«Les gars, on est de retour dans les années 70 ce soir, où sont vos pantalons à pattes d’éléphant et vos chemises de couleurs?» Au moment de venir aux interviews, Antti Törmänen a manifestement le sourire derrière son masque. Il faut dire que son équipe a trouvé un moyen de gagner après avoir été menée 0-3, 2-4, 3-5, 4-6 et 6-7. Une sacrée preuve de caractère.
«Après deux tiers, j’ai dit aux gars qu’ils avaient un moyen de marquer l’histoire ce soir, a poursuivi le coach. Je ne sais pas quel est le record de buts dans un match en Suisse, mais je suis sûr qu’on n’en était pas loin.» Le technicien finlandais est connu pour insuffler un esprit offensif à son équipe. Mais il a tout de même trouvé à redire sur l’implication défensive. «En tant que coach, ce n’est jamais très agréable de lever les yeux au tableau de marque et de voir que tu as pris six ou sept buts, a-t-il poursuivi. Mais je vais garder le positif. Nous avons montré pas mal de caractère.»
«Une grande arrogance»
L’entraîneur de la Tissot Arena ne se souvient pas avoir pris part à un tel match. «Des victoires 9-3 ou des défaites de ce style, probablement. Mais ce niveau de folie, je n’en ai pas souvenir.» Il ne va pas assommer ses joueurs avec une séance vidéo interminable pour autant, malgré le nombre d'errements défensifs. Il y aurait pourtant de quoi. «Oui, il y aurait, a-t-il pouffé. Mais nous allons pointer du doigt une ou l’autre scène. Mais si nous voulons tout passer en revue, on ne va pas s’en sortir.»
Dans la voix de Gaëtan Haas, pourtant buteur décisif lors de la prolongation, ce n’est pas la grande rigolade: «J’ai sûrement déjà vécu un match pareil en juniors. Mais pas en pro. Nous avons bien commencé durant les toutes premières minutes mais après il y avait une grande arrogance dans notre jeu. On a tenté des passes qui n’avaient pas lieu d’être. On a enchaîné trois erreurs et tout à coup tu te retrouves mené 0-3. Ce n'est pas acceptable.»
Le capitaine de la Tissot Arena, toujours franc devant un micro, a particulièrement apprécié la réaction de ses joueurs. «Aujourd’hui, je dois remercier l’équipe, a-t-il enchaîné. Les gars ont réussi à aller gagner ce match.» Lorsqu’on lui rappelle qu’il a tout de même été le buteur décisif, il coupe: «Oui, je suis content. Mais ce soir j’ai fait beaucoup d’erreurs. Avec ma ligne, nous ne sommes pas encore au top et nous nous cherchons beaucoup.»
À titre personnel, il vendange beaucoup d'occasions de buts. «Ce n'est pas simple à vivre, poursuit-il. Au moment de shooter, je n'ai pas cette hargne. Dans une carrière, c'est logique d'avoir des passages comme celui-ci. Mais actuellement, c'est vrai que c'est assez compliqué. Je me crée beaucoup d'occasions, mais cela ne rentre pas forcément.» Sauf durant la prolongation. «Oui, là c'est effectivement bien parti, apprécie-t-il. Est-ce que cela sera un déclic? Je l'espère. C'est en tout cas le genre d'actions qui peuvent permettre à un joueur de se relancer.»
Tant Antti Törmänen que Gaëtan Haas savent d’expérience qu’ils ne gagneront pas chaque soir un match en prenant sept buts. «D’ici dimanche et le match à Lugano, nous allons devoir tirer des leçons de ce match, précise le joueur. Comprendre qu’avant d’attaquer, il faut déjà défendre. Ce soir, on a trop souvent laissé notre gardien tout seul en étant trop laxiste en zone défensive.»
Au final, cette soirée portes ouvertes pourrait bien servir aux Biennois afin de ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs. «C’est l’objectif, précise Gaëtan Haas. On a eu de la chance de gagner, mais ça doit surtout nous permettre de nous remettre en question.»