La maison de la famille Grob brille de mille feux à Weissbad, dans le canton d'Appenzell. Stefanie Grob (21 ans) a raflé sept médailles aux championnats du monde juniors: trois en or, trois en argent et une en bronze. Rien d’un hasard, évidemment. Pourtant, la skieuse de 1,58m attend toujours son déclic en Coupe du monde.
À ce jour, elle a pris 22 départs au plus haut niveau… pour 22 courses sans le moindre point. Brutal. «Ce n’est déjà pas simple. J’aimerais vraiment entrer dans les points», confie-t-elle.
Dimanche dernier, lors du super-G de Saint-Moritz, elle est passée tout près, en terminant 31e, à seulement trois centièmes de son premier point en Coupe du monde. «Je suis en colère, parce que j’aurais pu faire mieux. Mais je trouve aussi que mon évolution est bonne. Il faut simplement que je me donne du temps, que je progresse techniquement. Un jour, ça marchera.»
«Les interviews ne sont pas ma matière préférée»
Stefanie Grob se voit toujours avant tout comme une skieuse de géant, même si elle est double championne du monde junior de descente (2023 et 2025) et qu’elle dispose d’une place fixe en Coupe du monde de super-G grâce à ses performances en Coupe d’Europe. Mais elle refuse de se mettre la pression.
Elle reconnaît toutefois que l’univers de la Coupe du monde l’a dans un premier temps déstabilisée. «Je me suis laissée impressionner. Tout à coup, je me retrouvais sur la pente avec les meilleures du monde et je regardais ce qu’elles faisaient.» L’attention médiatique a aussi été un défi. «Je suis plus calme maintenant lors des interviews, même si ce n’est toujours pas ma matière préférée», sourit-elle.
Pour Stefanie Grob, les médailles juniors sont à double tranchant: une source de motivation, mais aussi d’attentes élevées. Or, le saut vers la Coupe du monde est immense. A ce niveau, la Suissesse est encore une inconnue et, avec des numéros de départ élevés, elle se retrouve souvent sur une piste dégradée.
«Je ne me plains pas. Il y a des talents du même âge qui brillent déjà: Zrinka Ljutic, Emma Aicher, Lara Colturi. Mais pour certains, cela prend simplement plus de temps», relativise-t-elle.
Ne surtout pas désespérer
L'histoire du ski regorge d’exemples de talents tardifs. La championne olympique et du monde Corinne Suter n’avait marqué qu’un seul point lors de ses 18 premières courses de Coupe du monde. Beat Feuz, géant de la vitesse, n’est jamais monté sur un podium en Coupe d’Europe.
Et Stefanie Grob? Mercredi et jeudi, elle a pris les 2e et 7e places en descente lors de la Coupe d’Europe de Saint-Moritz — ses meilleurs résultats dans la discipline à ce jour. Un signal encourageant.