Le 30 mai prochain, quelques jours après la finale du Mondial, Ken Jäger fêtera son 27e anniversaire. Le Grison du Lausanne HC espère bien avoir reçu un cadeau en avance, du côté de Stockholm. Finaliste malheureux l'an dernier à Prague avec l'équipe de Suisse, le joueur de centre dispute son deuxième championnat du monde.
Avec la blessure de Nico Hischier, son rôle pourrait bien être encore plus important lors de la suite de ce tournoi. De quoi faire encore grimper un peu sa valeur marchande alors qu'il entre en dernière année de contrat? Interview en toute franchise et en allemand. «Mais la saison prochaine, on tente en français», promet-il.
Ken, c'est ton deuxième Mondial pour toi. Tu n’es plus vraiment un rookie maintenant. Qu’est-ce que ça change?
Honnêtement, ça aide beaucoup. L’an passé, je découvrais tout: le groupe, l’organisation, les routines… J’étais plus nerveux, forcément. Là, je me sens plus à l’aise parce que je connais les processus, les attentes. Tu gagnes un peu de sérénité, et ça te permet de mieux te concentrer sur ton jeu.
Tu sens que ton rôle a évolué? Qu’on te confie plus de responsabilités?
Je dirais que la base de mon rôle est restée assez similaire. Mais oui, j’ai le sentiment qu’on me fait davantage confiance. J’ai la chance de jouer dans des situations spéciales, aussi bien en boxplay qu’en power-play. C’est valorisant, et ça donne envie de tout donner sur la glace. J’évolue aussi avec de bons coéquipiers, ce qui te tire forcément vers le haut.
Tu sors de deux longues saisons avec Lausanne, deux fois finaliste. Comment on enchaîne directement avec une sélection nationale après ça?
Quand tu perds une finale, la déception est là. C’est évident. Mais quand tu reçois l’appel de l’équipe nationale, tu passes rapidement à autre chose. Tu bascules dans une nouvelle dynamique. Pour moi, ce n’était pas difficile de changer de mentalité, au contraire, ça m’a motivé et cela m'a aidé à ne pas ruminer trop longtemps cette finale perdue.
Tu savais que tu allais être sélectionné ou il y avait encore un doute?
Non, rien n’est jamais garanti. On ne m’a pas dit clairement que j’étais pris à 100%. Mais quand tu es appelé, tu y vas, sans hésiter. C’est une chance énorme. Et de pouvoir revivre ça une deuxième fois, c’est quelque chose que je valorise énormément.
J’avoue, j’avais un peu parié que tu allais être pris… mais il y a toujours ce petit doute avec les finalistes.
Je pense que les membres du staff ont une vision assez claire de ce qu’ils veulent. Ils ne vont pas chambouler leur groupe au dernier moment en intégrant une moitié d’équipe venue des finalistes. Ils savent ce que chaque joueur peut apporter. Mais oui, une incertitude, il y en a toujours un peu.
Tu vis en Suisse romande toute l’année, loin de chez toi. Ça ne commence pas à faire long?
Si, bien sûr. Mais pendant les play-off, ma famille est venue plusieurs fois à Lausanne ou à Zurich lors de la finale. C’était sympa de pouvoir les voir de temps en temps. Là, pour le Mondial, ils ne sont pas encore venus, mais si on avance bien dans le tournoi, je pense qu’ils feront le déplacement. Ce serait chouette.
Tu sais que je t’ai jamais entendu parler français? Je ne t’ai même jamais demandé si tu le parlais un peu.
(Il sourit) Un petit peu, oui.
Tu comprends bien?
Je dirais que je comprends pas mal, oui. Après, pour parler, c’est autre chose. Je pourrais probablement faire une interview en français, mais ce ne serait probablement pas très... élégant (rires). Disons que je me débrouille.
On se fait une interview en français l’année prochaine alors?
Ca se tente!
Tu l’as appris comment? À l’école?
Non, pas du tout. J’ai grandi aux Grisons, donc près du Tessin. À l’école, c’était l’italien en deuxième langue. Le français, je l’ai découvert en arrivant à Lausanne. Au début, c’était compliqué, mais à force d’entendre la langue au quotidien, dans le vestiaire, dans la rue, tu finis par assimiler.
Tu n’as jamais pris de cours?
Une fois, on avait fait un petit cours avec quelques coéquipiers, mais c’était pas franchement concluant (rires). C’était sympa, mais niveau efficacité, on repassera. Je ne sais pas si on était dans le bon état d'esprit. De toute façon, c'est toujours pareil. Tu progresses surtout dans la vie de tous les jours, quand tu dois te débrouiller. Plus tu oses parler, plus ça vient naturellement.
À bientôt 27 ans, tu penses avoir encore une grosse marge de progression?
Oui, j'ai vraiment ce sentiment. Surtout au niveau du jeu offensif et de la qualité de mon jeu avec le puck. Je peux progresser, être plus dangereux, plus décisif. C’est quelque chose sur lequel je travaille.
Et tu t’y prends comment? C’est du travail au quotidien ou tu te fixes des blocs spécifiques pendant l’été?
Après chaque saison, je prends un moment pour faire le point. J’analyse ce qui a fonctionné, ce que je dois améliorer. Et à partir de là, je construis un plan de travail pour l’été. Ces deux dernières années, j’ai beaucoup bossé mon tir, j’ai aussi passé pas mal de temps sur la glace hors-saison. Je vais continuer sur cette voie.
Tu vas rester à Lausanne durant l'été ou rentrer aux Grisons?
Probablement oui. Peut-être que je remonterai de temps en temps le week-end pour voir mes parents ou mon frère, mais ça fait quand même 4 ou 5 heures de route. Et avec ce Mondial, l’été est de toute façon très court, donc il faut optimiser.
J’ai remarqué que tu as joué avec Damien durant un bout du tournoi. C’est assez rare avec le LHC, non?
Oui, très. À Lausanne, on n’a pratiquement jamais été alignés ensemble à 5 contre 5. Peut-être parfois en power-play ou en boxplay, mais c’est tout.
Ça te fait quoi de partager la glace avec un bon pote en équipe nationale?
Franchement, c’est super. Damien est un joueur hyper sérieux, hyper fiable. Il ne triche pas, il joue pour le collectif, il donne toujours son maximum. C’est agréable de jouer avec quelqu’un comme lui.
Tu pourrais t’imaginer jouer avec lui aussi à Lausanne?
Ce n’est pas moi qui fais les lignes (sourire), mais oui, je pense que ce serait une option intéressante. On se connaît bien, on s’entend bien, donc pourquoi pas.
Bon, tu sais que les questions sur ton avenir vont commencer à pleuvoir.
(Rires) Je m’y attends, oui.
Tu y penses déjà, un peu?
Pas encore sérieusement. Je vais prendre le temps d’y réfléchir après la saison. Pour l’instant, je suis concentré sur le Mondial, mais j'aimerais bien pouvoir régler mon avenir durant cet été sans forcément ne penser qu'à ça. J'ai tout de même encore un an de contrat avec Lausanne.
Dis-moi si je me trompe, mais un jour ou l’autre, tu retourneras peut-être à Davos, non?
C’est dans un coin de ma tête, oui. J’ai grandi là-bas, c’est chez moi. Je pense qu’un jour, j’aurai sûrement envie d’y retourner. Mais quand? Aucune idée pour l’instant, ce d'autant plus que je me sens bien à Lausanne après y avoir déjà passé cinq années. Je ne me mets pas de pression avec cette question pour le moment. Mais je sais que la thématique va forcément m'occuper tout bientôt.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Suède | 6 | 22 | 18 | |
2 | Canada | 5 | 26 | 15 | |
3 | Finlande | 5 | 10 | 11 | |
4 | Lettonie | 6 | -3 | 9 | |
5 | Autriche | 6 | -2 | 7 | |
6 | Slovaquie | 6 | -14 | 7 | |
7 | Slovénie | 7 | -20 | 4 | |
8 | France | 7 | -19 | 1 |
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | République Tchèque | 6 | 24 | 17 | |
2 | Suisse | 6 | 22 | 16 | |
3 | Etats-Unis | 6 | 17 | 14 | |
4 | Danemark | 6 | 0 | 9 | |
5 | Allemagne | 6 | -1 | 9 | |
6 | Hongrie | 6 | -30 | 3 | |
7 | Kazakhstan | 6 | -20 | 3 | |
8 | Norvège | 6 | -12 | 1 |