Mardi soir, il y a eu de nombreuses émotions lors du troisième match de demi-finale de National League. En cause? Deux scènes litigieuses qui ont beaucoup fait parler: un but annulé à Fribourg et une faute sur Daniel Brodin peu avant la réussite victorieuse des Zurich Lions.
On revient sur ces deux séquences à tête reposée avec Steve Dreyfus, ancien arbitre de National League.
Le but d’Andrei Bykov aurait-il dû être annulé?
«Il y a deux parties à cette séquence. Schmid, (ndlr No 73 sur la gauche) voit que le puck est libre. Il frappe la jambière, mais la rondelle n’est pas bloquée. Ensuite, la vue depuis en dessus du but permet de voir que Daniel Brodin initie un contact avec le gardien. Que dit le règlement dans un tel cas? Si un attaquant entre dans le cercle du gardien et, par son action, gêne le gardien et qu’un goal est marqué, il sera annulé.
Si l’on regarde à nouveau le jeu de Brodin, on voit que son coup de canne bouge le gardien et l’empêche d’effectuer un déplacement latéral. Aurait-il arrêté le puck? On ne le sait pas. Mais sa zone doit être considérée comme un sanctuaire et le gardien doit être totalement libre de se déplacer dans cette zone.
Dès lors pour annuler le but, il y a deux critères qu’il faut prendre en compte: 1. Le contact est-il clair? Oui, il empêche Ludovic Waeber de se déplacer et de défendre son but. 2. Le contact est-il initié de manière intentionnelle par l’attaquant? Oui, clairement. Et d’ailleurs la décision des arbitres a été rapide. C’est finalement assez rassurant, cela veut aussi dire que pour eux, c’est clair. S’ils avaient tergiversé durant plusieurs minutes, le doute se serait installé. Ce n’est pas le cas ici.»
Y a-t-il faute sur Daniel Brodin?
«Avant toute chose, je tiens à dire que s’il n’y a pas goal deux secondes après, cette scène n’aurait jamais fait autant parler.
Les deux arbitres principaux sur la glace se répartissent les rôles. Il y en a un qui regarde le puck et l’autre s’occupe de ce qui se passe devant le goal. Celui situé à l’opposé n’a pas les yeux rivés sur cette scène. C’est donc depuis la zone neutre que l’on juge cette action.
J’en suis à mon dixième visionnage au moment où nous nous parlons et je suis toujours en train de chercher le vrai point de contact. Il semble le toucher, mais j’ai vraiment l’impression qu’il y a une exagération de la part de Daniel Brodin. La décision est prise très rapidement et les juges de ligne ne peuvent pas rapporter une infraction mineure aux deux arbitres principaux. C’est donc difficile de siffler cela.
Le fait que cela se passe en prolongation influence-t-il quelque chose? Pour moi les règles sont toujours les mêmes, mais les émotions sont plus hautes et donc il y a plus de coups à la limite. D’où l’importance de mettre une ligne et de s’y tenir. Finalement c’est le même cas que Davos l’autre jour. Les arbitres ont averti les joueurs de Davos d’arrêter de taper le gant du gardien. Si à la prochaine occurrence tu ne sanctionnes pas, quel intérêt d’avoir mis une ligne?
Pour moi, cette scène aurait plus fait parler s’il avait sifflé que s’il ne siffle pas. Je trouve vraiment que Brodin en rajoute. Lors de ma dernière analyse, je vous parlais du principe 'OBI'. Cela veut dire obvious, benefit & injury. La faute est-elle claire? Le joueur en tire-t-il un avantage? Y a-t-il une blessure? Sur cette base, on peut se dire que la faute n’est pas claire et qu’il n’y a pas de blessure. Et pour l’avantage? Rappelons tout de même que Zurich est en contrôle du puck sur toute cette séquence, raison pour laquelle je trouve que c’est une bonne décision.»
Conclusion
«Je serais favorable au fait que les arbitres puissent expliquer leur décision. Sur la glace ou dans les zones mixtes à la fin du match. Tout est devenu très pro, mais l’erreur existe encore. Il faut aussi avoir le recul nécessaire pour se dire que tout va très vite sur la glace. Lorsque j’officiais encore, je n’avais aucun plaisir à faire 300 kilomètres jusqu’à Ambri pour prendre une mauvaise décision. Et je pense que c’est pareil pour ceux qui étaient sur la glace hier. Mais en l’occurrence, je pense qu’ils ont pris deux bonnes décisions même si cela a déchaîné les passions.»