anta Sports — qui possède également Salomon et Wilson, l’équipementier de Roger Federer. Fischer, en revanche, reste entièrement autrichienne et familiale, avec environ 1000 employés et un siège en Haute-Autriche.

Comment les entreprises réagissent-elles?

Le groupe Tecnica a déclaré être «convaincu d’avoir toujours agi en pleine conformité avec la loi» et avoir offert sa «pleine coopération» aux autorités. De son côté, la Commission européenne souligne que ces inspections ne signifient pas forcément que les entreprises concernées se sont rendues coupables de pratiques anticoncurrentielles.

Quelle est l’importance économique du ski?

En Autriche, l’industrie du ski est un secteur clé: plus de 50% des skis vendus dans le monde y sont fabriqués. Le secteur du sport (au sens large) génère 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et représente 6,8% du PIB, le taux le plus élevé de l’UE.

En Suisse, la part est plus modeste, mais l’impact reste fort: le sport pèse environ 1,7% du PIB national.

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