Tout roule pour Jan Alston à Davos
«L'après-Ambühl se prépare depuis trois ans déjà»

Auteur d’un départ de saison impressionnant, le HC Davos a surpris par sa constance et sa capacité à gagner soir après soir. Directeur sportif des Grisons, Jan Alston fait le point sur les progrès de son club.
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Manager du HC Davos, Jan Alston est un homme très demandé. Entre notre rencontre et le moment où nous prenons place à la table du Loft adjacent à la patinoire grisonne, le directeur sportif est salué par tout le monde. En cette période de Coupe Spengler, la station grisonne est the place to be pour le petit monde du hockey suisse.

Après avoir terminé de serrer quelques mains, Jan Alston a pris le temps de dresser un bilan serein de sa cinquième saison grisonne. Excellent départ en championnat, philosophie d’ancrage régional assumée, retour en force d’Enzo Corvi, attentes mesurées avant play-off et pause olympique: entretien.

Jan, ton équipe a commencé terriblement fort cette saison. Personne n'attendait le HC Davos avec autant de victoires à ce stade de la saison. Et toi, tu as été surpris?
Non, le fait de bien commencer ne m’a pas étonné, parce qu’on n’avait que trois nouveaux joueurs dans notre contingent. Les choses étaient déjà en place, les gars étaient prêts, et dès le début, on était lancés. Ce qui m’a davantage surpris, c’est que cette série positive dure aussi longtemps.

Pourquoi?
On a gagné beaucoup de matches qu’on n’aurait probablement pas dû remporter, mais l’équipe a souvent trouvé un moyen de revenir dans le troisième tiers et de s’imposer. Ça montre beaucoup de caractère dans le groupe. Ensuite, en octobre et novembre, les équipes s’ajustent, il y a une sorte de séparation qui se fait dans le classement. On est contents d’avoir réalisé un tel départ, d’autant plus que cette saison est particulière avec la pause olympique.

C'est particulier de devoir gérer une telle pause?
Oui. Pour moi, il y a vraiment deux saisons en une. Il y a d’abord tout ce qui se passe jusqu’à la pause olympique, puis après, après trois semaines de coupure, c’est comme un nouveau départ. L’important, c’est que tous les points mis en banque avant cette pause restent acquis et nous permettent d’arriver bien positionnés pour la suite. Après la pause, il ne reste qu’environ six matches de saison régulière avant les play-off. Ce n’est pas l’idéal de devoir courir après des points à ce moment-là, donc cette première «saison» jusqu’à la pause est cruciale.

Tu vis à Davos depuis cinq ans maintenant après avoir vécu longtemps à Zurich. Tu as retrouvé ton suisse allemand?
Au bureau, tous les meetings se font en allemand. Je n'avais donc pas le choix. Disons qu'après un certain temps, je me suis dérouillé (rires).

Et tu as l'impression d'avoir compris la mentalité grisonne?
Oui, je le crois vraiment. J’ai passé neuf ans à Zurich et dix ans à Lausanne, dans de grandes villes, donc j’étais un peu anxieux en arrivant ici. Au final, ça a été une très agréable surprise. Davos est un club de tradition, avec des standards très élevés. Tout le monde se connaît, tout est à cinq minutes, il y a une vraie proximité. Les gens sont passionnés de hockey, très demandeurs et exigeants, ce que je considère comme une bonne chose. Ça te pousse à te surpasser et, pour moi, cette exigence fait partie des points très positifs du club.

Dans un club plus petit que Zurich, il faut accepter de perdre certains joueurs, comme Michael Fora à Lausanne ou Simon Knak à Zurich. Comment gères-tu cela?
C’est complètement lié à la philosophie du HC Davos. On a un budget à respecter, mais les attentes sportives restent élevées. On doit toujours garder de la place pour certains profils de joueurs. Pour les jeunes papas, par exemple, Davos est un endroit idéal, et pour les jeunes joueurs qui veulent lancer leur carrière, comme Knak à l’époque, c’est aussi une bonne plateforme.

C'est un moyen de vendre le projet aux recrues potentielles?
Oui! Quand je suis arrivé, Simon Knak avait une demi-saison derrière lui, il n’était pas encore établi dans la ligue. Le staff a fait un excellent travail de développement avec lui. Mais il faut s’attendre à ce que ces joueurs se développent, deviennent importants… puis partent. Ça fait partie du cycle du club.

En parlant de départ, celui d’Andres Ambühl a été marquant. Comment tu t'y es préparé?
On en discute depuis environ trois ans. On avait envisagé plusieurs scénarios pour l’après‑Ambühl. C’était une situation où, au final, la décision lui appartenait. On ne dit pas à Ambühl: «Tu arrêtes». Son départ a été mûrement réfléchi et il a bien commencé sa deuxième carrière.

Que fait-il maintenant?
Depuis le début de la saison, il est avec l’équipe de la Coupe Spengler. Après le tournoi, il va passer un peu de temps avec nous dans le secteur sportif pour voir comment ça fonctionne et trouver ses marques.

On peut dire que ce sera le stagiaire du HC Davos?
(il éclate de rire) C'est une façon de voir les choses.

Pour revenir à cette saison, est-ce que l'excellent début de saison a fait monter les attentes à un niveau trop élevé?
Je ne pense pas que les attentes soient devenues trop élevées. Elles ont commencé à monter déjà les deux dernières saisons. Si on regarde les play-off, on a livré une bonne série contre Lausanne en 2024. Cette année, on a battu Zoug avant de perdre en six matches contre le champion. À partir de là, les gens ont commencé à se dire que l'on était sur le bon chemin. 

Pourquoi croire que la tendance va continuer?
Cette saison, l’équipe est meilleure que la saison passée. On a progressé en expérience et on sait à quoi s’attendre en play-off. Tout le monde est conscient qu’il y a une carte à jouer.

Qu’est-ce qui fera la différence?
La grande question, c’est: qui sera en santé au bon moment? La ligue est extrêmement serrée et compétitive. Lors du dernier printemps, parmi les quatre quarts de finalistes, seul Zurich a eu le luxe d’être vraiment épargné par les blessures. Fribourg, Lausanne et Davos étaient lourdement touchés. Les blessures font partie du sport et on ne peut pas tout contrôler. Mais si l’on arrive en play-off en bonne santé, tout est ouvert. Dans cette ligue, tout le monde peut battre tout le monde, l’essentiel est d’être qualifié pour les séries.

Tu penses travailler différemment à Davos par rapport à ce que tu faisais à Lausanne?
J’essaie toujours d’adapter mon travail au groupe que j’ai. Cela vaut pour l’approche comme pour la communication. Ici, l’équipe est plus jeune, il y a plus de joueurs en développement, donc il faut une communication différente. Mon travail reste porté par la même passion et la même envie, mais il s’adapte aux situations. Je ne peux pas dire que je travaille complètement différemment, ni exactement de la même manière. C’est un modèle très adaptatif.

Comme avec le LHC, par contre, tes choix d'étrangers sont souvent bons.
Concernant les étrangers, c’est devenu très complexe, car le niveau suisse est extrêmement élevé. Avec les coachs, on se fait une idée du profil recherché en fonction de l’équipe en place et de l’évolution du groupe. Les étrangers à Davos il y a cinq ans n’avaient pas le même profil que ceux d’aujourd’hui, pour des raisons évidentes. C’est quelque chose qui évolue en permanence.

Lors de la dernière Coupe Spengler, tu me disais qu'il manquait encore un poil de talent dominant dans ton équipe. Douze mois plus tard, on peut dire que tu es où tu voudrais?
On est clairement plus proches que l’an dernier, c’est certain. Ce qui nous manque encore se situe surtout en défense. La saison prochaine, au niveau qualitatif, ce sera encore mieux avec l’arrivée de Dominik Egli. On va adapter le profil du joueur qui remplacera Klas Dahlbeck. Le hockey évolue. Les équipes attaquent à quatre presque en permanence. Il nous manque un peu de vitesse et d’agilité derrière pour sortir plus vite de notre zone et jouer de l’autre côté de la patinoire. C’est dans cette direction que l’on veut aller.

Et puis ton meilleur transfert de l'été, ce n'est pas le retour en forme d'Enzo Corvi après une année pourrie par les blessures?
On connaît tous ses qualités et le joueur qu’il est. Avec sa blessure au dos et l’opération, il restait des points d’interrogation. C’est pourquoi, cet été, je lui ai dit que l’important serait de voir comment il allait commencer la saison. Il a joué le jeu. Il devait montrer qu’il pouvait encaisser la charge physique, en termes de matches. Depuis le début de la saison, on approche déjà des 40 rencontres, ce qui est énorme.

Mais il semble en excellente forme.
On est très contents de la manière dont il a répondu. Avec le départ d’Ambühl, figure emblématique du club, c’était essentiel de trouver une solution forte au centre, aussi pour la communauté. Je suis heureux que nous y soyons parvenus.

Cet ancrage régional, c'est plus important à Davos qu'ailleurs?
Oui, à Davos c’est ça toute la complexité: ils veulent gagner, oui, mais ils veulent avoir des jeunes du cru. Trouver l’équilibre, ce n'est pas toujours facile, mais on travaille dans cette direction. Tout le monde qui vient à Davos sait dans quoi il s’embarque, que ce soit un coach, un manager ou les joueurs, c’est comme ça que Davos travaille. Avec le départ d’Ambühl, figure emblématique, c’est important qu’on trouve une figure. Ken Jäger, c’est un peu ça: on prépare la relève avec des joueurs du cru qui deviennent identitaires. Dans 3-4 ans, notre noyau actuel sera plus vieux, donc intégrer des joueurs de la région, ce n'est pas une option, c’est obligatoire. Pour moi, c’est une erreur de management si on ne le fait pas.

National League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
35
45
77
2
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
36
29
67
3
Lausanne HC
Lausanne HC
35
27
65
4
HC Lugano
HC Lugano
34
25
59
5
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
35
-3
56
6
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
35
-7
56
7
EV Zoug
EV Zoug
33
5
55
8
ZSC Lions
ZSC Lions
34
18
55
9
SCL Tigers
SCL Tigers
34
-3
44
10
EHC Kloten
EHC Kloten
34
-20
41
11
EHC Bienne
EHC Bienne
34
-15
41
12
SC Berne
SC Berne
34
-10
41
13
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
34
-35
38
14
HC Ajoie
HC Ajoie
35
-56
28
Playoffs
Barrages qualificatifs
Barrages de relégation
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