Un coup oui, un coup non
Les billets nominatifs divisent le Parlement et les partis

Pour contenir les débordements lors de matches de football, les cantons demandent l'introduction des billets nominatifs. Mais le Parlement n'est pas d'accord sur ce sujet, à l'image du Centre, qui est lui-même divisé sur la question.
Publié: 13:33 heures
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Incidents impliquant des ultras du Servette FC lors à Winterthour en 2024.
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Daniel Ballmer

Ce sont des scènes qui se répètent week-ends après week-ends dans différentes villes de Suisse. En marge des matches de football, de nombreuses violences éclatent aux quatre coins du pays.

Les cantons en ont assez. Ils veulent introduire des billets nominatifs dans les stades, même contre la volonté des clubs. Le Conseil des Etats a voté en décembre une modification de la base juridique – au détriment de la protection des données, élément critiqué par le Conseil fédéral. Ainsi, les casseurs ne devraient plus pouvoir acheter de billet pour un match s’ils sont enregistrés dans la banque de données Hoogan.

A l’avenir, une vérification des données de l’acheteur pourrait se faire directement au moment de l’achat. Les points de vente auraient alors accès à Hoogan. Les partisans du projet estiment qu’il est illusoire de ne contrôler les supporters qu’à l’entrée du stade.

Ce n’est pas le cas du Conseil national, qui débattra du sujet jeudi. Sa commission consultative ne veut pas entendre parler de billets personnalisés. Pour elle, la sécurité des manifestations sportives doit être garantie et il est nécessaire d’agir, mais la réglementation proposée n’est pas efficace.

Au détriment du plus grand nombre

Pour la conseillère nationale du Centre Elisabeth Schneider-Schneiter, la violence dans le football est en recul depuis des années. Si des incidents surviennent, ils se produisent généralement en dehors des stades. Les billets personnalisés n’y changeraient rien.

De plus, leur introduction entraînerait de gros problèmes logistiques, des temps d’attente et un surcroît de travail considérable pour les clubs. Parallèlement, elle émet de sérieuses réserves quant à la protection des données si des données personnelles sensibles étaient transmises à des organismes externes. Pour elle, ce n’est pas la personne qui achète un billet qui est déterminante, mais celle qui se présente à l’entrée du stade. Elisabeth Schneider-Schneiter constate qu’il faudrait alors procéder à des contrôles méticuleux: «Un tel regroupement généralisé des données dissuaderait de nombreux supporters pacifiques», estime-t-elle.

Elle estime en outre que la sécurité autour des stades n’est pas une tâche qui incombe à la Confédération. Au contraire, les instruments existants tels que les interdictions de périmètre ou de stade fonctionnent et doivent être appliqués de manière plus conséquente par les cantons. De même, les clubs peuvent déjà contrôler les cartes d’identité, les comparer avec Hoogan et, en cas de besoin, interdire l’accès au stade. Elle n’estime pas nécessaire de modifier la loi pour cela.

«Les billets nominatifs fonctionneront, si on le veut»

Son collègue de parti Reto Nause est d’un tout autre avis. «Il se passe toujours beaucoup trop de choses au stade. Il y a toujours des incidents graves», déclare le conseiller national du Centre, qui s’est occupé intensivement de la violence des supporters pendant 16 ans en tant que directeur de la sécurité du canton de Berne.

Pour lui, la mise en œuvre n’est pas un problème. Cela se voit par exemple au stade d’Anfield à Liverpool qui compte plus de 60’000 places. «Les billets personnalisés fonctionneront, si on le veut», affirme Reto Nause. Ainsi, dès l’achat du billet, il pourrait être possible de savoir qui est interdit de stade. «Nous voulons créer des obstacles aussi élevés que possible pour les fauteurs de troubles, afin qu’ils ne viennent même pas au stade.»

Mais pour ne pas froisser leurs fans, les clubs et la Ligue font régulièrement marche arrière. Dans ce contexte, Reto Nause lance un appel: «Cela ne doit pas devenir une protection des délinquants.» Comme dans le reste de la société, les billets personnalisés divisent donc le Centre. La violence dans le football devrait être un casse-tête politique pour longtemps encore.

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