Ils ne sont qu'à 60 minutes, ou un peu plus en cas de prolongation, d'un titre de champion de Suisse. Genevois et Biennois ont le vase jaune à portée de mains et tenteront de faire le dernier effort pour le soulever, ce jeudi soir. Quoi qu'il arrive aux Vernets, l'un des deux capitaines va pouvoir mettre fin à une disette historique, tandis que l'autre pourra pester d'être passé à côté d'une occasion en or d'écrire l'histoire.
Les chiffres montrent à quel point cette «Finalissima» a une dimension historique. D'un côté, il y a Genève-Servette, huit fois (!) vice-champion, et qui a déjà échoué en finale des play-off en 2008, 2010 et 2021. Les Aigles ont déjà été à 60 minutes du sacre. Ils ont même mené 1-0 lors du septième acte face à Berne, en 2010, avant de voir les Ours soulever le trophée. Ils ne feront donc pas l'erreur de penser avoir gagné trop vite ce premier titre qui fait défaut à la Suisse romande depuis 50 ans.
Des titres en noir et blanc
Pour Bienne, à cheval entre les zones germanophone et francophone, c'est une autre histoire: les Seelandais disputent pour la première fois une finale de play-off. S'ils ont moins d'expérience en la matière (même si plusieurs joueurs d'Antti Törmänen ont connu des finales), ils n'ont pas le poids du passé sur les épaules: le HCB compte trois titres de première division. Mais ils ont été conquis avant l'introduction des séries et surtout à une époque dont ils ne laissent que des traces en noir et blanc (1978, 1981 et 1983)...
Il n'y a pas que l'aspect historique qui fasse de ce 7e acte une occasion dans le genre «maintenant ou jamais». Cette saison 2022-2023 constitue une fenêtre d'opportunité peut-être unique, parce que les poids lourds du championnat (Zoug, Zurich, Berne, Davos et Lugano) n'ont pas été aussi affûtés que lors des... 27 dernières années, où ils ont à chaque fois remporté le titre. Ils devraient bientôt redoubler d'efforts pour reprendre les commandes.
Une finale de quasi quadragénaires
Il est vrai que l'affiche de la finale est logique, tant Servette et Bienne ont dominé la saison régulière. Les Grenat, en particulier, disposent de la meilleure légion étrangère du pays. Mais le «Migros Data» guette la troupe de Jan Cadieux: le leader suédois Henrik Tömmernes s'apprête à retourner dans son pays natal après six ans, le magicien Linus Omark fait aussi l'objet de rumeurs — jusqu'ici démenties — sur un départ prématuré. Valtteri Filppula approche la quarantaine, comme Daniel Winnik (39 et 38 ans respectivement).
Et le Canado-Suisse Marc-Antoine Pouliot, l'homme des buts importants dans ces play-off et dont l'obtention d'un passeport à croix blanche a facilité la tâche du GSHC, fêtera également son 38e anniversaire le 22 mai. Il sera bien difficile de remplacer une telle galerie de joyaux.
Ce constat vaut aussi pour Bienne: Beat Forster a 40 ans, Damien Brunner 37 et Luca Cunti 33. Les deux derniers cités luttent depuis plusieurs années contre des blessures à répétition. Mardi, par exemple, Damien Brunner a fait défaut à ses coéquipiers en milieu du tiers médian de l'Acte VI en raison de problèmes de dos.
Attention à la gueule de bois!
Il y a, enfin, le sort de celui sans qui rien n'aurait été possible: le coach biennois, Antti Törmänen, souffre d'une rechute de son cancer, a-t-il appris au début des play-off. Le Finlandais de 52 ans devra donc s'occuper de sa santé avant de songer à bénéficier d'une nouvelle opportunité de la sorte.
Souvent, dans le hockey suisse, les lendemains déchantent pour les équipes qui vivent une saison d'exception. Ainsi, Genève-Servette a raté les play-off en 2022, douze mois après avoir courbé l'échine face à Zoug lors d'une finale tronquée par le Covid (elle a été disputée au meilleur des 5 matches).
C'est maintenant ou jamais que les Genevois et les Biennois doivent saisir l'opportunité de s'offrir un sacre historique et de toucher à l'immortalité sur le plan sportif. D'autant plus que les deux sont convaincus qu'ils peuvent vaincre l'adversaire s'ils montrent leur meilleur hockey.