Commentaire
Une équipe beaucoup trop suisse

Les dirigeants de notre hockey n'ont aucune option au lendemain de l'élimination du Mondial en Finlande. Ils veulent un Suisse à la tête de l'équipe de Suisse. À partir de ce postulat, remettre en cause la position de Patrick Fischer est une perte de temps et d'énergie.
Publié: 27.05.2022 à 10:47 heures
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Dernière mise à jour: 27.05.2022 à 23:49 heures
Patrick Fischer a redonné envie aux joueurs de porter le maillot suisse
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Patrick Fischer a repris l’équipe de Suisse le 3 décembre 2015 après le passage chaotique du Canadien Glen Hanlon. Ce jour-là, les dirigeants de Swiss Ice Hockey ont juré qu’on ne les y reprendrait plus. Le concept de «Swissness» était mis en place et le coach de cette équipe ne pouvait qu’être Suisse. Punkt schluss.

Sur le papier, l’idée est séduisante. Cette confiance en soi d’un hockey suisse en pleine progression est à louer. Et donc la nomination de Patrick Fischer a coulé de source, lui qui était déjà entraîneur assistant durant deux saisons. Avec lui, c’est une fierté de porter le maillot rouge à croix blanche qui a été placée au centre de toutes les attentions. Aujourd’hui, les joueurs viennent sous les drapeaux avec envie. Cela n’a pas toujours été le cas. Et c’est à porter à son crédit et à celui de la Fédération.

Voilà pour le bon côté des choses.

Le revers de la médaille (ou de l’élimination en quart de finale plutôt)? Le bilan de cette stratégie n’est pas bon. Depuis 2016, six championnats du monde ont été disputés: la Suisse a gagné une médaille d’argent, été éliminée quatre fois en quarts et a manqué la phase finale à une occasion. Aux Jeux olympiques, c’est pire. Deux voyages et un seul quart atteint.

Fischer n’est pas remis en question

En théorie, ces résultats seraient suffisants pour au moins poser la question de l’avenir du sélectionneur national. Ce n’est pas le cas pour une raison toute simple: qui sont les autres candidats à briguer le poste de sélectionneur national possédant le passeport suisse?

Il faut faire preuve d’une certaine imagination et d’une méconnaissance du dossier pour lancer trois noms en l’air. Tout juste pourrait-on parler du Tessinois Luca Cereda. Et encore… Non, la réalité est la suivante: peu importe si Patrick Fischer obtient de bons résultats, il est l’homme de la situation car il a répondu «Ja» à la question «Êtes-vous Suisse?».

Aucune concurrence

Cette absence de concurrence – et donc de pression – est embêtante, mais elle est la conséquence logique de la stratégie «Swissness». Pour faire simple, peu importe que l’on soit convaincu ou non par Patrick Fischer, il ne quittera le banc de l’équipe de Suisse que si les dirigeants changent leur fusil d’épaule.

Et si, finalement, la faiblesse de cette stratégie «100% suisse» était, justement, d’être trop… suisse? À la lumière du match de jeudi soir face aux États-Unis, la réponse est «Ja».

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