Privés du Big Air à Coire, les freestyleurs commencent leur saison ce week-end. Sur les glaciers de Stubaï, Mathilde Gremaud et les autres skieurs helvétiques vont lancer leur saison olympique.
L'excitation est palpable. Il faut dire que les athlètes ont dû ronger leur frein en raison de l'absence au calendrier de la traditionnelle compétition grisonne. Rencontrée à Saas Fee, Mathilde Gremaud était à la fois un peu triste de ne pas lancer sa saison en octobre et heureuse d'avoir un peu plus de temps pour peaufiner ses figures.
«Il faut s'adapter»
«De toute façon, il faut s'adapter, philosophe la Gruérienne de 25 ans. On n'a pas eu ce petit stress de devoir être prêt en octobre. Après, on n'était rarement complètement prêt en octobre, mais disons qu'on devait avoir deux ou trois tricks au point pour le Big Air.» La championne olympique de slopestyle à Pékin en 2022, vice-championne olympique en 2018 et bronzée en Big Air en 2022, a déjà trois médailles olympiques dans sa collection. Alors forcément, la Fribourgeoise pense aux JO, sans pour autant se dire que c'est la chance de sa vie.
«J'ai l'impression que la chance de ma vie, j'ai déjà eu l'occasion de la saisir et j'ai eu la chance de réussir à la saisir, explique-t-elle. Là j'ai une nouvelle opportunité qui s'offre à moi, et j'ai aussi envie de la saisir. C'est clair que c'est différent. 2026 sera différent de 2022, qui était différent de 2018. A chaque fois, c'est une nouvelle aventure.»
Un hiver compliqué
Double championne du monde en titre de slopestyle, Mathilde Gremaud n'a pas connu un hiver 2024-25 facile. Commotionnée, la Gruérienne était revenue juste avant les Mondiaux en Engadine pour repartir avec l'or mondial. «Mais la saison ne m'avait pas trop plu dans le sens où je n'ai pas fait beaucoup de ski, raconte-t-elle. J'ai l'impression que je n'ai pas fait toutes les compétitions que je voulais et ça, ça m'a manqué.»
Passée pas différents états d'âme, parfois confrontée à une certaine solitude, Mathilde Gremaud s'est rendue compte à quel point elle aimait son sport: «Je me suis dit +bon, c'est assez positif que ça m'ait manqué, parce que si ça ne m'avait pas manqué, je pouvais arrêter+. En fait, ce que je veux, c'est skier. Je n'ai pas besoin de trop réfléchir, juste de continuer à skier.»
Vers les JO?
Quand on revient sur les JO, la Fribourgeoise ose un rappel. «Oui, il y a les Jeux, mais il faut déjà y arriver. C'est en février et bien des choses peuvent se passer avant. Je fonctionne beaucoup au feeling. Mes objectifs sont orientés sur mes sensations. Et mon but, c'est juste de pouvoir progresser sur les skis et de le faire dans des moments où je me sens bien, où je sais que je suis en compréhension», souligne-t-elle.
«Je sais que je vais pouvoir faire le plus de progrès possible et sélectionner ces belles journées où il y a tout qui fonctionne, en profiter à fond pour me préparer au mieux pour ces journées où il y aura de la pression, des compétitions, des attentes...», poursuit-elle. Concernant Livigno et les JO, Mathilde Gremaud ne se fait pas d'illusions. «J'ai tout à gagner et tout à perdre en même temps, estime-t-elle. Donc en fait, je me dis que c'est que du bonus, parce que je suis déjà allée deux fois au Jeux et que j'ai ramené trois médailles», rappelle-t-elle.
«Advienne que pourra!»
«J'espère avoir la chance d'y aller encore une fois et peut-être même deux, je n'en sais rien. Mais en tout cas, mon grand objectif, c'est juste de pouvoir y être. Pouvoir me dire 'OK, je suis fit, je suis au départ, let's go, advienne que pourra'. Mais il y a encore beaucoup de choses au calendrier avec les Coupes du Monde. On ne peut pas faire les Jeux sans disputer les Coupes du Monde donc c'est aussi quelque chose qui doit tourner. C'est juste notre vie d'athlète.»
Avec ces Jeux qui se déroulent tout près de la Suisse, c'est aussi la certitude d'avoir ses proches dans les tribunes. «Je me réjouis que mes proches puissent partager l'expérience de l'intérieur, c'est ça qui est le plus excitant», confie-t-elle. A la question de savoir si elle va présenter de nouvelles figures, la championne olympique ne dévoile rien. Mais on sent qu'en elle brûle cette envie de sortir quelque chose d'innovant et de réaliser un run de rêve sans être focalisée sur l'or.
Objectif de bien-être personnel
«Mon objectif, c'est de me sentir bien, répète-t-elle. Et si je me sens bien, je vais pouvoir faire une nouvelle figure. Et si je peux faire une nouvelle figure, normalement j'aurai un bon résultat. C'est juste mon approche, mais je pense que ça colle bien à mon caractère. Si j'ai posé mon run, je serai trop contente. C'est aussi un objectif. C'est pour ça que je le fais, et finalement je ne le fais pas pour les autres», développe-t-elle.
«Alors bien sûr que la médaille d'or, elle sera pour moi si je réussis tout ça, poursuit-elle. Je pense que j'ai récolté pas mal de médailles parce que mon but était ailleurs. Je voulais d'abord poser un run et être contente de moi. Je sentais que ça repoussait mes limites et en faisant ça, je savais que la récompense serait là, que cela me vaudrait sûrement une médaille. Peut-être que je prends la chose un peu à l'envers, mais j'ai développé cette philosophie et je l'ai cultivée avec mon sport.» En entendant Mathilde Gremaud résonne le refrain de la chanson «La Quête» d'Orelsan: «C'qui compte c'est pas l'arrivée, c'est la quête.»