Les adieux d'Antti Törmänen
«Je pars du principe que je ne reviendrai pas»

Atteint une nouvelle fois d'un cancer, Antti Törmänen va se consacrer à sa lutte pour sa survie. Le Finlandais de 52 ans raconte comment il a vécu les dernières semaines et sa vision «réaliste» de l'avenir: «Je vais devoir trouver une autre motivation».
Publié: 04.05.2023 à 19:38 heures
Antii Törmänen a de nouveau été diagnostiqué d'un cancer avant les play-off.
Photo: keystone-sda.ch
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Stephan Roth

Antti Törmänen n'entraînera pas le HC Bienne la saison prochaine. Cela semblait logique dès le terrible diagnostic reçu par le coach avant la demi-finale des play-off contre les ZSC Lions: une rechute de son cancer. Si le Finlandais a serré les dents jusqu'au match décisif de la finale contre Genève, son départ a été annoncé officiellement par le club seelandais.

L'homme de 52 ans part du principe qu'il ne s'agit pas d'une pause d'un an, mais bien de la fin de son histoire commune avec le HC Bienne: on ne devrait plus jamais le voir entraîner le club auquel il a failli offrir un 4e titre de champion de Suisse, son deuxième personnel après Berne en 2013.

En 2020, lorsqu'Antti Törmänen avait dû se battre pour la première fois contre un cancer de la vésicule biliaire, il avait utilisé l'objectif de revenir à la bande comme motivation. Aujourd'hui, le son de cloche est différent. «À l'époque, je voulais absolument reprendre mon rôle d'entraîneur. Cette fois, je dois me montrer réaliste.»

«Je serai déjà un vieux clou»

Qu'est-ce que cela veut dire? «Je vais trouver autre chose qui me motive tout autant. Mais je n'ai pas la tête à cela pour le moment. Personne ne sait comment le processus de guérison se passera et combien de temps cela prendra. Dans deux ans, j'aurai 55 ans, je serai déjà un vieux clou. Si c'est dans cinq ans, ce sera encore pire. Le monde du hockey va très vite», explique sobrement le Finlandais à Blick.

L'ancienne star du Jokerit Helsinki ne pense pas qu'à sa santé, mais aussi au bien du HC Bienne. «Ils doivent avoir la liberté de faire ce qu'ils pensent être le mieux pour le club. Ce ne serait pas correct de ma part de dire que je reviens dans un an. J'espère qu'ils trouveront des entraîneurs qui réussiront avec cette équipe. Je trouverai ma place ailleurs.»

«Pendant les play-off, nous avons dû donner de fausses informations aux joueurs», a avoué le Finlandais.
Photo: Martin Meienberger/freshfocus

Des déclarations altruistes qui corroborent le discours que lui avait tenu le CEO du HC Bienne, Daniel Villard. «C'est typique chez toi, Antti: tu penses toujours aux autres. Mais cette fois, tu dois penser à toi et seulement à toi.»

Comme un coup de batte de base-ball

La vie du natif d'Espoo a connu un nouvel écueil majeur lors d'un scanner en janvier, deux ans après la fin de sa première chimiothérapie. «Je me réjouissais que tout soit enfin en ordre et terminé, se souvient Antti Törmänen. Mais, deux jours plus tard, j'ai reçu mon analyse sanguine. C'était comme un coup de batte de baseball à l'arrière de la tête...»

Pourtant, selon lui, le Finlandais a mieux encaissé le choc que la première fois. Il suit une thérapie à Lausanne depuis le 7 avril, qui durera jusqu'en septembre. Il a donc dû concilier cela avec la finale des play-off. «Quand je revenais de ma chimio et que je me sentais vraiment mal, ça faisait du bien de pouvoir penser à autre chose. C'est possible de serrer les dents à court terme, parce que c'est une finale, mais ce n'est pas viable à long terme.»

Antti Törmänen a réussi à bien gérer la situation, en pensant que chaque série pouvait être sa dernière en tant que coach. «Je suis à moitié fataliste. Je me suis simplement dit que c'était réjouissant d'être là. Personne ne sait ce qui se passe dans la vie, de toute façon. Pourquoi ne devais-je pas profiter? M'occuper de ma maladie est devenu comme un hobby.»

20 avril 2013: Antti Törmänen fête sur la place fédérale le titre obtenu avec le SCB contre Gottéron (4-2).
Photo: Keystone

Martin Steinegger: «C'était désagréable»

Pour le HC Bienne, il faut désormais préparer l'après-Törmänen. Et l'après-David aussi, puisque l'assistant américain arrivé dans le Seeland en 2021 prend du galon en devenant coach principal de Salzbourg. Pas une mince affaire pour le directeur sportif Martin Steinegger. «Comme toutes les choses difficiles dans la vie, on essaie de repousser l'échéance, témoigne «Stoney». J'ai toujours dit que la première chose à faire était de parler avec Antti, de connaître ses sentiments vis-à-vis de la situation. Nous avons discuté avec personne d'autre et, honnêtement, je n'aurais pas été en mesure de mener des entretiens...»

Sitôt la nouvelle maladie d'Antti Törmänen annoncée, des entraîneurs lui ont pourtant été proposés. «C'était très désagréable, se souvient Martin Steinegger. J'ai dit à tout le monde: pas question de discuter pour l'instant. Je ne peux pas, et je ne veux pas. Il ne se passera rien cette semaine non plus, ni la suivante où je serai absent. Je pourrai ensuite aborder les choses avec des idées claires.»

Les dernières semaines ont été difficiles pour le plus proche confident d'Antti Törmänen. Et la défaite dans la dernière ligne droite de la conquête du titre de champion de Suisse n'a rien arrangé. Mais ce n'est rien en comparaison de la bataille que va devoir livrer le Finlandais pour sa survie.

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