Victime des frappes d'Israël
«Ils ont tué son rêve»: au Liban, une footballeuse dans le coma

Une jeune footballeuse libanaise de 19 ans, Céline Haidar, est dans le coma après une frappe israélienne à Beyrouth. Capitaine prometteuse de son équipe, elle rêvait de jouer pour l'équipe nationale et à l'étranger avant cette tragédie.
Publié: 20.11.2024 à 07:33 heures
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Dernière mise à jour: 20.11.2024 à 07:34 heures
Céline Haidar a 19 ans. Elle rêvait d'être footballeuse professionnelle avant d'être touchée par une frappe israélienne au Liban.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Céline Haidar était en passe de réaliser son rêve de représenter le Liban en équipe nationale lorsqu'elle a été blessée dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth. Aujourd'hui, la jeune footballeuse de 19 ans est toujours aux soins intensifs, plongée dans le coma.

Quand les bombardements israéliens ont gagné en intensité sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, il y a quelques semaines, la famille de Céline s'est réfugiée à Baakline, une localité pittoresque nichée dans la montagne.

A Beyrouth pour ses études

«Mais Céline a été obligée de descendre à Beyrouth pour ses études et son entraînement», raconte à l'AFP son père Abbas Haidar, depuis l'hôpital Saint-George dans la capitale libanaise. «Quand il y avait des appels à évacuer et des bombardements, elle quittait la maison, puis y retournait le soir pour dormir», ajoute-t-il.

Samedi, le jour de l'accident, il l'avait appelée pour l'avertir d'un nouvel ordre d'évacuation de l'armée israélienne, qui précède d'ordinaire les frappes, et elle avait quitté la maison. «Puis ma femme m'a appelé pour me dire que Céline était à l'hôpital», lâche-t-il. Elle a été grièvement blessée par un impact à la tête, lors d'une frappe sur son quartier de Chiyah.

Ce jour-là, l'armée israélienne avait pilonné sans relâche la banlieue sud, du matin au soir, y visant au moins 10 sites, notamment à Chiyah.

Le crâne fissuré

La jeune femme s'apprêtait à devenir capitaine de son équipe de première division féminine BFA –Beirut Football Academy – qui a remporté le championnat la saison dernière. Elle devait rallier l'équipe nationale pour ses prochaines compétitions – dont une rencontre avec l'Iran en octobre annulée à cause de la guerre.

«
La frappe était proche, elle a été touchée à la tête
Sanaa Shahroura, mère de la footballeuse
»

Elle avait déjà remoprté en 2022 la coupe féminine de football d'Asie de l'Ouest avec la sélection nationale des moins de 18 ans.

Sur les réseaux sociaux, une vidéo a ému les internautes. On y voit la jeune femme au sol, le visage en sang, tandis qu'un jeune homme agenouillé à ses côtés hurle de douleur. «La frappe était proche (...) elle a été touchée à la tête», confie à l'AFP sa mère Sanaa Shahroura. «Ma fille a une hémorragie cérébrale, le crâne fissuré.»

«C'est une héroïne»

Elle raconte comment Céline lui a demandé samedi de lui préparer un plat qu'elle aimait. «Une heure plus tard, son ami m'appelle pour me dire qu'elle a été blessée», ajoute-t-elle, en sanglots.

«Ma fille est une héroïne, elle va se relever», martèle-t-elle. «Elle rêvait de jouer à l'étranger, elle disait qu'elle voulait être comme Ronaldo et Messi (...) Elle voulait être une star et que tout le monde parle d'elle», poursuit la mère. «Ils ont tué son rêve (...) Désormais tout le monde parle d'elle parce qu'elle est blessée, dans une guerre avec laquelle elle n'a rien à voir.»

Injustice pour les civils

«Les médecins la suivent de très près», confie à l'AFP son père, depuis l'hôpital. «Mais les dommages sont très importants, on espère qu'ils se résorberont progressivement.» «On paie le prix pour quelque chose qui n'est pas de notre faute», regrette-t-il en pleurant.

Israël a lancé fin septembre une campagne massive de bombardements et une offensive terrestre au Liban contre le Hezbollah pro-iranien. Et parmi les victimes selon les médias, de nombreux sportifs ont été tués. La Fédération libanaise de football a suspendu ses rencontres, à l'exception d'un seul match qui a eu lieu.

Le chef de l'équipe BFA Ziad Saadé explique à l'AFP que la joueuse se trouve dans un coma artificiel. «Tout le monde doit prier pour elle, pour qu'elle revienne parmi nous». «Sur le terrain, c'est une battante. Le lien entre la défense et l'attaque», explique son entraîneur Samer Barbari, venu à l'hôpital avec ses joueuses pour apporter leur soutien à Céline. «C'est une fille exceptionnelle et une excellente joueuse», ajoute Samer Barbari. 

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