«Jouer à Zoug? Un rêve de gosse»
Malgré ses 168cm, Lino Martschini est un tout grand

Ce samedi soir, Lino Martschini va jouer un match décisif à Genève dans le cadre des demi-finales de play-off. Zoug est mené 1-3 contre les Grenat, mais l'attaquant de poche (168cm) est probablement le meilleur joueur de son équipe. Interview.
Publié: 08.04.2023 à 08:32 heures
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Dernière mise à jour: 08.04.2023 à 09:39 heures
Lino Martschini n'a joué que pour Zoug en Suisse.
Photo: PIUS KOLLER
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Grégory BeaudJournaliste Blick
Les coulisses de l'interview

Au terme du match III mardi à Genève, rendez-vous est pris avec Lino Martschini le lendemain matin après l'entraînement. «Tu arrives à être à Zoug pour 11h30?», demande-t-il poliment. Sans souci.

À 11h30 pünktlich, l'attaquant du EVZ entre en salle de presse de la Bossard Arena après les soins et les exercices de régénération du matin. «Tu as pu dormir un peu quand même?», rigole-t-il en s'inquiétant des conditions de route et de mon programme pour cette journée. «J'espère que tu n'es pas venu que pour moi quand même.» Avec un Zurich - Bienne le soir, il y avait moyen de faire d'une pierre deux coups

Durant une vingtaine de minutes, Lino Martschini a parlé en «bon allemand» bien que je comprenne le dialecte. «C'est plus simple pour toi», a-t-il pouffé. Peu avant midi, il prend congé pour aller poursuivre sa journée. Tape sur l'épaule et remerciement d'être venu exprès pour lui.

Au terme du match III mardi à Genève, rendez-vous est pris avec Lino Martschini le lendemain matin après l'entraînement. «Tu arrives à être à Zoug pour 11h30?», demande-t-il poliment. Sans souci.

À 11h30 pünktlich, l'attaquant du EVZ entre en salle de presse de la Bossard Arena après les soins et les exercices de régénération du matin. «Tu as pu dormir un peu quand même?», rigole-t-il en s'inquiétant des conditions de route et de mon programme pour cette journée. «J'espère que tu n'es pas venu que pour moi quand même.» Avec un Zurich - Bienne le soir, il y avait moyen de faire d'une pierre deux coups

Durant une vingtaine de minutes, Lino Martschini a parlé en «bon allemand» bien que je comprenne le dialecte. «C'est plus simple pour toi», a-t-il pouffé. Peu avant midi, il prend congé pour aller poursuivre sa journée. Tape sur l'épaule et remerciement d'être venu exprès pour lui.

En préparant cette interview, j'ai presque été étonné de voir que tu avais 30 ans.
M'en parle pas (rires).

Quel est ton rapport au temps qui passe?
Je suis comme toi, je n'arrive pas vraiment à me dire que j'ai déjà 30 ans. J'ai l'impression que ma première saison en National League, c'était hier. À l'époque, c'était irréel de jouer avec des gars comme Henrik Zetterberg, Linus Omark, Damien Brunner. Et en un claquement de doigts, je suis le vétéran dans le vestiaire. Celui qui est là depuis le plus longtemps. Les jeunes viennent me parler et me demander des conseils. Ce n'est finalement que comme cela que je me rends compte de mon âge. Je joue depuis dix ans et je n'en aurai probablement pas dix autres. Ce serait beau (rires). Mais je sais que je suis sur la deuxième moitié de ma carrière.

Quand tu étais gamin, tu étais fan de Zoug?
Oui clairement! Je venais voir de matches au Herti, dans l'ancienne patinoire. J'ai encore souvenir de gars comme Paul DiPietro, Oleg Petrov, Chris Tancill et bien d'autres. On a quand même eu quelques joueurs cools ici non?

Absolument. Mais ce gamin qui venait voir les matches, il se voyait un jour sur la glace?
C'était clairement un rêve de gosse. Quand tu es dans la Kurve et que tu regardes le match, c'est spécial. La première fois que je me suis retrouvé sur la glace, c'était quasi impensable.

Et cette saison, tu es devenu le joueur le plus prolifique de l'histoire du EVZ...
Je ne suis pas le genre de personne qui aime être le centre de l'attention. Je fais mon truc sur la glace et je reste un peu à l'écart. J'aime marquer des buts et aider l'équipe à avoir du succès. Je sortais de deux années difficiles avec plusieurs blessures. C'était donc agréable de passer une saison durant laquelle (il tape sur la table) je suis en santé.

Lino Martschini en bref
  • Date de naissance: le 21 janvier 1993.
  • Position: Ailier.
  • Club: Zoug
  • Contrat: Jusqu'en 2027.
  • Clubs successifs: Le mouvement juniors de Zoug, Peterborough Petes (OHL, Canada) de 2010 à 2012. Zoug depuis 2012.
  • Palmarès: Vainqueur de la Coupe de Suisse (2019), champion de Suisse (2021 et 2022).
  • Participations aux championnats du monde: 2 (2016 et 2019).
  • Statistiques en National League (au 7 avril 2023): 605 matches, 492 points (211 buts et 281 assists).
  • Date de naissance: le 21 janvier 1993.
  • Position: Ailier.
  • Club: Zoug
  • Contrat: Jusqu'en 2027.
  • Clubs successifs: Le mouvement juniors de Zoug, Peterborough Petes (OHL, Canada) de 2010 à 2012. Zoug depuis 2012.
  • Palmarès: Vainqueur de la Coupe de Suisse (2019), champion de Suisse (2021 et 2022).
  • Participations aux championnats du monde: 2 (2016 et 2019).
  • Statistiques en National League (au 7 avril 2023): 605 matches, 492 points (211 buts et 281 assists).

Mais durant cette fin de saison, il y a un autre record en jeu. Celui du joueur de Zoug le plus prolifique de l'histoire en play-off. Tu le savais?
Oui!

Je pensais te piéger sur celle-ci.
(Il rigole) Lorsque j'ai eu le record de points, on m'a dit que cet objectif était le suivant. Mais ce n'est pas quelque chose qui m'obsède. On fera le bilan au terme de ma carrière. Je suis évidemment très fier de tout ceci. Mais je suis surtout là pour aider l'équipe à gagner. C'est beau de réussir des choses sur le plan individuel. Mais quand tu es joueur, tu fais partie de quelque chose de plus grand.

Photo: PIUS KOLLER

Aujourd'hui, tu arrives à te voir comme un modèle pour les petits fans de Zoug dans les gradins de la Bossard Arena?
C'est assez irréel quand j'y pense. L'enfant qui voulait avoir une fois la chance de jouer un match à Zoug est toujours en moi. Je regarde encore les highlights de NHL avec Ovechkin ou McDavid avec de grands yeux.

Les mêmes grands yeux que les fans de Zoug.
Oui, pour revenir à ta question, je suis fier d'être considéré comme un modèle. Je reçois des lettres de gens qui se disent inspirés par le fait d'y être arrivé malgré ma taille (ndlr: 168 cm). C'est forcément quelque chose qui m'a accompagné toute ma vie. Si je peux donner de la confiance aux gens, c'est une belle chose.

La confiance, justement, c'est un autre thème que j'aurais bien aimé aborder avec toi.
C'est ce qu'il y a de plus beau et de plus incontrôlable dans le sport. Il se passe tellement de choses dans la tête d'un joueur sur la glace. Sans confiance, tu as l'impression que le but est tout petit et qu'il y a des adversaires partout sur la glace. À l'inverse, tout a l'air possible lorsque tu vis une phase positive. Notre entraîneur nous dit toujours que c'est difficile d'avoir confiance en soi, mais que c'est encore plus compliqué de garder ce sentiment. Quand tu es dans cet état d'esprit, c'est quelque chose que tu dois chérir.

Mais tu le dis toi-même. En mesurant 168cm, il faut une sacrée dose de confiance pour y arriver. À quel moment tu as su que ce serait possible? Y a-t-il eu un tournant?
C'est dur à dire. À chaque étape de ma carrière, j'ai systématiquement entendu la même chose. «Tu as du talent, mais ça va vraiment être limite pour faire carrière.» C'était le cas durant toutes mes années juniors, mais j'ai décidé de faire mon chemin et je suis parti au Canada. C'est peut-être là-bas qu'il y a eu un déclic. J'ai pu voir que c'était possible de régater avec les meilleurs juniors du monde.

Photo: TOTO MARTI

Et pour devenir l'un des meilleurs joueurs suisses. Tu sais qu'il n'y a que quatre joueurs en activité ayant inscrit plus de points que toi. Tu veux essayer de les deviner?
Clairement! Il y a Ambuehl et Sprunger.

Juste.
Hollenstein?

Non, il est derrière toi. Il y en a un qui n'était pas évident à trouver pour moi.
Hmmm, peut-être Dario Bürgler.

Exact. C'est lui que j'aurais eu du mal à trouver. Tu veux un indice pour le dernier?
Non non, surtout pas! J'adore ces jeux. J'ai pensé à Inti Pestoni, mais je ne crois pas. Ha, mais oui! Damien Brunner!

Exact. Ce sont les quatre seuls...
Cela fait un an et demi que ce genre de questions me sont posées. Un jour, quelqu'un m'a dit qu'il ne me manquait que soixante points pour être le meilleur Zougois de l'histoire. J'ai dû aller contrôler que c'était vrai. Cela ne me semblait pas possible. Alors de se dire que je suis dans cette liste avec les joueurs dont on vient de parler, c'est fou. Et ce n'est peut-être pas encore fini (rires).

Peut-on dire que ton club et toi avez grandi ensemble jusqu'à ces deux titres consécutifs?
Oui, c'est une façon de voir les choses. C'est un processus extrêmement positif de gravir les échelons un à un. Durant des années, nous étions bons, mais il nous manquait toujours un petit quelque chose. Je suis fier d'avoir participé à faire grandir cette organisation. Lorsque j'étais junior, il y avait 6 ou 7 personnes dans les bureaux. Aujourd'hui, je ne sais pas combien ils sont, mais c'est une folie de voir cette évolution.

Photo: freshfocus

On est loin du EV Zoug dans lequel ton père a évolué...
En effet! Il y a joué une saison. À l'époque, le club était en LNB.

Tu as deux enfants. Tu aimerais que la tradition se perpétue?
Ce serait évidemment magnifique. Mon premier enfant est une fille. Elle a trois ans et demi. Mon fils a un an et demi. Il a toute la journée une canne et une balle dans les mains. Mais autant l'un que l'autre devront faire ce qui leur fait plaisir. Si c'est du hockey, je serai là pour les soutenir. Et si dans une quinzaine d'années, ils se retrouvent sur la glace, je serai forcément fier. Mais on n'en est pas là.

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