La Coupe Spengler, qui débute ce 26 décembre, s’apprête à vivre une petite révolution. Pour la première fois de son histoire plus que centenaire, une équipe universitaire américaine prendra part au tournoi. Cette sélection, composée de joueurs évoluant en division 1, se présentera sous le nom de U.S. Collegiate Selects. Il s’agira également du retour d’une équipe américaine à Davos, une première depuis 2013.
Mais que représente réellement la NCAA, souvent citée sans être pleinement comprise en Europe? La National Collegiate Athletic Association est un pilier du sport américain. Basket-ball, football américain, volley-ball ou hockey sur glace: le sport universitaire y est suivi avec une ferveur parfois comparable à celle des ligues professionnelles.
En hockey sur glace, la NCAA est structurée en six conférences au sein de la Division 1. Soixante équipes s’y disputent chaque saison les seize places qualificatives pour le tournoi final, le NCAA Division I Men’s Ice Hockey Tournament. Le point d’orgue de cette compétition est le célèbre Frozen Four, qui réunit les quatre meilleures formations universitaires du pays sur un site neutre. En 2026, les demi-finales et la finale se dérouleront à la T-Mobile Arena de Las Vegas.
Les rock stars du hockey universitaire
Ancien joueur NCAA et aujourd’hui sous contrat avec le HC Bienne, Nicolas Müller (25 ans) connaît bien ce monde. De 2019 à 2024, le Suisse a porté les couleurs de Michigan State University. Et il en garde des souvenirs marquants.
«L’engouement est énorme, nous raconte-t-il. Aux États-Unis, on peut remplir des stades de football de plus de 100’000 places pour des événements liés au sport universitaire.» Un exemple? En début d’année 2026, Penn State University prévoit d’accueillir un match à domicile au Beaver Stadium devant 106’572 spectateurs.
Avant même d’atteindre la NHL, certains joueurs universitaires sont déjà traités comme des vedettes. «C’est une très bonne ligue, très agréable à regarder pour les fans, explique le Seelandais. Le statut de rock star vient beaucoup des personnalités. Nous avions par exemple Isaac Howard, qui joue aujourd’hui en NHL à Edmonton. Il avait déjà cette arrogance assumée des vedettes.»
Et puis ils évoluent dans un environnement qui favorise ce star-system: merchandising omniprésent, déplacements en jet privé, infrastructures de haut niveau. «Tout est fait pour pousser ce statut chez ceux qui aiment vivre ça», sourit le Biennois. Lui-même a toutefois gardé ses distances avec cette effervescence. «Je suis quelqu’un de très calme. Je n’ai jamais cherché à jouer la rock star.» Une attitude qui correspond davantage à la culture suisse, reconnaît-il.
Quel impact à Davos?
Sportivement, Nicolas Müller se réjouit de voir cette sélection universitaire débarquer à la Coupe Spengler. «Ça va être cool. On verra une équipe très rapide, très technique, très divertissante. Rien à voir avec ce que l’on connaît dans les ligues européennes.» Reste à savoir si ces jeunes talents pourront rivaliser avec des équipes professionnelles aguerries. Sur ce point, Müller reste prudent. «Je pense que ce sera compliqué», estime-t-il, sans exclure une surprise.
Certains grands espoirs, comme Gavin McKenna, manqueront à l’appel, retenus par le championnat du monde junior qui se déroule simultanément en Amérique du Nord.
Plus d'argent qu'auparavant
D’autres, en revanche, profitent déjà du nouveau visage du sport universitaire. Depuis 2021 et l’introduction du système NIL (Name, Image, Likeness), les athlètes universitaires peuvent être rémunérés pour l’utilisation de leur nom et de leur image. Une révolution dans le sport américain. Certains joueurs gagneraient déjà plus de 700’000 dollars, alors qu’ils n’étaient auparavant soutenus que par des bourses d’études.
Un changement qui concerne l’ensemble de la NCAA et qui a considérablement renforcé l’attractivité du sport universitaire. À Davos, la Coupe Spengler s’apprête ainsi à découvrir un monde aussi spectaculaire que méconnu sous nos latitudes.