Commentaire de Grégory Beaud
Coup de patin au visage: la Ligue tape à côté

Le joueur de Rapperswil, Martin Frk, a été suspendu pour cinq matches à la suite de son coup de patin au visage du Lausannois Lawrence Pilut. Un entre-deux qui n'est pas convaincant. Commentaire.
Publié: 15.12.2023 à 12:07 heures
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Dernière mise à jour: 15.12.2023 à 12:55 heures
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Le patin de Martin Frk proche du visage de Lawrence Pilut
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Lors de Lausanne - Rapperswil:Le patin de Martin Frk proche du visage de Lawrence Pilut
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Martin Frk a envoyé son patin au visage de Lawrence Pilut vendredi dernier. Une action qui aurait pu avoir des conséquences terribles. Une semaine plus tard, le Juge unique a rendu son verdict: le Tchèque de Rapperswil est suspendu pour cinq matches. L'action est considérée comme très dangereuse, bien que l'intentionnalité directe ne puisse pas être prouvée. Voici les grandes lignes du jugement rendu public ce vendredi matin.

Sans mauvais jeu de mot, la Ligue n'a tout simplement pas tranché dans l'histoire du coup de patin de Martin Frk. Comme si elle était empruntée par cette scène inhabituelle de vendredi dernier. En classant cette action en Catégorie III, le message semblait pourtant clair: il s'agit du plus haut degré possible dans le catalogue des sanctions. Dès lors - et avec un tel classement -, la sanction devait être exemplaire et être largement plus lourde que cinq rencontres manquées.

Ce nombre de matches de suspension est finalement le plus faible que le Juge pouvait être en mesure de donner s'il décidait de classer cette séquence de jeu en Catégorie III puisqu'elle l'autorise à donner «plus de cinq matches de suspension» sans fixer de limite supérieure.

Mon problème est le suivant: Laurent Dauphin a écopé de quatre matches de suspension pour une «action kamikaze» (ce sont les termes du Juge unique), tandis que Martin Frk est plus lourdement puni pour une action dont l'intentionnalité directe ne peut pas être retenue. Cherchez l'erreur.

Si l'on décide que Martin Frk doit entrer en Catégorie III, alors la sanction de cinq matches est ridicule. À l'inverse, si l'on estime qu'aucune malice ne peut être prouvée mais que ce geste dangereux doit être tout de même puni, cette sanction est trop élevée. D'un côté ou de l'autre, cela ne va pas. Comme si le Juge unique ne savait finalement pas comment se positionner.

Mais il y a pire encore: pour justifier de n'infliger que cinq matches, soit la sanction la plus faible de la Catégorie III, le Juge unique motive sa décision par le fait que que Martin Frk s'est excusé, qu'il n'y avait pas d'intentionnalité directe et, plus fort encore, que Lawrence Pilut «n'avait aucune raison de pousser encore davantage l'accusé par-dessus la bande».

Dans le cas Dauphin cité précédemment, Rapperswil avait fait recours. En tapant pile au milieu - ni trop, ni trop peu -, c'est comme si le Juge unique avait tenté de ne pas subir un nouvel affront d'une procédure consécutive à sa décision. S'il avait voulu l'éviter, il ne s'y serait en tout cas pas pris autrement.

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