Un vieux sage me disait en début de semaine que Patrick Emond était depuis longtemps comme un condamné dans le couloir de la mort. Il sait que l’irrévocable va arriver, mais il ne sait juste pas quand cela arrivera. Lui, par contre, connaît son bourreau. Et il connaît d’ailleurs ceux qui l’ont fait condamner et les raisons là derrière. C’est le plus embarrassant dans cette histoire.
Une histoire qui commence en fin de saison dernière. Il y eu de la friture sur la ligne entre Patrick Emond et celui qui prendra sa place, Jan Cadieux. La raison est simple: divergences d’opinions sur le jeu des Grenat et sur l’évolution à donner. Problème? Les deux hommes partagent le même bureau. Plusieurs voix nous ont confié ces derniers temps que l'ancien entraîneur des Ticino Rockets avait décidé de jouer sa carte individuelle et que s’il fallait miser sur un cheval, il aurait eu tendance à parier sur lui-même plutôt que sur Patrick Emond. Comment travailler sereinement dans ces conditions?
Les joueurs le sentent
À Genève, le ver était dans la pomme. Cela ne veut pas dire que le technicien doit pour autant être exonéré de toute responsabilité. Sur la glace, il avait les joueurs à disposition pour faire bien mieux malgré de nombreuses absences.
Mais le jour où un entraîneur est sur le ballant, avoir l’air d’être fragilisé est le pire qui puisse lui arriver. Les joueurs le sentent et savent qu’il n’est plus qu’à quelques jours de passer par-dessus bord. Ce n’est dès lors pas un hasard si les différents chefs de meute sont rentrés dans le rang. Comment expliquer l’attitude désinvolte de Daniel Winnik ces derniers temps? Et on ne parle pas là d'une penalty raté ou d'une bête pénalité, mais d'une implication plus générale dans le jeu. Comment interpréter les déclarations de Noah Rod les soirs de défaite lorsqu’il parle de remobilisation?
Le sort de Patrick Emond était scellé depuis longtemps. La débâcle face à Ajoie n’a servi que de détonateur. Comme le condamné à mort, en somme.
Reste désormais à savoir comment Jan Cadieux, le nouvel entraîneur de Genève-Servette, va faire pour fédérer autour de lui. Difficile de faire plus tumultueuse prise de pouvoir. Son salut ne passera que par une chose: les résultats. S’ils ne sont pas au rendez-vous, personne n’aura oublié comment et pourquoi il a eu cette place.