Rendez-vous avec un samouraï
Une leçon d'escrime d'un autre type pour l'athlète Max Heinzer

Au lieu de se mettre en garde armé d'une épée, Max Heinzer a découvert une autre façon de manier le fer. L'escrimeur suisse de 29 ans a suivi une leçon de samouraï avec Blick.
Publié: 23.07.2021 à 15:19 heures
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Prêt à frapper: Max Heinzer suit des cours de samouraï avant les Jeux olympiques de Tokyo.
Photo: Sven Thomann
Stefan Meier (texte), Sven Thomann (photos), Jocelyn Dalloz (adaptation)

Pour Max Heinzer, les Jeux Olympiques de Tokyo riment avec une forme de vague à l’âme, au vu de l’aspect festif morne de ce rendez-vous sportif privé de plubic. «C’était très différent avant Londres ou Rio», se souvient le jeune escrimeur de 29 ans. Il se réjouit néanmoins que les compétitions aient lieu.

Pour goûter avant l’heure à la culture japonaise, dont il ne profitera guère pendant la frénésie des Jeux, il s’est rendu avec Blick au dojo Kumaizasa à Obernau, Lucerne, et change son fusil d’épaule. Enfin de lame dans sa main. Il y rencontre Hugo Ulrich, un expert en arts martiaux, qui lui a donné un aperçu des arts secrets – et macabres – des samouraïs japonais.

«Des gens ont vraiment été tués avec ça?»

Le porte-drapeau suisse, face aux longues épées plates qui se trouvent devant lui, s’exclame: «Et des gens ont vraiment été tués avec ça?» Hugo Ulrich répond par une anecdote: «Les condamnés à mort étaient souvent empilés les uns sur les autres.» Ensuite, c’était à qui arriverait à en décapiter plusieurs d’un seul coup.» Max Heinzer est fasciné (et blanc comme un linge).

Dans le dojo d’Obernau, les choses sont moins dramatiques, fort heureusement. Ce qui est pratiqué est le Iai-Do, une variante pacifique des arts martiaux. L’homme originaire de Suisse centrale apprend à saluer l’épée et quelques techniques d’attaque. La plus grande concentration est requise, car chaque mouvement doit être exécuté avec précision.

Si les épées sont en bois, l’arrière-fonds guerrier n’est jamais loin. Chaque action avec l’épée se termine par ce qui se nomme «shiburi», la technique qui vise à enlever le sang de la lame. «C’était un peu macabre», dit Max Heinzer après sa leçon. «Mais aussi extrêmement excitant. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est la tradition qui se cache derrière chaque geste, dont l'exécution doit toujours être parfaite.»

«Je suis un papa gâteau»

Max Heinzer ferait bien de s’inspirer de ce côté obscur, pense-t-il. Il se sent rouillé après tant de temps passé sans compétition. En 16 mois, il n’en a disputé qu’une. Il craint d’être devenu trop gentil. «Je suis un papa gâteau. Mes deux enfants et ma femme me donnent tellement d’amour. La méchanceté, dont on a besoin dans le combat, manque parfois.»

Le champion du monde et d’Europe regarde avec application ses anciennes victoires en vidéo pour renforcer sa confiance en lui. Et de temps en temps, il est choqué par les gestes qu’il a utilisés dans ses combats. «J’ai même fait semblant de chercher mes lentilles, même si je n’en portais pas», révèle-t-il. «Quand l’adversaire entre dans un mouvement, il faut l’interrompre.»

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