«Plus Vide! Plus Tôt! Plus Mort!». Si le Comité international olympique voulait inventer une nouvelle devise pour les Jeux olympiques, celle-ci pourrait peut-être coller. Hélas en raison de la pandémie de coronavirus, la compétition avait dû être reportée d’une année en 2020. Longtemps, les organisateurs ont cru pouvoir accueillir du public pour la manifestation. Comme pour beaucoup de choses depuis 18 mois, le plan a dû être adapté à de nombreuses reprises. Et c’est finalement devant des travées désertes que les JO se dérouleront.
Vous aussi, cela vous botte moyen de voir des lanceurs de marteau biélorusses s’escrimer (mot choisi à dessein pour rester dans le thème) dans des stades vides? Normal. Qui peut vous blâmer? Surtout si d’aventure il faut se lever au milieu de la nuit. Et pourtant, dès que la Suisse aura des chances de remporter des médailles on vibrera pour tout et n’importe quoi. Même du tir si cela se trouve.
En attendant de découvrir quel sera notre nouveau sport favori au gré des breloques remportées, voici un classement totalement subjectif des cinq moments qu’il ne faudra pas manquer lors de ces Jeux olympiques. Evidemment, la cérémonie d’ouverture commentée par le mythique Georges Baumgartner et le bientôt mythique David Lemos – «Zuber la Frappe» – aurait dû faire partie de cette liste. Mais au moment d’écrire cet article, les Cubains défilent dans le stade de Tokyo juste avant Kiribati (vraiment).
Skateboard, finale street hommes (25 juillet, 5h25)
Le skateboard fait son entrée aux Jeux olympiques cette année (en même temps que le surf et l’escalade). Les compétitions se déclineront en deux temps, avec le street les 25 et 26 juillet et les épreuves de park les 4 et 5 août. S’il n’y a pas de Suisse en lice, deux très jeunes athlètes susciteront l’attention: la Britannique Sky Brown, 13 ans ce mois-ci, et la Japonaise Kokona Hiraki, née deux jours après la fin des Jeux olympiques de Pékin en 2008. Brown et Hiraki sont respectivement classées 3e et 6e au monde. De cette discipline qui s’annonce à n’en pas douter hyper spectactulaire.
Gymnastique, concours général féminin (29 juillet, 12h50)
Simone Biles (photo) avait été la grande dame des Jeux olympiques de Rio avec quatre titres (trois individuels et le concours par équipe) ainsi que le bronze à la poutre. A 24 ans, elle est encore la patronne de son sport et peut devenir la plus grande gymnaste de l’histoire en dépassant la Soviétique Larissa Latynina. Avec neuf titres, cette dernière peut toutefois se faire du souci. Biles est la grande favorite au sol et au saut où elle est quasi imbattable. Si elle veut battre le record de Latynina, il lui faudra réaliser un sans-faute et faire siens les six titres olympiques. Cela s’annonce chaud.
Judo, finale masculine des +100 kgs (30 juillet, 10h00)
Tant à Londres (2012), qu’à Rio (2016), le judoka Teddy Riner n’avait eu aucun rival à sa mesure dans le tournoi des poids lourds. S’il venait à s’imposer au Japon au nez et à la barbe des Japonais et de son principal rival local Hisayoshi Harasawa, l’histoire n’en serait que plus belle. Qui plus est à Tokyo où le judo avait fait son entrée au programme olympique lors des JO de 1964. Riner avait déjà réalisé pareil «coup» en 2010 lorsqu’il avait remporté l’or dans la capitale japonaise lors des championnats du monde dans la catégorie des plus de 100 kilos. Il avait toutefois perdu en finale lors de la compétition toutes catégories confondues face au Japonais Daïki Kamikawa. Nul doute que le colosse français, qui n’a plus perdu lors d’un grand rendez-vous depuis 11 ans, ne voudra pas subir pareil affront à Tokyo.
Tennis, finale masculine (1er août, 5h00)
Tout le monde connaît le Grand Chelem, à savoir remporté les quatre tournois majeurs en une année. Mais il y a plus fort encore: le «Golden Slam». Remporter les quatre Majeurs et l’or olympique. Chez les hommes, aucun joueur n’est parvenu à réaliser pareil exploit. Chez les femmes, il n’y en qu’une seule: Steffi Graf en 1988. C’est dire l’ampleur de la tâche. A l’heure actuelle, il ne manque «que» (important de mettre des guillemets) les Jeux olympiques et l’US Open à Novak Djokovic. Le Serbe sera présent à Tokyo alors que Rafael Nadal et Roger Federer ont fait l’impasse. Cela vaut bien la peine de mettre son réveil le jour de la Fête nationale, non? En plus vous n’aurez rien de mieux à faire en attendant les feux d’artifice.
Football, finale féminine (6 août, 4h00)
Alors que la compétition masculine est principalement réservée à des sélections d’espoirs et de joueurs moins huppés, le tournoi féminin vaudra sacrément le détour. Et comme les Américaines, grandes dominatrices de la discipline, ont envie de revanche, les rencontres n’en seront que plus intéressantes. La star de l’équipe, Megan Rapinoe (photo), avait gagné l’or avec les Etats-Unis en 2012. En 2016, l’Allemagne s’était imposée. Là aussi, il faudra se réveiller aux aurores.
Basketball, finale masculine (7 août, 4h30)
Depuis les Jeux de Barcelone et la venue de la Dream Team, le tournoi olympique de basketball est un événement incontournable. Cette année, la sélection entraînée par Gregg Popovich (San Antonio Spurs) ne fait pas autant rêver que certaines anciennes équipes américaines. Il y a tout de même Damian Lillard (Portland/photo), Jayson Tatum (Boston) ou Kevin Durant (Brooklyn) pour légitimer un réveil au milieu de la nuit. Et comme les horaires sont faits en fonction de la télé américaine, aucune chance de voir la finale à des heures descentes, hélas. Hormis en 2004 à Athènes, et le succès des Argentins, les Etats-Unis ont toujours remporté l’or depuis 1992. Damian Lillard et Team USA vont-ils récidiver?