Sur la glace, Tanner Richard est le genre de joueur à ne pas être capable de cacher ses émotions. Mais au moment de l’interview aussi. Il dit ce qu’il pense. Toujours. Ce match face à Zoug, il l’attendait «comme un gamin». Il faut dire que le No 71 du GSHC a manqué plus de six mois à la suite d’une grosse intervention chirurgicale dans la région abdominale qui a nécessité une rééducation longue et pénible.
S’il avoue n’avoir pas livré son meilleur match, il a disputé une rencontre riche en émotions. «Je me souviendrai de ce match pour un long moment, remarque-t-il. J’ai eu énormément de chance de recevoir un accueil pareil de la part du public et de cette ville.» C’est avec des trémolos dans la voix qu’il a continué de raconter cette soirée spéciale. «J’ai des frissons rien que de vous en parler, confesse-t-il. Hormis mon premier match en NHL – et encore –, il s’agit de la rencontre la plus marquante que j’ai disputée.»
«Prêt à tout donner»
Ce match a marqué sa victoire dans la bataille qu’il livrait contre la douleur. «J’ai travaillé si dur pour essayer de revenir, poursuit-il. Je sais que tout n’est pas encore parfait, mais j’avais à cœur de revenir le plus vite possible au jeu pour aider les gars. C’était horrible de voir les défaites s’enchaîner sans être capable d’aider mon équipe. Là, je suis de retour et prêt à tout donner pour eux.»
Au moment où son nom a été scandé par le speaker, Tanner Richard a reçu une belle ovation de la part du public. «Tout le monde me faisait des signes depuis les tribunes, s’émeut-il. Cela m’a fait tellement chaud au cœur.» Ce n’est évidemment pas un hasard si le prix du meilleur joueur du match lui a été remis par les fans qui votent pour le désigner. «C’est un geste de charité. C’est gentil de leur part et j’apprécie, mais je n’étais pas le meilleur ce soir», admet-il. Il est tout de même reparti avec la bouteille de vin remise au joueur distingué. «Je l’aurais échangé contre un point supplémentaire.»
«Un point, ce n’est pas assez»
Après avoir bu une grande gorgée d’eau, Tanner Richard précise qu’il va avoir besoin de s’hydrater pour récupérer: «Et peut-être même boire un verre de vin pour fêter ce retour, mais rien de plus.» La bouteille gagnée ne tombe finalement pas si mal. «Non, ça craint d’avoir perdu. J’ai assez de vin à la cave, je n’avais pas besoin de celle-ci.»
Lorsqu’on lui fait remarquer les points positifs de cette soirée face à Zoug malgré la défaite, il ne peut pas l’entendre. «Oui, il y a eu de bonnes choses, lance-t-il. Mais au final on est tous des compétiteurs. Si tu arrives à la patinoire avec la mentalité de te dire que c’était une bonne défaite, t’iras nulle part. Ce soir, on a gagné un point sur trois et ce n’est pas assez.»
Même après six mois d’absence, Tanner Richard n’a visiblement pas changé sa mentalité. Et c’est peut-être la meilleure nouvelle de cette soirée pour les Aigles.