Les Dragons sont-ils au bord de la crise de nerfs? Alors que le championnat est en pause pour dix jours, Fribourg Gottéron couche sur cinq défaites de rang, dont deux mortifiantes après avoir mené au score jusqu'en fin de match tant contre Berne que face à Davos. Mercredi dernier, Christian Dubé a une nouvelle fois mis ses joueurs devant leurs responsabilités devant les médias. Comment le technicien vit-il cette situation? «Quand tu as les responsabilités de coach et de directeur sportif, il y a plus à penser et actuellement ça va dans tous les sens, remarque-t-il. J'essaie de garder la tête froide et je me suis créé une carapace pour y parvenir.»
Toujours est-il que les questions commencent à s'amonceler autour du club fribourgeois, à mesure que les défaites s'enchaînent. Le directeur sportif, lui, se veut positif: «Quand vous vous trouvez sur le banc d'une équipe, vous sentez immédiatement son pouls. Ce que j'ai vu ce week-end me rassure. Mon vestiaire est vivant. Les leaders se sont assis ensemble. Nous avons été honnêtes les uns envers les autres et malgré les défaites, la réponse dans le jeu était bonne.»
Certes. Mais au moment d'aborder un tournant dans sa saison, le Dragon a-t-il les moyens de redresser la barre? Le point avec l'homme fort de la BCF Arena, en sept questions brûlantes.
Faut-il s'inquiéter pour Fribourg Gottéron?
«Ce qui me dérange un peu, c'est une certaine inconstance. Mais si l'on regarde dans la ligue, plusieurs équipes ont exactement le même problème. Les six étrangers changent la hiérarchie dans les équipes. Certains doivent accepter des rôles légèrement différents et jouent peut-être moins. J'ai dit dès le début de saison que la gestion humaine serait presque plus importante que la gestion technique.
Mais si l'on regarde le classement, nous sommes actuellement à un tournant. Ce n'est pas la catastrophe, mais il y a une certaine urgence qui se fait ressentir, c'est une évidence. Pour tout vous dire, je ne dors pas beaucoup la nuit en ce moment. La situation me ronge de l'intérieur. Les gens le voient. Les joueurs le voient.»
En changeant toujours les lignes, aucune alchimie ne se crée. Pourquoi continuer?
«C'est mon rôle de trouver la bonne solution pour que l'équipe puisse fonctionner. C'est pour cela que je change jusqu'à ce que je trouve la bonne combinaison et, pour le moment, je ne suis pas satisfait. Je ne suis pas un coach qui va rester inactif et j'essaie de créer cette étincelle. Mais je me demande également si ce n'est pas une erreur de trop changer. Peut-être que je le fais trop, oui. Mais j'ai toujours assumé de ne pas tout faire tout juste.»
Fribourg n'est-il pas, finalement, à sa juste place entre la 6e et la 10e?
«Si nous essayons de regarder la situation d'un point de vue extérieur, que voyons-nous? Lorsque j'ai repris l'équipe, elle était dans le fond. Nous nous sommes qualifiés pour des play-off qui n'ont pas eu lieu. Ensuite, nous terminons 3e, puis 2e. Est-ce que nous avons sur-performé? Peut-être un peu. Personne ne nous voyait là, c'est une évidence. Nous avons des ambitions, mais il ne faut pas oublier que d'autres équipes en ont aussi. Tout le monde a beaucoup investi. Regardez Lausanne, Lugano, Davos, Genève, Zurich, Zoug, etc. Il faut juste comprendre que dix équipes luttent pour le Top 6. C'est la réalité d'aujourd'hui.
Mais l'an passé, c'était exceptionnel. Je peux vous garantir que les rencontres contre Berne et Davos que nous avons perdues ce week-end après avoir pourtant mené à la 58e minute, nous ne les perdions pas. Tout tournait à notre avantage. Là, c'est précisément l'inverse qui s'est passé. Mais je n'ai pas grand-chose à reprocher à mon équipe. Elle a joué de la bonne manière. Si l'équipe s'en foutait, je m'inquiéterais. Alors oui, cela ne fait plaisir à personne d'en perdre cinq de suite. Mais nous ne sommes pas loin du Top 6 malgré cette série.»
Est-ce vraiment une bonne méthode de critiquer ses joueurs publiquement?
«C'est vrai que je suis quelqu'un de cash et peut-être un peu old school. Mais j'ai toujours fonctionné ainsi. J'étais le premier joueur critiqué quand je ne performais pas. À mon arrivée à Berne, on devait être champion dans les trois ans, sinon je dégageais. Mon salaire était dans les journaux. Cela ne me dérangeait pas. Tous les joueurs sont des supermans lorsqu'ils doivent signer de nouveaux contrats. Je le sais très bien, j'étais pareil. Mais j'attends d'eux qu'ils répondent présents lorsque l'équipe a besoin d'eux.
Mon discours n'a pas changé depuis quatre ans. Lorsque les joueurs jouent un match sur deux, je le dis. Mais je communique aussi avec eux. Ils le savent. Je sais que je suis très demandeur. Lorsque les joueurs font un excellent match, je suis le premier à le dire également. Je suis cohérent entre mon message dans le vestiaire et en dehors. Je comprends que cela ne puisse pas plaire, mais c'est comme cela que je suis.»
N'aurait-il pas fallu prolonger Chris DiDomenico?
«Sur le principe, je suis d'accord avec ça. Mais il y a une réalité face à laquelle je me retrouve: celle du budget. À Fribourg, on n'a pas un budget illimité. C'est ainsi et je l'accepte. «DiDo», c'est un joueur extraordinaire. Il est capable de débloquer une situation à tout moment. Mais en tant que directeur sportif, tu te dois de faire des choix et tu ne peux pas tout avoir. On construit cette équipe étape par étape. On a signé Berra, Diaz, Bertschy. Mottet est resté. Nous avons conservé les gars du cru tout en faisant attention à ne pas jeter l'argent par les fenêtres.
Mais je peux entendre cette critique. Oui, dans un monde idéal, on aurait aimé le conserver. Mais attention, tout de même. Tout n'était pas toujours rose avec lui. Contre Lausanne, il n'est pas loin de nous coûter la série. Je le répète, il est extraordinaire. Mais combien de fois cela a brassé entre lui et moi l'an passé? Il faut aussi le prendre en compte dans l'analyse.»
Dubé le directeur sportif réfléchit-il à l'avenir de Dubé le coach?
«Il n'y a pas le feu à la maison. Nous avons beaucoup de discussions à l'interne et je sens que les gars sont toujours à l'écoute. Lorsqu'ils sont challengés, il y a une réponse. Mais c'est une réalité: à un moment, cela va devoir fonctionner. Est-ce que je me pose la question du rôle de l'entraîneur? Je me dois de le faire en tant que directeur sportif.
Mais je me la pose également en tant que coach. Je me questionne tout le temps, sinon je ne fais pas correctement mon job. Mais pour répondre à cette question, si je ne pense plus être la bonne personne, je vais partir de moi-même. Je ne pense pas que ce soit le cas en ce moment. La situation, actuellement, est que nous sommes à 2 ou 3 victoires d'une place dans le Top 6 et que nous avons des matches en retard. À nous de les gagner.»
Que pense le directeur sportif de son équipe et, notamment, de ses étrangers qui ne performent pas?
«Nous sommes à la moitié de la saison et il faut faire l'analyse de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Ce qui va? Notre système défensif est très bon. Nous sommes très solides malgré la blessure de Reto (ndlr: Berra). Mais il est indéniable que nous manquons de punch offensivement. Certains performent moins bien que la saison dernière. Les nouveaux ont de la peine. Est-ce que j'ai fait de mauvais choix ou mal analysé la situation? Je me le demande, oui.
En tant que directeur sportif, il est impossible de faire tout juste à 100%. Il faut minimiser les mauvais choix. Il y a une réalité qui est claire: pour un joueur étranger, ce n'est pas facile d'arriver dans le championnat de Suisse. Il faut immédiatement être bon sous peine d'être critiqué. Ce n'est pas facile à vivre et tout le monde n'est pas capable de faire avec. Mais même là, je suis convaincu que nous avons les atouts pour bien faire. Les chances sont là, mais la finition est un problème. Cela fait partie de mon analyse pour la suite.»
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 52 | 25 | 97 | |
2 | ZSC Lions | 52 | 35 | 93 | |
3 | SC Berne | 52 | 26 | 91 | |
4 | EV Zoug | 52 | 37 | 88 | |
5 | HC Davos | 52 | 18 | 86 | |
6 | HC Fribourg-Gottéron | 52 | 4 | 83 | |
7 | EHC Kloten | 52 | -15 | 79 | |
8 | SCL Tigers | 52 | 7 | 75 | |
9 | Rapperswil-Jona Lakers | 52 | -13 | 73 | |
10 | HC Ambri-Piotta | 52 | -12 | 73 | |
11 | EHC Bienne | 52 | -3 | 71 | |
12 | Genève-Servette HC | 52 | -12 | 71 | |
13 | HC Lugano | 52 | -23 | 66 | |
14 | HC Ajoie | 52 | -74 | 46 |