À l'intérieur des Vernets, les travaux vont bon train. Le vestiaire des équipes visiteuses est en train d'être rénové. Le lifting de l'extérieur de l'arène suit également son cours. Mais paradoxalement, c'est sur la glace que semble avoir lieu le chantier le plus intéressant en ce mercredi matin. La veille, Genève-Servette s'est pris une gifle monumentale à Lausanne. Un 11-0 dans un derby lémanique de triste mémoire qui va laisser des traces.
«On ne dort pas après un tel match», a admis d'emblée Yorick Treille, entraîneur naufragé après ce match chaotique. L'écho était le même du côté de Roger Karrer, qui était sur le pont du rafiot en difficulté: «C'est horrible d'arriver chez soi après un tel match. Les images tournent en boucle. On a honte et on se sent mal pour les gens qui soutiennent ce club et les supporters qui étaient présents à Lausanne.»
Ce constat effectué, une question s'impose: Comment allait réagir Yorick Treille lors de l'entraînement du lendemain matin? Les premiers éléments de réponses sont tombés peu avant 12h00. Sur la glace des Vernets, rien à signaler ou pas grand-chose. Stéphane Charlin, gardien chassé au plus fort de la tempête, était sur la glace dès 11h45 à faire quelques échauffements avant l'arrivée de ses coéquipiers. Il est vrai que sa soirée de travail, mardi, a été amputée de plus de 35 minutes en raison des circonstances.
Un à un, les joueurs grenat sont arrivés sur la glace. Au centre de la patinoire, tous se sont regroupés autour de Yorick Treille. À distance, les mots sont inaudibles. C'est probablement une bonne nouvelle pour les joueurs battus qui n'allaient pas encore devoir encaisser une soufflante de leur coach. «Mardi, tout le monde a sombré, a-t-il précisé. Les joueurs, le coaching staff. Tout le monde. Personne ne peut se cacher après une débâcle et les entraîneurs, nous ne nous mettons pas au-dessus du groupe. Nous avons notre part de responsabilité.»
«Un K.O.»
Il y a perdre et perdre. Mardi, Genève-Servette n'a pas perdu. Il a sombré. «On a pris plein de poings dans la gueule sans jamais en redonner un et après, on a pris un K-O. Le bateau a coulé», n'a pu que constater Yorick Treille, encore dans les cordes. Sur la glace, le technicien est resté calme. Il a montré des schémas au tableau et a fait patiner ses joueurs environ 45 minutes. «Après un tel match, cela ne sert à rien de tout casser et de crier, remarque-t-il. Non, le plus important, c'est l'honnêteté et la transparence dans notre communication. Nous avons dit ce que nous avions sur le cœur. Nous, les entraîneurs, on est responsables de la préparation de l'équipe. Elle n'était pas prête. Chacun se regarde dans le miroir, se retrousse les manches et se reconnecte au groupe.»
Le ton est posé, mais sérieux. Il n'y a que quatre matches de joués, mais l'heure est tout de même grave. Non, ce match n'est pas anodin. «La réalité, c'est qu'on est au match No 4 sur 52 et au final, c'est juste 3 points que l'on perd. J'aimerais bien dire qu'il faut passer à autre chose et traiter ce match comme une péripétie. Mais ça peut arriver à la 48e journée quand tu es leader. Pas à mi-septembre.»
Marc Gautschi: «Inacceptable»
En tribune, Marc Gautschi, directeur sportif, regarde son équipe patiner attentivement, un café à la main. Là aussi, la nuit a été courte. «En saison, je ne dors de toute façon pas beaucoup, sourit-il. Surtout avec un jeune fils à la maison. Mais surtout, avec l'âge, tu apprends à gérer des situations comme celle-ci. Mais il ne faut pas se cacher, c'était une humiliation. C'est inacceptable. Mais c'est du passé et nous devons continuer à aller de l'avant.»
Ce qui étonne davantage que le score, c'est la cassure nette avec le début de saison encourageant des Aigles. Avec deux victoires en trois matches, ils se présentaient (ils auraient dû se présenter...) avec un bilan correct et une base solide. Tout a volé en éclats. «On a pris un train à 250km/h, image Marc Gautschi. Cette saison, nous avons mis l'accent sur les bons débuts de match. Les trois premières sorties étaient bonnes sur ce point. Mais là, c'était tout l'inverse.» Une remarque qui appuie la préparation tronquée.
Yorick Treille, en un sens, la voyait presque venir, cette entame ratée. «On joue comme l'on s'entraîne, précise-t-il. Après un jour de repos dimanche, nous n'étions pas à notre affaire lors de la séance de lundi. Je suis sûr que Lausanne s'était entraîné de manière sérieuse et décidée. Ce n'était pas notre cas. Nous avons essayé de faire en sorte que cela se passe mieux lors du match, mais on n'y était tout simplement pas. Il y aura des hauts et des bas dans la saison. Mais de tels bas, ce n'est pas acceptable.»
La responsabilité du coach
Mardi soir, Noah Rod se défendait d'être dans un vestiaire ligué contre son entraîneur. Marc Gautschi, lui, cherche encore les explications. «Est-ce la préparation? Est-ce le coach? Est-ce les joueurs? À un moment, il faudra des réponses. Mais la réalité du moment, c'est que nous avons un derby à jouer dès ce jeudi contre Fribourg Gottéron et j'attends une réaction nette de la part de mon équipe.»
Le principal intéressé sait qu'il cristallise les critiques. «Et je les écoute, précise-t-il. Celles qui viennent de l'intérieur du vestiaire sont très importantes. Celles de mon entourage aussi. Après ce match, nous nous sommes parlés franchement et je pense que cela aura un impact.»
Roger Karrer parle aussi de cette discussion d'après-match qu'il espère fédératrice. «Durant un quart d'heure, tout le monde a eu l'occasion de dire ce qu'il pensait, précise le Zurichois. Certains ont été plus vocaux que d'autres. Après ces 15 minutes, tout le monde est monté dans le bus. Je n'ai jamais vu un bus aussi silencieux de ma carrière. Il n'y avait pas un bruit entre Lausanne et Genève.» Le leader des Aigles a pris la peine de revoir quelques scènes de ce match. Comme une sorte de catharsis. «Mais pas tout le match, remarque-t-il. C'est important de voir ce que nous avons fait de faux, mais aussi de bien.»
C'est Yorick Treille qui symbolise au mieux cette notion de «mémoire courte» si importante aux joueurs. «Cette saison, nous nous fixons des objectifs hebdomadaires. En terminant notre semaine par des victoires, nous l'atteindrons malgré cette défaite à Lausanne. C'est sur cela que l'on doit mettre l'accent et aller de l'avant. Cela ne sert à rien de regarder en arrière.»
Et à voir les visages fermés de ce mercredi matin, personne n'avait envie de se retourner.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | HC Davos | 4 | 14 | 12 | |
2 | Lausanne HC | 4 | 15 | 9 | |
3 | ZSC Lions | 4 | 8 | 9 | |
4 | Rapperswil-Jona Lakers | 4 | 5 | 9 | |
5 | SCL Tigers | 4 | -1 | 8 | |
6 | EV Zoug | 4 | 2 | 8 | |
7 | HC Fribourg-Gottéron | 4 | 2 | 7 | |
8 | Genève-Servette HC | 4 | -8 | 7 | |
9 | SC Berne | 4 | -1 | 5 | |
10 | HC Ambri-Piotta | 4 | -5 | 3 | |
11 | EHC Kloten | 4 | -3 | 3 | |
12 | EHC Bienne | 4 | -7 | 2 | |
13 | HC Lugano | 4 | -7 | 2 | |
14 | HC Ajoie | 4 | -14 | 0 |