Grave commotion et longue absence
Gaëtan Haas: «L'arrivée de ma fille m'a aidé à m'en sortir»

Huit mois d’absence, des doutes quotidiens, et un mental mis à rude épreuve. Gaëtan Haas, capitaine du HC Bienne, raconte sans filtre le chemin parcouru depuis sa commotion, les étapes franchies, les moments où il a pensé tout arrêter… et l’espoir enfin revenu.
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Photo: Getty Images
HC Bienne: Gaëtan Haas revient sur sa grave blessure
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Grégory BeaudJournaliste Blick
Publié: 11:23 heures
|
Dernière mise à jour: 11:25 heures

Sur la glace de la petite patinoire extérieure du HC Bienne, Gaëtan Haas s'entraîne presque normalement. Depuis une grosse semaine, le capitaine seelandais est de retour à l'entraînement après une pause forcée de près d'une année. Blessé en tout début de saison dernière, l'attaquant a subi une lourde commotion qui l'a marqué physiquement et mentalement.

Au milieu de ses coéquipiers, il ne laisse rien transparaître. Comme s'il était un joueur comme un autre. Deux heures plus tard, il s'est attablé pour parler de sa situation. D'évoquer les défis liés à ce retour au jeu et les barrières mentales à casser pour parvenir à réintégrer son HC Bienne. Il sait aujourd'hui qu'il est tout proche de retrouver ses sensations. Mais il ne veut rien brusquer non plus. Après des mois à broyer du noir, Gaëtan Haas va mieux. «Une blessure comme celle-ci, cela te change», avoue-t-il.

Mais cela ne le change probablement pas autant que l'arrivée de sa fille, Soélie, voici un mois. Interview avec un père comblé et un hockeyeur en passe de pouvoir à nouveau vivre de sa passion.

Gaëtan, comment ça va?
Par où commencer? (rires). Ça va bien! On peut commencer par là. Depuis octobre, ç'a été long… très long même. Mais là, on a repris la glace il y a trois semaines. J’avais déjà refait deux-trois entraînements avec l’équipe à la fin, mais ce n’était pas encore ça. Depuis la reprise, je me suis focalisé sur des entraînements individuels.

Le capitaine de Bienne s'est confié sur le passage à vide qu'il a vécu.
Photo: Pius Koller

Et maintenant te voilà de retour avec l'équipe.
Je sentais graduellement que je pouvais toujours pousser un peu plus la machine. Après, il y a eu le bébé qui est arrivé il y a un mois. On a pris deux semaines de vacances. Depuis le retour, nous avons eu trois entraînements glace. Là, je n’étais pas encore serein.

Physiquement ou mentalement?
C'est justement là le problème. Lorsque tu es absent pour une période de huit mois, ce n'est plus qu'une question de blessure. Il y a un changement au niveau mental. Pour tout dire, je ne me suis jamais autant questionné. C'était tout le temps. Et pas uniquement sur la glace ou à l'entraînement, mais dans la vie de tous les jours.

Concrètement, quelles sont tes questions actuellement?
C'est tout bête. Mais tous les hockeyeurs te le diront. Lors des premiers entraînements de la saison, tu te sens nul (rires). Physiquement ça ne va pas, techniquement avec le puck non plus. Donc ça, c'est la norme. C'est chaque année ainsi. Mais pour moi, je ne savais pas si rien n'allait parce que c'était la reprise ou si je n'étais pas encore remis. Ainsi, je me demandais sans arrêt: Est-ce que j'ai mal à la tête? Est-ce que ce sont juste mes sensations qui doivent revenir? Durant près de deux semaines, c'était sans arrêt. Puis, on a repris officiellement la glace.

L'entraînement avec l'équipe a-t-il servi de déclic?
Sans parler de déclic, j’ai eu l’impression que ça partait gentiment dans la bonne direction et que je me sentais mieux. Pour la première semaine sur la glace, je pense que j'ai même un peu plus poussé que ce que j'aurais dû selon le plan qui m'a été donné.

Par qui?
Au mois de juin, je suis allé en Suède. C'est mon coéquipier Lias Anderson qui m’a conseillé d’aller voir des spécialistes là-bas. Je m'étais dit que si ce n'était pas encore bon durant la pause estivale, j'irais les trouver. Et je dois dire que je suis revenu avec pas mal de réponses. Cela m’a aidé mentalement de voir que mes sensations et les limites que je sentais encore étaient corrélées avec ce qu'ils voyaient dans les résultats de mes tests. C'est ainsi que nous avons pu préparer un programme spécifique.

Gaëtan Haas n'a rechaussé les patins que récemment.
Photo: Keystone

Et dans ce programme, tu ne devais pas encore pousser autant?
(rires) Je leur ai écrit le jeudi pour leur demander si je pouvais reprendre le lendemain. Comme je n'ai pas eu de réponse le vendredi matin, je suis allé sur la glace avec les gars. J'ai même fait eu quelques contacts. Bon... J'ai dit aux gars de ne pas faire exprès non plus. L'après-midi, ils m'ont dit de ne surtout pas avoir de contact et de juste patiner sans puck...

Et?
C'est bien allé. Mais c'est un combat permanent. Est-ce que je suis scrupuleusement ce qu'ils me disent ou est-ce que je dois petit à petit me faire à nouveau confiance? Cette semaine, je me suis dit que j'allais essayer en étant tout de même précautionneux. Cela s'est bien passé et je suis déjà très content de ce pas vers l'avant.

N'ayant jamais été commotionné, je dois dire que je peine à imaginer. Cette période de huit mois a-t-elle été linéaire au niveau de la progression ou par étapes?
C’est tellement complexe et bizarre. J’ai déjà eu une commotion pour laquelle une pause de deux semaines était nécessaire. Sur ce coup, je pensais que ce serait pareil. Le lendemain du choc, je n’étais pas plus mal que d’habitude au niveau de la tête. Mais en reprenant le sport, je ne suivais pas avec les pulsations. Dès que j’augmentais le rythme, c’était franchement compliqué. J’ai essayé de revenir vite. Après un mois, j’ai vu que ça n’allait pas du tout.

Accepter que cela allait durer, c'était une première étape?
Oui. Je me mentais à moi-même. Mais à un certain moment, j'ai été obligé d'être honnête avec moi-même et commencer à chercher des solutions. À partir de là, cela a commencé à aller mieux. Par étapes, on a augmenté ma capacité à répondre aux pulsations avec moins de symptômes. Mais au début, tu n'es que sur du vélo…

Et à ce moment, ta vie de tous les jours est-elle impactée?
Oui, chaque jour, tu te demandes comment tu vas. Est-ce que cela va mieux? Moins bien? La prise d’informations aussi est altérée. Et puis l'aspect mental joue également un rôle. Cela m'est arrivé de flancher. Ce n’est pas facile. À partir du moment où c'est allé dans la bonne direction. On a intensifié le travail avec mon coach mental. Début 2025, j’ai pu revenir à la patinoire afin de m’entraîner à mon rythme. Voir les gars m'a beaucoup aidé à me changer les idées.

Gaëtan Haas (à dr.) en discussion avec son entraîneur, Martin Filander.
Photo: Pius Koller

J'imagine qu'il y a un moment où tu as dû te résigner et te dire que cette saison ça n'allait pas le faire. Changer ton objectif, qui n’était plus dans un mois, mais dans six mois. Ça t’a aidé?
Oui et non. Tu te dis à un moment «ça ne va pas le faire», absolument. Mais j’avais besoin d’une lumière au bout du tunnel, d’un but, pour continuer d’avancer. Sinon j’aurais tout envoyé péter. Donc l'important est de continuer à bosser sur tout ce qui te fait avancer. Je n’ai pas dit «on oublie la saison», parce qu’à la fin, j'étais sur la glace. Mais j’ai dû être très honnête en me disant: là, ça ne va pas. Ça, c’était le plus dur.

Les premiers temps tu ne venais plus à la patinoire et après, tu as commencé à revenir. C’est surtout au niveau du bruit ou c'était également pour te protéger mentalement?
Les deux. Il y a un moment où j’ai presque pété un plomb. Je me suis dit: «J’ai besoin de temps». Je ne suis plus venu pendant deux-trois semaines. Après, je suis revenu à mon rythme.

Il y a un moment où tu te dis que cela ne va jamais revenir? Que tu ne rejouerais jamais au hockey?
Oui, c'est arrivé souvent. Il y a eu des phases. À certains moments, je me suis clairement dit que cela serait terminé et que je devrais tout arrêter. En juillet encore, je n'étais pas vraiment sûr que cela puisse jouer. Début août, c'est le premier moment où je commence à voir du positif, car je m'entraîne de manière quasi normale. Il reste une ou deux étapes, mais je suis déjà très avancé si je vois d'où je reviens. Je vois enfin que c’est faisable.

Tu arrives à te mettre un objectif? Une date pour un retour au jeu?
Non. Et j’ai appris à ne plus en mettre tout au long de ce processus. Chaque fois que je m’en suis mis, j’ai été déçu. Tu remarques que ça ne joue pas, tu te frustres, tu n’avances pas. J’ai arrêté, et j’ai avancé étape par étape.

Tu m'as parlé du travail avec ton coach mental.
Oui, j'ai commencé à bosser avec lui voici trois ans. Par moments je me surprends: j’ai l’impression d’être une autre personne. Des choses que je ne faisais pas, je les fais. Je prends des petites décisions en étant beaucoup plus honnête avec mon sentiment. Avant, il m'est arrivé de sauter des étapes au détriment de la santé. Là, j’ai remarqué qu’il fallait finir le processus de guérison. D’abord la santé, avant le reste. Au début, c'était dur même dans la vie normale: tu ne peux pas marcher, tu as l’impression que ça va trop vite. J'étais vraiment dans un trou. Maintenant, la vie normale va bien. Il y a eu l’arrivée de la petite: je rentre à la maison et je ne pense plus à ma tête. Ç'a fait avancer les choses.

Il espère pouvoir faire vibrer à nouveau la Tissot Arena tout prochainement.
Photo: Keystone

C'était justement ma prochaine question. Le fait qu’il y ait eu la perspective de l’arrivée de ta fille, c'était une aide ou un stress de ne pas être guéri au moment de sa venue?
Je dirais que j'avais surtout peur que ça n'aille pas au moment de son arrivée. Mais dans le même temps, cela m'a gardé la tête hors de l'eau quand j'étais vraiment mal. Je savais qu’il y avait quelque chose de très positif qui arrivait. Si je n'étais pas en mesure de jouer avant la fin de saison, je savais que l'été allait nous apporter quelque chose de magnifique à ma femme et moi. Et depuis un mois, c’est que du bonheur. Ça change énormément de choses sur le plan mental. Je me faisais précisément cette réflexion chez mon coach mental. Si cela se trouve, je suis physiquement prêt à jouer et n'ai plus aucun symptôme, mais ce sont juste des barrières mentales qui me freient. Pendant longtemps j’ai cru que c’était l’inverse: la tête va, le corps pas. Il faut accepter d'inverser la perspective.

Et maintenant, c'est quoi l'étape suivante?
Retourner en Suède et faire de nouveaux tests. Même si le feeling est bon, je dois encore avoir la validation chiffrée de mes progrès ressentis. Maintenant, c'est clair que ça me ferait mal d’arriver là-bas et d’avoir un test moins bon. Mais je me sens quand même beaucoup mieux. Mais si le médecin me dit «là, tu es bon», c’est sûr que ça confirmera mon sentiment et j'espère que c'est l'étape d'après.

National League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
EHC Bienne
EHC Bienne
0
0
0
1
EHC Kloten
EHC Kloten
0
0
0
1
EV Zoug
EV Zoug
0
0
0
1
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
0
0
0
1
HC Ajoie
HC Ajoie
0
0
0
1
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
0
0
0
1
HC Davos
HC Davos
0
0
0
1
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
0
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1
HC Lugano
HC Lugano
0
0
0
1
Lausanne HC
Lausanne HC
0
0
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1
SC Berne
SC Berne
0
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1
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
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1
SCL Tigers
SCL Tigers
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0
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1
ZSC Lions
ZSC Lions
0
0
0
Playoffs
Barrages qualificatifs
Barrages de relégation
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