Lorsque le tirage au sort de la phase de poules de la Champions Hockey League a eu lieu, les dirigeants de Fribourg Gottéron ont probablement dû se dire qu'ils auraient préféré un autre adversaire que le Yunost Minsk. Outre les Suédois de Leksands et les Tchèques de l'Ocelari Trinec, les Dragons doivent en effet se rendre en Biélorussie, comme Lausanne en 2019. A l'époque, la pression internationale n'était pas la même autour du pays de l'ex-URSS et le déplacement des Lions était passé quasi inaperçu.
Mais depuis, la gronde populaire a mené à de nombreux heurts dans le pays. La répression du président Alexander Loukachenko n'a fait qu'aviver les tensions consécutives à des élections remises en question par de nombreux activistes. Et le hockey dans tout ça? Le championnat du monde de hockey a été retiré au pays qui devait l'organiser conjointement avec la Lettonie. Le pays balte est finalement la seule nation à accueillir le mondial. C'est dans ce contexte que le club fribourgeois doit préparer son périple européen. Mais la formation de la BCF Arena se prépare a tout. Surtout depuis le détournement de l'avion de Ryanair par la Biélorussie à la mi-mai. «Comme vous, je suis cette situation de près, confesse Raphaël Berger. Mais ce n'est pas à nous de décider tout seuls dans notre coin. Nous attendons de voir ce que décide la Champions Hockey League.»
«Nous sommes une compétition sportive apolitique»
Au sommet de la pyramide, Martin Baumann, CEO de la CHL, avoue être pour l'heure bien emprunté par cette situation. «Je rappelle que nous sommes une compétition sportive apolitique, précise-t-il d'emblée. Notre but est de représenter de manière correcte 14 nations issues de 13 ligues différentes. Cela vaut aussi bien pour les clubs issus de Biélorussie que pour les autres participants.» À l'heure actuelle, les Suédois de Leksands ont annoncé ne pas vouloir se rendre en Biélorussie. Une décision que comprend Martin Baumann. «Il faut se rendre compte que la pression subie par les pays scandinaves est très élevée, poursuit-il. Les Fédérations, les clubs et les sponsors ont joué un rôle dans ce choix. Mais du point de vue de la CHL, nous souhaitons ne pas prendre de décision trop hâtive.» Est-ce à dire que les dirigeants de Leksands ont agi de manière trop précipitée? «Non, ce n'est pas ce que je pense, coupe Martin Baumann. Mais la situation d'un club ou celle de toute une organisation comme la Champions Hockey League ne sont pas comparables.»
Pour l'heure et hormis le boycott de Leksands, c'est donc le statu quo. Les premiers matches auront lieu le 26 août prochain. Du côté de l'instance dirigeante, on assure vouloir prendre une décision rapidement. Récemment, l'IIHF a eu droit a plusieurs scandales consécutifs a des prises de position de son président, René Fasel. Le Fribourgeois est même allé rendre visite au président Loukachenko et l'a serré dans ses bras. Des images qui ont mal passé. Ce d'autant plus que l'homme fort du hockey mondial a récemment parlé d'une situation plus calme en Biélorussie qui aurait pu être propice à la tenue du mondial. C'était deux jours avant l'acte de piraterie condamné par une bonne partie des pays européens. Martin Baumann a-t-il appris quelque chose de ces problèmes de communication? «On apprend toujours, rigole-t-il. Moi le premier. Le but c'est de prendre une décision rapide mais surtout de nous assurer que la sécurité des équipes est toujours garantie. Comme je vous l'ai déjà dit, nous tenons à ne pas faire de politique.»
Problème? Quelle que soit la décision prise, elle pourrait être récupérée politiquement. Que Martin Baumann le veuille ou non. «C'est précisément la raison pour laquelle nous sommes en contact très fréquents avec toutes les parties impliquées. Tout le monde comprend bien la situation dans laquelle la Champions Hockey League se trouve.»