Comment Marco Odermatt et ses coéquipiers se préparent pour la saison
2:29
Un aperçu exclusif en Espagne:Comment Marco Odermatt et ses coéquipiers se préparent pour la saison

«Comme des vacances en famille»
Marco Odermatt et Justin Murisier transpirent à la plage en vue des Jeux olympiques

L'équipe suisse de ski alpin se prépare déjà en Espagne. Les stars comme Marco Odermatt et Justin Murisier s'entraînent à El Palmar de Vejer, profitant d'un mélange d'entraînement intensif et d'ambiance détendue. Avec, déjà, les Jeux olympiques dans le viseur.
Publié: 18:24 heures
|
Dernière mise à jour: 18:26 heures
1/18
Gino Caviezel, Thomas Tumler, Marco Odermatt et Justin Murisier (de gauche à droite) suivent un entraînement de remise en forme en Espagne.
Photo: Sven Thomann
RMS_Portrait_AUTOR_1182.JPG
RMS_Portrait_AUTOR_1150.JPG
Marcel W. Perren et Sven Thomann

Original Swiss Made? Pas vraiment. Alejo Hervas, pur produit d’Andalousie, est pourtant l’un des artisans majeurs du succès de l’équipe suisse de ski. Après avoir contribué à faire de Lara Gut-Behrami une athlète d’exception, le préparateur physique de 48 ans est devenu l’an dernier l’homme de l’ombre du groupe masculin.

Et son travail est plébiscité: «Travailler avec Alejo, c’est absolument génial», glisse Marco Odermatt. Depuis la semaine dernière, le triple vainqueur du gros globe, Thomas Tumler (vice-champion du monde), Justin Murisier (vainqueur à Beaver Creek) et Gino Caviezel (héros malheureux de Bormio) ont repris le chemin de l’entraînement… dans la patrie de leur coach, à El Palmar de Vejer, sur la Costa de la Luz.

C’est là, dans le bungalow familial d'Alejo Hervas, à deux pas de la plage, que les cracks de Swiss-Ski posent leurs valises. Le salon boisé sert de lieu de vie, le jardin s’est transformé en salle de musculation à ciel ouvert. Et pour bien nourrir tout ce beau monde, le coach a fait appel à Jose, un cuisinier local réputé pour sa paella, considérée comme l’une des meilleures de toute l’Andalousie.

«C’est vraiment super cool ici», savoure Marco Odermatt. «Justin, Gino, Tommy et moi, on est très proches aussi en dehors des pistes. Du coup, même si les séances sont intenses et très physiques, l’ambiance est détendue, presque familiale. À la fin de la journée, on partage des repas incroyables avant d’aller se détendre sur la plage. C’est un vrai bonheur.»

Rupture amoureuse pour Thomas Tumler

Thomas Tumler, doyen du groupe masculin de ski suisse, n’a pas connu que des hauts ces derniers mois, malgré les plus grands succès de sa carrière. Lors d’une promenade sur la plage, en marge du camp d’entraînement à El Palmar, le Grison de 35 ans a accepté de se confier au Blick – pour la première fois publiquement – sur les épreuves personnelles qu’il a traversées.

«Ma femme Svenja et moi nous sommes séparés, sept mois seulement après notre mariage», révèle-t-il avec pudeur.

Les raisons de cette rupture, Thomas Tumler et son ex-compagne souhaitent les garder pour eux. Mais le vainqueur du géant de Beaver Creek ne cache pas que cette séparation l’a profondément affecté: «Ça a été très douloureux pendant un bon moment. Mais aujourd’hui, la plaie est refermée. Et je suis reconnaissant pour les sept très belles années partagées avec Svenja.»

Un tibia qui le fait toujours souffrir

Sur le plan physique aussi, Thomas Tumler doit composer avec une gêne persistante: «Depuis plusieurs années, je souffre d’une inflammation du périoste au tibia. Cela provoque de gros gonflements, surtout sur les pistes où il y a beaucoup de chocs.»

Une blessure sourde et tenace, qui pourrait encore le suivre un bon moment. Mais à l’image de ses récentes performances, le skieur de Samnaun prouve qu’il sait transformer les coups durs en carburant pour avancer.

Thomas Tumler montre sa douloureuse blessure : les conséquences d'une inflammation du périoste du tibia.
Photo: zVg

Si Thomas Tumler a pu remporter la médaille d'argent aux Championnats du monde de Saalbach-Hinterglemm malgré ce handicap, c'est en grande partie grâce à un apport de son super-camarade Odermatt: «Marco m'a recommandé des protège-tibias orthopédiques qu'il utilise lui-même. J'ai remporté ma première victoire en Coupe du monde à Beaver Creek sans ces protections, car la piste du Colorado ne présentait pratiquement pas de danger. Mais aux championnats du monde, je n'aurais eu aucune chance sans les 'protections Odi'».

Certains officiels, notamment autrichiens, estiment que ces protections permettent aux athlètes d'adopter une ligne de course plus directe – donc plus rapide, mais aussi plus risquée – en assurant une meilleure transmission des forces entre la chaussure de ski et le tibia. C’est pourquoi le comité alpin de la FIS milite pour leur interdiction. La décision finale sera rendue en juin par le comité directeur de la Fédération internationale de ski.

Justin Murisier opéré

Justin Murisier (33 ans) a lui aussi été régulièrement gêné par des douleurs au genou au cours des dernières années. Après trois ruptures des ligaments croisés, des excroissances osseuses se sont formées chez le Valaisan, entraînant par moments des gonflements de la taille d'une pomme. Contrairement à la sensation du slalom grec AJ Ginnis (vice-champion du monde 2023), qui avait interrompu sa saison en décembre à cause d'une blessure presque identique, Justin Murisier a tenu bon jusqu'à la finale de la Coupe du monde.

«J'ai été tributaire d'antidouleurs pendant presque toute la saison. Mais au printemps, j'ai compris que cela ne pouvait pas continuer ainsi. C'est pourquoi je me suis fait opérer il y a quatre semaines». Le fait que cette intervention ait eu un effet positif sur le fonceur du Val des Bagnes se vérifie sur le circuit cycliste de 140 kilomètres El Palmar-Tarifa-El Palmar. Sur cet itinéraire éprouvant menant au point le plus au sud de l'Europe, Justin Murisier effectue un précieux travail de leader pour ses coéquipiers, surtout dans les montées. «Après de telles épreuves, je ressens nettement moins de douleurs que l'année dernière. Si cela reste ainsi, j'ai bon espoir de monter plus d'une fois sur le podium de la Coupe du monde la saison prochaine».

Le retour de Gino Caviezel - la machine Marco Odermatt

La performance de Gino Caviezel lors de la «Swiss-Ski-Vuelta» à travers l'Andalousie incite également à l'optimisme. Le Grison, qui a souffert d'un dommage total au genou droit après avoir réalisé de très bons temps intermédiaires lors du Super-G de Bormio, parvient à maintenir le rythme élevé de ses coéquipiers jusqu'au point de rebroussement à Tarifa. «C'est la première sortie à vélo que je peux faire depuis mon accident. Cela fait un bien fou à mon cœur», rayonne le coureur de 33 ans avant d'ajouter: «Je fais des progrès chaque jour. Mais je suis aussi conscient qu'il me reste encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir retourner sur les skis de compétition».

Sur les 30 derniers kilomètres de ce tour, une chose saute aux yeux: Marco Odermatt est déjà de retour dans une forme physique exceptionnelle. Malgré un vent de face de plus en plus fort, le Nidwaldien maintient un rythme impressionnant, sans jamais vraiment ralentir. «Marco est et reste un phénomène, une véritable machine», souffle Justin Murisier, admiratif.

Mais à l’arrivée, un détail laisse entrevoir une petite inquiétude chez Marco Odermatt, à l’approche de l’hiver olympique.

Critique du calendrier des courses

Il s’agit du nouveau calendrier de la Coupe du monde. «Nous, les athlètes, réclamons depuis des années un programme équilibré avec neuf courses par discipline. On en est aujourd’hui très loin. Dix slaloms sont prévus, mais seulement sept descentes. Pour moi, ça n’a pas beaucoup de sens.»

Marco Odermatt comprend bien pourquoi aucune descente ne sera organisée à Bormio autour du Nouvel-An: la piste italienne accueillera les épreuves masculines de ski alpin lors des Jeux olympiques de 2026. Et il sait aussi que la FIS n’a, pour l’instant, pas réussi à trouver d’alternative pour organiser une descente fin décembre.

Mais le champion olympique de géant estime qu’il existe des solutions pour rééquilibrer le calendrier. «Je suis contre l’idée de rajouter une descente aux classiques de Wengen ou Kitzbühel. Mais peut-être peut-on trouver un autre site pendant la semaine de la Saint-Sylvestre. Et si ce n’est pas possible, il faudrait envisager de remplacer le Super-G de Crans-Montana, fin janvier, par une descente. Je pourrais aussi imaginer l’ajout d’une deuxième descente à Courchevel en mars.»

Son coéquipier Justin Murisier va dans le même sens et appelle la FIS à réagir pour cette saison olympique : «On a toujours présenté la descente comme la discipline reine du ski alpin. Il est donc incompréhensible qu’elle soit celle qui compte le moins de courses.»

Une chose est sûre : le débat est loin d’être clos.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la