Daniel Vukovic arrête
«Je pensais être apprécié, mais pas à ce point»

Le défenseur canado-suisse ne rechaussera pas les patins. À 35 ans, Daniel Vukovic est déjà en train de travailler dans une banque privée et prépare son après-carrière.
Publié: 23.09.2021 à 13:12 heures
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Dernière mise à jour: 23.09.2021 à 13:22 heures
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Photo: Genève-Servette HC
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Grégory BeaudJournaliste Blick

L’épopée en play-off de Rapperswil – une demi-finale totalement inattendue – aura donc marqué la fin de la carrière de Daniel Vukovic. Débarqué à Genève en 2008, le défenseur canado-suisse a joué treize saisons dans l’élite, dont onze aux Vernets, avant de mettre un point final à sa carrière avec la formation saint-galloise (2019-2021).

Unanimement apprécié au bout du Léman, Daniel Vukovic y a laissé l’image d’un joueur dur au mal et toujours prompt à mettre les dents là où certains n’osent pas mettre le protège-dents. Hors de la glace, «Vuko» possède une énorme cote de sympathie dans le club, mais également tout autour de la ligue. Mercredi, l’annonce de sa retraite sportive n’est pas passée inaperçue et de nombreux joueurs et fans lui ont rendu hommage.

Daniel Vukovic, avez-vous un peu de temps pour nous parler ou vous devez répondre à tout le monde?
(Rires) Depuis que j’ai annoncé ma retraite, j’ai eu plein de réactions de la part de fans et d'anciens coéquipiers. Cela représente énormément de choses pour moi. Je suis également étonné par le nombre d’anciens adversaires qui ont pris la peine de m’écrire alors que je ne les connaissais pas autrement que durant nos batailles sur la glace. Je ne pourrais pas être plus heureux que je le suis actuellement même si ce n’est pas une décision facile à prendre, vous vous en doutez.

À quel moment l’avez-vous prise?
Lorsque tu vieillis, la fin de ta carrière est toujours dans un coin de ta tête. Cela me semblait être le bon moment, car je sens que mon corps est gentiment en train de me lâcher. Surtout si l’on pense à la manière dont je joue… J’ai eu une opportunité de commencer une formation auprès de SwissQuote Bank. Je ne pouvais pas la manquer.

Cette demi-finale avec Rapperswil ne vous a-t-elle pas donné envie de continuer encore une année?
On peut voir les choses de deux façons. Envie de revenir ou se dire que l’on arrête sur un moment incroyable comme celui-ci. Lorsque tu es un compétiteur comme moi, tu as toujours envie de continuer à jouer. Mais personne ne croyait en nous et nous avons surpris tout le monde. Cela ressemble un peu à mon caractère. Nous n’avions peut-être pas la meilleure équipe, mais notre vestiaire était incroyable. Je ne sais pas si j’aurais aimé terminer autrement…

Durant ses années à Genève, Vukovic (à g.) est devenu ami avec Sherkan, l'emblématique Aigle. Au contraire du gardien actuel de Lausanne, Tobias Stephan (à dr.)
Photo: Keystone

Avec des fans peut-être?
Oui c’était une des choses les plus dures au moment de décider d’arrêter. Je tiens encore à remercier les fans de Genève et Rapperswil. Mais les fans de toutes les autres équipes également. L’ambiance est si spéciale en Suisse et même si les joueurs ne le disent pas forcément, tous en ont conscience. À Rapperswil, nous avions droit à 50 fans par match durant les play-off. C’était incroyable de voir le bruit qu’ils étaient capables de faire. J’aurais préféré terminer dans une patinoire pleine, mais je ne regrette pas.

Jouer une dernière année à Genève n’aurait pas été une possibilité?
Non, cela n’a jamais été une option. Le club est parti dans une autre direction basée sur l’intégration des jeunes joueurs et c’est tout à fait compréhensible. C’est le business du hockey sur glace et je le comprends tout à fait.

On vous a croisé à deux reprises aux Vernets cette saison. Un rôle dans ce milieu ne vous intéresse-t-il pas?
Le hockey aura toujours une importance capitale dans ma vie. J’aime ce sport et j’aime ce club. Que je joue ou non, je suis passionné. On risque plus ou moins toujours de me voir dans une patinoire.

Mais votre avenir passera donc par la banque.
Oui, je commence une formation et je vais apprendre la «vraie vie», comme disent certaines personnes en comparant avec une carrière de hockeyeur. Je n’ai jamais été un gars capable de rester assis dans mon canapé à ne rien faire. Pour moi c’était important de commencer rapidement quelque chose. Et comme la banque où je travaille est un sponsor de Genève-Servette, cela me permettra de voir quelques fois des matches.

Lorsque vous êtes arrivé en 2008 à Genève, c’était le plan de terminer treize ans plus tard après un mariage et la naissance de trois enfants?
Sûrement pas (rires). Je me suis dit que je pourrais peut-être jouer un jour en NHL. Mais ma carrière n’a pas vraiment pris cette direction. Ces treize années ont été incroyables et je n’aurais jamais pensé rencontrer autant de personnes fantastiques grâce à ce sport. J’ai eu la chance de rencontrer ma femme avec qui nous avons eu trois enfants. Lorsque je dis que Genève est ma maison, je le pense vraiment. Je vais désormais commencer un nouveau chapitre. Ma vie ne s’arrête pas aujourd’hui.

Vous pouvez voir davantage vos enfants, désormais?
Oui et non… En tant que joueur, tu as du temps libre après l’entraînement mais tu es moins présent le week-end. C’est parfois difficile de trouver des moments pour être présent avec ta famille. Ma femme – comme celles de tous les joueurs – a fait tellement de sacrifices que je suis content de vivre une vie un peu plus normale et d’avoir du temps le week-end pour faire des choses toutes bêtes comme passer une soirée avec des amis un samedi. J’ai de la chance d’avoir été entouré durant toutes ces années.

Que retenez-vous de ces quelques heures depuis votre annonce?
Je me rendais compte que l’on m’appréciait. Mais peut-être pas à ce point. Tellement de personnes m’ont écrit spontanément! Je ne suis pas Sidney Crosby ou le joueur qui vend le plus de maillots. Je ne crois pas être un joueur particulièrement fancy (ndlr, clinquant) sur la glace ni même un grand nom. Mais les adversaires et les fans m’ont respecté durant ces années. Cela représente énormément de choses pour moi.

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