Il s'en est fallu de peu pour que le Lausanne-Sport ne soit promu cet été en première division du championnat camerounais. Oui, vous avez bien lu! Après une saison régulière sans la moindre défaite, les joueurs de Samuel Noufessi Tchoutant ont échoué lors de barrages et une défaite rageante contre l'Aigle de la Menoua. Ce triste épilogue n'a pas suffi à gâcher un exercice en tous points remarquable pour le club d'Anguissa, qui avait éliminé le grand Canon Sportif de Yaoundé en 16es de finale de Coupe du Cameroun.
Mais pourquoi ce modeste club du IVe arrondissement de la capitale camerounaise, situé à près de 5000 kilomètres du Pays de Vaud, porte-t-il le nom du Lausanne-Sport? Les dirigeants du LS ont appris l'existence de ce clone il y a quelques mois seulement. Une appellation qui puise son origine, pas vraiment contrôlée, dans les pages jaunies d'un vieux magazine et dans la coupe mulet d'un Stéphane Chapuisat encore jeune espoir du football suisse.
Si Samuel Noufessi Tchoutant porte aujourd'hui la casquette d'entraîneur, c'est aussi lui qui a fondé le club, au début des années 2000. À l'époque, ce formateur s'occupait d'encadrer des gamins d'Anguissa. Des joueurs talentueux qui obtiennent rapidement des résultats lorsqu'ils défient les autres équipes de Yaoundé.
À tel point qu'il devient nécessaire d'enregistrer ce club de quartier auprès de la fédération nationale. «Il a alors fallu trouver un nom», se souvient son cousin Pierre Ngassa Mbadi. Attablé à la terrasse de Chez Mami Loko, l'actuel président directeur général du LSA me raconte cette incroyable histoire lors d'un appel vidéo.
Du grenat dans le logo du LS!
«Au Cameroun, il y a beaucoup d'équipes des divisions amateur qui reprennent des noms d'équipes connues en Europe, comme Manchester United ou le Real Madrid, poursuit-il, au côté de son conseiller Tchouta Romeo, qui porte le survêtement officiel du club. Mon cousin voulait quelque chose de plus original. Pour trouver une idée, il a feuilleté un numéro de «France Football» qui datait de 1989. Il est tombé sur un article qui louait le système de formation du Lausanne-Sport, grâce à des joueurs comme Stéphane Chapuisat notamment.»
Eurêka! Samuel Noufessi Tchoutant se retrouve parfaitement dans cette stratégie du LS – vantée par le légendaire magazine français – qui est axée sur les jeunes joueurs et un esprit familial. Le Lausanne-Sport Académie d'Anguissa est donc officiellement fondé en 2002.
«C'est un joueur de l'équipe, qui travaille dans l'infographie, qui a créé notre logo.» Un blason qui s'inspire librement de l'écusson utilisé alors par le club lausannois, avec ses bandes bleu et blanc. Le graphiste y a pourtant ajouté des touches de grenat. Une couleur utilisée par le grand rival genevois du LS en Suisse: le Servette FC.
Des échanges à venir entre les deux clubs
Pas de quoi offenser Vincent Steinmann. «Cette histoire est complètement mythique», s'amuse le vice-président du Lausanne-Sport originel. Le dirigeant vaudois a découvert l'existence du LSA à la fin de la saison dernière, en recevant un e-mail de son homologue camerounais. «Avant, je n'en avais jamais entendu parler, reconnaît-il. J'ai même fouillé un peu de mon côté et personne n'était au courant au club. Ce qui est dingue, c'est que le Lausanne-Sport ait inspiré quelqu'un aussi loin de la Suisse, à une époque où l'information ne circulait pas de la même manière.»
Le contact est désormais noué entre les deux clubs frères, en partie grâce aux échanges qui ont permis cet article. «On peut imaginer des démarches communes à l'avenir, se projette Vincent Steinmann. Sur un premier plan concret, cela pourrait passer par de l'envoi de matériel par exemple, si le LSA en a besoin, mais tout est encore ouvert.»
Objectif promotion pour les deux Lausanne-Sport!
Du côté d'Anguissa, on rêve déjà d'un partenariat entre Yaoundé et Lausanne. «Vu que nous avons beaucoup de jeunes, nous pourrions pourquoi pas jouer contre l'équipe M21. Peut-être même qu'on pourrait devenir leur club satellite, comme cela se fait de plus en plus dans le football moderne», s'enthousiasme Pierre Ngassa Mbadi, avant d'ajouter en rigolant: «Ce qui est pratique, c'est qu'on a déjà le même nom.»
Le président directeur général suit assidûment les résultats des Lausannois dans le championnat suisse. Il ne peut s'empêcher de grimacer à l'occasion de la pénible saison 2021-2022 vécue à la Tuilière. «Malheureusement, le Lausanne-Sport n'a pas réussi à éviter la relégation, peste Pierre Ngassa Mbadi. Malgré le changement d'entraîneur, Monsieur Casanova n'a pas réussi sa mission. On espère qu'ils pourront remonter dans l'élite dès cette saison.»
Un objectif partagé par le LSA après son récent échec en barrages de promotion: «Ce n'est pas notre mission principale, mais on a la certitude qu’on va le faire, vu la qualité de nos joueurs.» Un effectif toujours axé sur le développement de jeunes talents. «Le plus âgé a 23 ans. Nous avons effectué un stage de détection la semaine dernière et des joueurs sont venus de tout le pays», précise avec fierté le président directeur général.
Son équipe s'entraîne sur un terrain en terre de la mairie, le Stade Malien d’Anguissa. Les matches ont lieu sur la pelouse en herbe de l'annexe du Stade omnisport de Yaoundé. «C'est certain que ça change un peu des infrastructures du Lausanne-Sport en Suisse», conclut le dirigeant camerounais en éclatant de rire.
Le journaliste Yves Tchamadeu connaît bien le Lausanne-Sport Académie d'Anguissa. «C'est un club qui jouit d’une grande crédibilité dans le domaine de la formation au Cameroun, explique l'expert de la chaîne privée Canal2 International. Cette cote est aussi incarnée par l'entraîneur Samuel Noufessi Tchoutant. Il a par exemple révélé le gardien Haschou Kerrido, qui a joué pour le Cameroun au dernier Championnat d'Afrique des nations 2021. D'autres joueurs passés par le LSA ont aussi accompli une sérieuse carrière au niveau national.»
En 2011, le LSA était même parvenu à atteindre l'élite du championnat local. «C’était la première de leur histoire, précise Yves Tchamadeu. Malheureusement, cela n'a pas duré parce qu'il y a eu des mésententes entre le nouvel actionnaire majoritaire et le fondateur. Le club a été contraint de redescendre dans les ligues inférieurs. Avec le retour de Samuel Noufessi Tchoutant, le Lausanne-Sport peut espérer remonter en première division.»
Le journaliste Yves Tchamadeu connaît bien le Lausanne-Sport Académie d'Anguissa. «C'est un club qui jouit d’une grande crédibilité dans le domaine de la formation au Cameroun, explique l'expert de la chaîne privée Canal2 International. Cette cote est aussi incarnée par l'entraîneur Samuel Noufessi Tchoutant. Il a par exemple révélé le gardien Haschou Kerrido, qui a joué pour le Cameroun au dernier Championnat d'Afrique des nations 2021. D'autres joueurs passés par le LSA ont aussi accompli une sérieuse carrière au niveau national.»
En 2011, le LSA était même parvenu à atteindre l'élite du championnat local. «C’était la première de leur histoire, précise Yves Tchamadeu. Malheureusement, cela n'a pas duré parce qu'il y a eu des mésententes entre le nouvel actionnaire majoritaire et le fondateur. Le club a été contraint de redescendre dans les ligues inférieurs. Avec le retour de Samuel Noufessi Tchoutant, le Lausanne-Sport peut espérer remonter en première division.»