Derick Brassard à Genève
«Je voulais que mon petit garçon me voie jouer une fois»

Derick Brassard devrait faire ses grands débuts avec Genève-Servette ce vendredi soir contre Langnau. Le Québécois nous a parlé de son retour au jeu, plus de deux ans après son dernier match.
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Derick Brassard va finir la saison avec Genève.
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Entre le 31 mars 2023 et ce vendredi 19 décembre, 994 jours se sont écoulés. Une éternité dans la vie d'un sportif d'élite. Surtout lorsque celui-ci a fêté ses 38 ans voici quelques mois. Derick Brassard aurait «fêté» les 1000 jours depuis son ultime rencontre de NHL, la 1131e de sa carrière, le jour de Noël.

Mais le Québécois a surpris tout le monde en annonçant son retour à la compétition avec le maillot de Genève-Servette. Il se dit très en forme et se sent prêt à aider les Grenat. Ce vendredi soir, il devrait être sur la glace pour la rencontre face à Langnau. Interview avec celui qui a déjà eu le temps de s'acclimater à la Suisse.

Derick, première question un peu évidente: pourquoi reprendre le hockey aujourd’hui?
Après ma dernière saison à Ottawa, j’aurais continué à jouer, mais j’ai eu une blessure importante. Il restait sept matches, et la rééducation a pris beaucoup plus de temps que prévu. Je voulais revenir à 100%. Ensuite, il n’a jamais vraiment été question de retraite, mais cette blessure m’a empêché de jouer la saison suivante. Et puis il y a eu la naissance de mon garçon, des déménagements... beaucoup de changements. Le timing n’était tout simplement pas bon. Cette année, j’avais encore ça en tête et je me suis dit: «Pourquoi pas essayer encore une fois?»

Essayer, mais dans quelle condition?
Je me suis entraîné comme un fou même si je n'avais pas de contrat. J’avais un entraîneur privé à la salle de sport et un autre sur la glace. Certains matins, je me levais à 6 heures pour être sur la glace à 6h45. Je faisais des entraînements très intensifs en me disant parfois: «J’espère que je ne fais pas tout ça pour rien». Je n’avais aucune certitude. Juste une entente avec Genève pour venir patiner, pour que Marc (ndlr Gautschi) et le staff puissent me voir.

Qu’est-ce que ça représente, personnellement, d’arriver au bout de ce chemin-là?
Beaucoup de fierté. Là, je suis proche de jouer mon premier match, et je suis vraiment content de tous les efforts faits ces dernières semaines. Je me sens bien physiquement. L’entraînement ici se passe très bien, même si on n’a pas eu énormément de séances collectives à cause du calendrier et de la pause internationale.

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«Je me suis entraîné comme un fou, sans contrat, sans aucune garantie. Certains matins, je me levais à 6 heures en espérant simplement que ça en vaille la peine.»
Derick Brassard
»

Cette pause a tout de même dû te permettre de prendre tes marques…
Oui, clairement. Pendant la pause, certains joueurs étaient partis avec leurs sélections, ce qui m’a donné plus de répétitions à l’entraînement. Ça m’a aidé à retrouver des sensations, à m’adapter au rythme. Les matches, c’est autre chose, bien sûr, mais ça m’a permis de me préparer le mieux possible.

Pourquoi Genève, justement? Qu’est-ce qui a fait la différence?
Ça s’est surtout fait à travers les différents contacts avec Marc (ndlr Gautschi). Il cherchait à ajouter un attaquant et on a commencé à discuter. Pour moi, c’était aussi une belle opportunité pour venir vraiment découvrir le hockey européen. J’avais entendu beaucoup de bonnes choses sur la Ligue suisse, sur le niveau de jeu et sur les conditions offertes aux joueurs. Et Genève revenait souvent dans les discussions avec des Québécois qui sont passés ici. Quand l’opportunité s’est présentée, j’ai senti que c’était le bon endroit pour tenter cette expérience.

Le fait d’arriver dans une ville francophone, ça a compté?
Honnêtement, pas tant que ça. J’aurais été ouvert à venir jouer n’importe où en Suisse. Mais c’est sûr que ça aide pour l’adaptation, surtout avec la famille. Avant de signer, j’ai parlé avec plusieurs joueurs québécois qui ont connu la Suisse. Alex Picard, avec qui j’ai vécu à Syracuse, avait joué à Genève. David Desharnais m’en a aussi parlé. Un de mes bons amis, Pierre-Marc Bouchard, qui a joué en Suisse il y a quelques années, m’a dit énormément de bien de la vie ici. Tous m’ont parlé du niveau du championnat, de la qualité de vie et de l’ambiance autour du hockey. Ça a pesé dans la balance.

À quoi doit-on s’attendre en voyant Derick Brassard sur la glace?
J’ai toujours été un joueur offensif, mais capable de jouer sur les deux sens de la patinoire. Il faut être réaliste: je n’ai pas joué de match officiel depuis longtemps et j’arrive dans une équipe qui a déjà 30 matches dans les jambes. Il y a des rôles bien définis, des automatismes. Je respecte totalement ça. Je sais que ça va me prendre quelques matches pour retrouver mes repères.

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«J’aimerais vraiment que mon petit garçon me voie jouer. Même juste pour l’échauffement, ça représente énormément pour moi.»
Derick Brassard
»

Tu es prêt à accepter un rôle plus modeste au départ?
Bien sûr. Si je peux aider en désavantage numérique ou dans un rôle plus simple, je le ferai. Mon objectif, c’est de m’intégrer, de jouer intelligemment, de garder un jeu simple. Ensuite, ce sera à moi de prouver que je mérite plus de temps de glace.

Tu as déjà vu des matches de Genève. Qu'as-tu pensé du niveau du championnat de Suisse?
La vitesse est très élevée. Les joueurs sont d’excellents patineurs. J’ai regardé beaucoup de matches depuis mon arrivée et le rythme est vraiment rapide. C’est un beau défi pour moi. Vendredi, je veux surtout avoir du plaisir, profiter du moment et vivre pleinement ce retour.

Il y a aussi cette envie très personnelle derrière ce comeback…
Oui. J’aimerais vraiment que mon petit garçon me voie jouer. Il a deux ans et demi. Il sera là au match contre Langnau, même si je ne sais pas combien de temps il va tenir avec un coup d’envoi aussi tard (rires). Le voir dans les gradins, même pour l’échauffement ou une période, ça représente énormément pour moi.

Et puis j'imagine que la Coupe Spengler te fait de l'œil.
C’est quelque chose qui me fait rêver, oui. J’en ai entendu tellement de bien. Représenter le Canada, à cette période de l’année, dans un tournoi comme celui-là, ce serait incroyable. J’attends des nouvelles, on verra ce qui sera décidé après le week-end.

Ton dernier passage avec le Canada remonte à 2016 et cela c'était plutôt bien passé.
Oui, c'était lors du championnat du monde en Russie. J'en ai d'ailleurs parlé avec Ville Peltonen (ndlr coach de Genève) et il était assistant avec la Finlande que nous avions battue en finale. J’avais 27 ans à l’époque, j’étais dans mes meilleures années. C’était une superbe expérience. Chaque occasion de porter ce maillot est spéciale.

Photo: Icon Sportswire via Getty Images

Après trois semaines à Genève, quelles sont tes premières impressions?
Honnêtement, j’adore. La température, déjà (rires). À Montréal, on est à -15 degrés avec de la neige partout. Ici, c’est agréable. J'échangerais nos climats sans hésiter. La ville est propre, belle, il y a de très bons restaurants. Les gens sont sympathiques. Et l’ambiance autour des matches de hockey est vraiment belle. On sent une vraie passion.

Dans le vestiaire, il n’y a pas énormément de Nord-Américains. Le fait de retrouver un Québécois, Marc-Antoine Pouliot, ça aide à l’intégration?
Oui, forcément. Marc-Antoine Pouliot est un point de repère important. On ne s’était jamais vraiment côtoyés avant, mais on se connaissait de nom, on avait joué l’un contre l’autre en junior. Lui vient de la région de Québec, moi de la banlieue de Montréal, donc on n’a jamais patiné ensemble l’été. Mais le fait d’avoir un Québécois, qui connaît parfaitement le club, la Ligue et la vie ici, ça aide beaucoup. Il peut répondre à toutes les questions, sur la glace comme en dehors. Et puis il y a aussi Josh Jooris, que j’ai connu par le passé. Même si la connexion nord-américaine n’est pas énorme, je me suis senti à l’aise très rapidement.

National League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
32
44
71
2
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
33
27
62
3
Lausanne HC
Lausanne HC
31
27
59
4
HC Lugano
HC Lugano
31
19
53
5
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
32
-3
53
6
ZSC Lions
ZSC Lions
32
18
52
7
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
32
-5
52
8
EV Zoug
EV Zoug
30
2
50
9
SCL Tigers
SCL Tigers
31
-5
39
10
EHC Bienne
EHC Bienne
31
-10
38
11
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
31
-27
37
12
SC Berne
SC Berne
31
-11
36
13
EHC Kloten
EHC Kloten
31
-23
34
14
HC Ajoie
HC Ajoie
32
-53
24
Playoffs
Barrages qualificatifs
Barrages de relégation
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