Un projet sur les bons rails
A Yverdon, le football féminin avance encore plus vite que planifié

Le nombre de joueuses à faire partie de l'académie d'Yverdon Sport Féminin a plus que doublé! Elles sont désormais 115 à être licenciées dans le Nord vaudois, ce qui réjouit évidemment l'emblématique présidente Linda Vialatte. Explications détaillées.
Publié: 16:36 heures
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La première équipe d'Yverdon Sport Féminin vise la promotion en Super League dès les prochains mois.
Photo: Christian António / @LibsVisuals
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Présidente de l'équipe féminine d'Yverdon depuis 38 ans, au gré des changements de noms et de statuts de son équipe de coeur, Linda Vialatte a tout vécu au Stade municipal. Elle a connu le bonheur absolu de voir ses filles soulever deux Coupes de Suisse, a incarné le football féminin dans le canton de Vaud et même en Suisse romande, et s'est impliquée comme personne ne peut en dire autant.

Les jours de match, les spectatrices et spectateurs la croisaient à l'entrée de la tribune, puis entendaient sa voix puisqu'elle faisait office de speakerine, et la voyaient ensuite aller féliciter les joueuses à la fin du match. Et ceci n'était que la partie visible d'un travail hors du commun.

«Toutes mes vacances et mes jours de congé étaient consacrés aux filles. Aller convaincre les sponsors, régler tous les petits problèmes du quotidien...», explique-t-elle cette semaine au Stade municipal, cet endroit dont elle connaît tous les coins et recoins.

Une vision à sept ans, pourquoi?

Depuis quelques mois, «Madame football féminin» peut enfin souffler un peu, elle qui conserve son titre de présidente d'YSF, mais reçoit un véritable soutien logistique, financier, moral et technique puisque le club yverdonnois a décidé de passer de la parole aux actes concrets en présentant cet été le projet «YSF Impact», «une vision à sept ans pour renforcer et professionnaliser l'ensemble de la structure».

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Serait-ce la première fois qu'Yverdon Sport agit véritablement, avec des actes, pour le football féminin? Par le passé, de nombreuses promesses ont été faites, mais sans véritable vision à long terme et, cette fois, les actes sont à la hauteur. Un entraîneur-manager engagé à 100% en la personne d'Arnaud Vialatte, un recrutement à la hauteur des attentes d'une équipe qui vise la promotion en Super League (l'ex-internationale française Maéva Clémaron, arrivée de Servette, entre autres), et des conditions convenables pour les joueuses. La question, un brin provocatrice, ne la gêne pas et c'est sans ciller qu'elle répond par l'affirmative.

Du concret pour la première fois

«Oui, on peut le dire», convient-elle. Elle n'est plus la seule à décider, mais, loin de s'en formaliser, elle s'en réjouit. «Cela permet de préparer la suite et de faire en sorte qu'YSF continue une fois que je ne serai plus là», explique celle qui garde la flamme et continue à être présente à toutes les rencontres, à domicile comme à l'extérieur, et à vibrer pendant les matches, comme s'il s'agissait du premier.

«Linda fait désormais partie d'un comité de trois personnes consacré au football féminin. Elle en est la présidente, j'en suis le vice-président et Martin Andermatt, notre nouveau directeur technique, en est membre», explique Nicolas Cherbuin. Cette organisation a été validée par le propriétaire et président Jamie Welch, qui l'encourage. «Et puis, il y a Arnaud Vialatte, qui participe au développement du projet YSF Impact», précise Nicolas Cherbuin, très content de l'organisation et la structure mise en place.

«Quand nous avons présenté notre projet sur sept ans, beaucoup de monde s'est focalisé sur la première équipe et sur l'augmentation des chiffres d'affluence au stade que nous souhaiterions atteindre (2200 par match en 2031) et que nous avons communiqué ouvertement. Mais pour moi, le plus important dans l'immédiat, c'était surtout le passage lié à l'académie», explique-t-il.

L'objectif: 50% de filles formées au club en première équipe

Pourquoi, au juste? «Parce que nous voulons augmenter le nombre de joueuses formées au club dans notre première équipe, et arriver au chiffre de 50% dans cet horizon de sept ans. Et que pour y arriver, il fallait commencer tout de suite avec la base», détaille Nicolas Cherbuin. La première réussite est en effet là, tangible et concrète: le nombre de filles à faire partie de l'académie est passé de 60 à 115. Un doublement des effectifs qui ravit tout le monde à Yverdon et pose les bases d'un avenir radieux. Ces 115 joueuses débutent à l'école de foot et vont jusqu'aux M20, ce qui donne une pyramide sans trou, mais qui ne demande qu'à s'épaissir encore.

Photo: Christian António / @LibsVisual

«On n'a jamais eu autant de filles licenciées à Yverdon. Avec les Team Vaud, on arrivait à ce chiffre, mais pas toutes seules», se réjouit Linda Vialatte, fière du chemin parcouru et reconnaissante du projet qui se met en place. «Quelque part, je me dis que c'est grâce à tout ce qu'on a fait qu'on peut se développer aujourd'hui.»

Nicolas Cherbuin confirme: «Le projet à sept ans a d'autant plus de force qu'il s'appuie sur une histoire. Yverdon Féminin a été deux fois vice-champion de Suisse et a gagné deux Coupes. Maintenant, on s'appuie sur cette histoire et cette légitimité pour progresser. C'est du solide.» Et cela permet aussi de séduire des partenaires, qui peuvent se projeter. «Le fait d'avoir ce projet à sept ans permet d'aller vers des entreprises et de leur proposer quelque chose de concret et de durable», répond-il. Y a-t-il eu un «effet Euro» perceptible financièrement? «Pas forcément. Et notre projet est justement pensé pour aller au-delà.»

Yverdon Sport Féminin, bien plus que le club d'une ville

Dans les années 2000, Yverdon était le seul club romand en LNA et même en LNB par moments. Depuis, Servette a rattrapé et dépassé le club nord-vaudois, Sion est monté en LNB, Lausanne veut y arriver également. Les joueuses, voilà vingt ans, venaient de Genève et du Valais pour jouer à Yverdon, comme Caroline Abbé, Maeva Sarrasin, Valérie Gillioz et d'autres. L'hégémonie n'est donc plus romande aujourd'hui, mais elle va bien au-delà du Nord vaudois, ce qui est également un argument marketing. «Nos joueuses, nos spectatrices et spectateurs et nos partenaires viennent des cantons voisins, de Neuchâtel, de Fribourg et même du Jura. Nous avons clairement la vocation à représenter ces régions», détaille Nicolas Cherbuin. La communication est également axée là-autour. Une représentante emblématique de Neuchâtel sur le terrain s'appelle d'ailleurs Tanja Bodenmann, attaquante de grand talent qui vient de prendre un peu de recul sur le football pour une bonne raison.

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D'un point de vue strictement sportif, Yverdon Sport Féminin est bien parti cette année en LNB et vise la promotion, sans aucune ambiguïté. Et en Coupe, la réception de Saint-Gall en 8es de finale ce samedi à 18h au Stade municipal s'annonce comme une vraie fête du football, avec deux équipes juniors jouant auparavant sur des terrains annexes.

Plus de 1500 personnes samedi?

«J’espère que nous atteindrons, voire dépasserons, le nombre de spectateurs du dernier match de notre équipe masculine ici-même», sourit Nicolas Cherbuin. Elles et ils étaient 1340 à assister à la rencontre face à Vaduz vendredi dernier «Ce ne sont pas les mêmes prix, pas les mêmes offres, mais quand même, cela veut dire quelque chose.» A l'avenir, et notamment pour les finales de promotion qu'YSF espère disputer en mai prochain, l'idée est de jouer le dimanche à 14h afin de maximiser l'affluence, le dernier jour de la semaine ayant été identifié comme celui le plus porteur de ce point de vue.

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A Yverdon, les filles sont désormais associées à toutes les activités du club, sans distinction. Que ce soit au Gala du club, où elles montent sur scène comme Antonio Marchesano et ses coéquipiers, à la présentation des nouveaux maillots l'été à la plage ou lors des séances de dédicaces, les filles sont traitées d'égal à égal. «Ça aussi, c'est nouveau», se réjouit Linda Vialatte, qui a longtemps recherché cette reconnaissance et la trouve enfin. 


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