Les projecteurs se sont éteints de manière abrupte pour Félicien Du Bois. Après une convalescence de plus de six mois pour une déchirure du tendon d’Achille, le Neuchâtelois était revenu au jeu en début d’année. Cette saison 2020-2021 était sa dernière et il avait tout donné pour s’offrir une vraie sortie après deux décennies dans l’élite. Quatre matches plus tard, il s’était fracturé un poignet. Cruel.
Désormais, l’ancien défenseur international se cherche. Et ce n’est pas aussi simple que l’on pourrait l’imaginer. Depuis six mois, Félicien Du Bois travaille dans le mouvement junior du HC Davos. Un poste de coordinateur cantonal bien loin de ce qu’il a connu durant toute sa carrière. «Et je ne suis pas du genre à foncer tête baissée quitte à faire plein d’erreurs, précise-t-il. Je vais plutôt hésiter à me lancer. Je ne suis plus sur la glace, mais plutôt dans le côté organisationnel. Ce qui est tout autre chose de ce dont j’avais l’habitude.»
À l’image de sa carrière
Cette attitude, l’ancien joueur l’a eue tout au long de son parcours de hockeyeur. «J’aurais peut-être pu griller des étapes, mais j’ai préféré progresser à mon rythme, afin de bâtir des bases solides.» Cette patience qui l’a accompagné d’Ambri à Davos en passant par Kloten, il ne la retrouve pas actuellement: «C’est vrai que j’aimerais trouver mon chemin plus rapidement.»
Son problème est justement lié à son C.V. Attablé pour un café dans la station de Davos, il raconte: «Sous prétexte que j’ai joué 19 ans à haut niveau, on aurait tendance à croire que je vais parfaitement m’épanouir et être capable de gérer des projets au niveau de la formation, parce qu’on parle du même sport. Mais je ne l’ai jamais fait durant ma carrière. Moi, mon travail c’était de jouer au hockey. C’est bien différent de ce que j’ai connu en tant que joueur et pas si simple. J’apprends beaucoup de choses, mais je me rends parfois aussi compte de mes limites et, forcément, cela me fait me poser des questions sur la suite.»
Reconversion ardue
Est-ce à dire que les joueurs ne sont pas suffisamment encadrés durant leur carrière pour préparer cette suite? Le Neuchâtelois fait son autocritique: «Lorsque j’étais à Kloten, j’ai probablement raté des opportunités. J’avais du temps et j’étais dans une grande ville où j’aurais pu faire une école. Mais depuis que je suis à Davos, et je ne m’en plains pas, ce n’était plus vraiment possible avec ma famille et le rythme de vie imposé par Arno Del Curto. Il n’y avait pas vraiment de planning, ce qui n’était pas propice à concilier hockey et formation. Je pense que je fais également partie de cette génération qui n’a pas pu tout faire à distance comme c’est aujourd’hui le cas.»
Lors des dernières années de sa carrière, l’ancien arrière n’a pas chômé. «J’ai eu des rendez-vous d’orientation et j’ai forcément réfléchi à la suite à donner à ma vie. Mais tant que tu joues, cela n’est pas pareil. C’est au moment où tu te retrouves dans la situation concrète et qu’il faut prendre une nouvelle direction que cela peut devenir difficile.»
Un job en or refusé
Alors qu’il était en train de se battre pour revenir au jeu au début de l’année, Félicien Du Bois s’est vu proposer le poste de directeur sportif du HCD au moment où Raeto Raffainer a quitté le club pour rejoindre Berne. Plusieurs anciens joueurs tels que Paolo Duca (Ambri), Andrew Ebbett (Berne) ou Christian Dubé (Fribourg) ont accepté une telle transition. Pas lui. «Je ne me voyais pas avoir joué durant sept ans avec certains joueurs et tout à coup négocier un nouveau contrat ou leur dire que je ne voulais plus d’eux ici, précise-t-il. Cette situation m’aurait paru bien compliquée.»
Son «Nein Danke» a hérissé bien des poils. «D'autres auraient accepté sans réfléchir. On m’a demandé comment je faisais pour refuser une telle offre, se souvient-il. Mais je ne regrette pas. Cela ne me semblait pas être le bon moment pour faire ce choix.»
L'éloge de la patience
Quelque temps après sa retraite sportive, Félicien Du Bois avait commencé une école de management du sport à Coire. Il a choisi d’arrêter cette formation début décembre. «Je me suis rendu compte que c’était trop ardu pour moi, du point de vue de la langue. Pourtant, mon allemand est bon à l’oral, mais l’écrit c’est autre chose et j’ai dû accepter que cela me prenait trop de temps.»
Aujourd’hui, il ne tombe pas dans le fatalisme. «Je vais bien et je ne suis pas à plaindre, tient-il à préciser. J’espérais juste que cela avance un peu plus vite. Je dois simplement accepter cette situation et apprendre à être patient même si ce n’est pas dans mon caractère. Je dois me donner le temps de trouver comment m’épanouir.»