«Je n'avais plus de joie de vivre»
Kevin Lötscher, l'ex-star du hockey sur glace, parle de sa dépression

Il a été l'un des plus grands talents du hockey sur glace en Suisse, puis a frôlé la mort après un accident. La fin de sa carrière a été suivie d'une dépression. Aujourd'hui, cet homme de 35 ans veut donner de l'espoir à d'autres personnes grâce à son histoire.
Publié: 14.09.2023 à 11:11 heures
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Kevin Lötscher dans sa maison à Morat. Des souvenirs de hockey sur glace et des symboles de ses hobbies sont accrochés au mur.
Photo: Kurt Reichenbach
Eva Breitenstein (Schweizer Illustrierte)

Un petit bus VW multicolore est posé sur une étagère contre le mur. À l'origine, il s'agissait d'une tirelire que son fils Nino avait souhaitée, mais aujourd'hui, il est devenu une décoration et le symbole d'un rêve de Kevin Lötscher (35 ans). «J'aimerais aller à Hawaï avec mes garçons quand ils auront l'âge de faire du surf, lance-t-il. Nous trois sur un longboard, ce serait cool.» Ses garçons, ce sont Jonah (7 ans) et Nino (5 ans), deux garçons éveillés et curieux qui s'amuseraient sans aucun doute dans les vagues. Cette pensée, si belle soit-elle, pourra-t-elle se réaliser un jouer? Aujourd'hui, Kevin Lötscher ne fait plus de véritables projets.

La dernière fois qu'il était en mesure de se projeter sur le long terme, il avait 23 ans et était considéré comme l'un des plus grands talents du hockey sur glace en Suisse. Le Haut-Valaisan venait de disputer son premier championnat du monde avec les adultes. Quelques jours plus tard, le Valaisan était renversé à deux pas de chez lui par une conductrice ivre. L'ancien attaquant s'est retrouvé dans le coma avec un traumatisme crânien et a dû se battre pour rester en vie.

«Plus de joie de vivre»

Certes, il réussit l'incroyable et retourne sur la glace, mais il ne peut plus prendre de décisions aussi rapides qu'avant avec le puck sur la canne. Une frustration permanente en résulte. Près de trois ans après l'accident, Kevin Lötscher se résigne. Il décide de mettre fin à sa carrière. Il tombe alors en dépression. Tout ce qui faisait sa vie a disparu: «Je n'avais plus du tout de joie de vivre».

Ce creux est survenu il y a neuf ans. Aujourd'hui, il va à nouveau bien. Dans le jardin de sa maison à Morat, il joue au football avec ses fils. Tous deux évoluent dans le club local et sont de grands fans de Young Boys. Ils sont ce qu'il y a de plus important dans la vie de Kevin Lötscher. «Ma relation avec moi-même est harmonieuse. C'est la base de tout». C'est ainsi qu'il peut être là pour les autres. Et c'est ainsi que les autres peuvent aussi profiter de lui. Car c'est aujourd'hui son objectif: faire réfléchir les gens avec des exposés et des ateliers, en partageant ouvertement son histoire. Sans se cacher.

Comment il a pardonné à la conductrice de l'accident, comment il a accepté et assimilé le fait que le rêve de sa vie, le hockey sur glace, lui ait été si brutalement enlevé. Son entreprise s'appelle Sorgha, le nom est né lors d'un voyage en voiture avec un collègue qui lui a demandé «Qu'est-ce que tu veux faire en partageant ton expérience?» «Ce que je veux? Que les gens s'occupent d'eux, qu'ils s'inquiètent de leur santé (ndlr 'Sorg ha' en est une contraction en dialecte).» Prendre soin de soi et des autres pour qu'ils ne tombent pas aussi bas que lui. Il a suivi des formations en commerce, en nutrition, en entraînement psychologique et mental dans le sport. Mais il ne veut pas simplement dire aux autres ce qu'ils doivent faire. Il s'agit plutôt de stimuler et de motiver.

Club de cuisine et groupe de golf

Le retour à une vie épanouie et satisfaisante a été long et émaillé d'embûches. Son mariage s'est également brisé pendant cette période. Sans aide psychologique, il n'aurait pas réussi à sortir de cette colère et de cette douleur. «Le pas devait venir de moi pour dire: j'ai besoin d'aide», analyse-t-il. Kevin Lötscher ressent encore aujourd'hui les séquelles du traumatisme crânien dans sa vie quotidienne, mais il a appris à s'en accommoder. Sa capacité de concentration et d'assimilation est réduite, il se fatigue rapidement. Lorsque les garçons sont chez lui, il leur prépare le déjeuner et les ramène à l'école. Ensuite, il doit s'allonger, sans distraction, pour revenir au calme.

Il planifie systématiquement ces phases de repos dans son quotidien et fait, si possible, ses conférences d'autres jours. Le Valaisan trouve également le calme et le temps nécessaire à l'autoréflexion dans la nature, par exemple sur le lac de Morat, où il se déplace souvent en stand-up paddle. Il fait aussi partie d'un club de cuisine et joue au golf, où il avait un fort handicap de 7 avant l'accident. Aujourd'hui, il l'estime à environ 13, ce qui est moins bien. Mais cela ne gâche pas son plaisir. Il aime jouer au golf avec un groupe d'amis, dont fait notamment partie l'ancienne star de la NHL Mark Streit, 45 ans. La femme de ce dernier, Fabienne, est d'ailleurs la marraine de Nino Lötscher.

Échange avec Daniel Albrecht

Les premières années après l'accident, le golf a également été une frustration pour Lötscher, la coordination n'étant plus la même qu'avant. La seule personne qui comprenait vraiment ses défis au quotidien était Daniel Albrecht (40 ans). Il a rencontré une fois, en Valais, le skieur professionnel accidenté en 2009. Ils ont parlé des choses de la vie quotidienne, comme le fait de heurter certain murs par inadvertance. Ou que lorsqu'il faisait son jogging, il avait l'impression d'avoir de l'eau dans sa chaussure. «Parler avec quelqu'un qui dit: 'Je sais exactement ce que tu veux dire' m'a fait du bien. Je savais ainsi que je n'étais pas devenu fou!»

Aujourd'hui, Lötscher s'engage entre autres pour «#WeThe15», un mouvement qui fait prendre conscience que 15 pour cent de la population mondiale vit avec une forme ou une autre de handicap. Et le hockey sur glace? Il lui est désormais facile de suivre ce sport, mais il ne le fait «pas aussi assidûment qu'avant». Quelques fois par saison, il commente les matches de Fribourg-Gottéron pour la radio. Il a assisté à des matches de la finale des play-off avec Bienne. Et son groupe de golf assiste de temps en temps à une rencontre du CP Berne. Il peut alors facilement arriver qu'ils ratent la première période parce qu'ils sont coincés dans une discussion autour d'une bière. C'est peut-être le meilleur signe que la douleur de la perte de la vie de hockeyeur est passée. Et que Lötscher est en paix avec ça.

National League 25/26
Équipe
J.
DB.
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EHC Bienne
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EHC Kloten
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EV Zoug
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Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
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HC Ajoie
HC Ajoie
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1
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
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HC Davos
HC Davos
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HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
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HC Lugano
HC Lugano
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Lausanne HC
Lausanne HC
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SC Berne
SC Berne
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Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
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SCL Tigers
SCL Tigers
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ZSC Lions
ZSC Lions
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Playoffs
Barrages qualificatifs
Barrages de relégation
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