Tant pis pour les millions!
YB dit clairement non aux transferts vers la Russie

YB ne fait pas de transfert avec des clubs russes, c'est désormais clair et c'est pourquoi Meschack Elia est toujours à Berne. Un transfert est techniquement possible et rapporterait des millions au champion de Suisse, mais celui-ci renonce pour des raisons éthiques.
Publié: 09.09.2024 à 15:42 heures
Une ligne de conduite claire! Christoph Spycher et YB interdisent à leurs joueurs les transferts vers la Russie. Pour des raisons politiques.
Photo: keystone-sda.ch
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Alain Kunz

Le FK Krasnodar a-t-il vraiment proposé huit millions d'euros à YB pour Meschak Elia cet été? Christoph Spycher ne le confirme pas. 

Meschack Elia veut partir, mais seul Krasnodar se manifeste

Mais c'est un secret de polichinelle que l'international congolais n'est plus tout à fait heureux à YB depuis la Coupe d'Afrique des Nations en début d'année. Il veut partir. Depuis cette date, ses performances sont en baisse. De plus, il a perdu sa place de titulaire depuis que Patrick Rahmen mise sur une attaque à une seule pointe.

L'offre de Krasnodar répond en tout cas aux attentes financières d'YB. Le transfert devrait donc pouvoir se faire. Mais YB dit niet!

Les agents du joueur ont été informés par YB

Spycher à propos de l'offre de Krasnodar: «Nous ne voulons pas la commenter». Le champion suisse le précise : actuellement, aucun joueur n'est transféré en Russie. «Nous n'avons pas l'intention de vendre des joueurs en Russie. Nous l'avons fait savoir à tous les agents avec lesquels nous sommes en relation». Il en a eu connaissance, confirme le conseiller de joueurs Fabian von Matt.

Christoph Spycher poursuit en expliquant qu'il ne veut pas s'avancer sur un terrain trop politique, mais qu'il veut soutenir les sanctions, aussi par solidarité. «Nous espérons en premier lieu que cette guerre, ainsi que toutes les autres guerres, qui signifient tant de souffrances pour tant de personnes, prennent fin».

La position d'YB n'est pas partagée par tous

C'est également ce qu'espère Christoph Graf, président de l'Association suisse des agents de joueurs. Mais il a une tout autre position sur le thème des deals avec la Russie: «A la place d'YB, je vendrais immédiatement Elia à la Russie. Je suis un défenseur de la libre économie de marché, qui est un moteur de la promotion de la paix».

Graf craint une «politisation excessive du sport» et poursuit: «Qui a boycotté les Etats-Unis lorsqu'ils ont lancé la guerre en Irak, contraire au droit international? Je suis également opposé à la peine de mort, qui existe toujours aux Etats-Unis. Néanmoins, je ne boycotte pas pour autant les produits en provenance des Etats-Unis». De plus, le boycott d'YB ne change rien à la guerre en Ukraine, selon l'avis de Graf.

YB a appris de l'affaire Ngamaleu

L'attitude actuelle d'YB est aussi une leçon tirée du cas Moumi Ngamaleu. Celui-ci avait été transféré au Dynamo Moscou en septembre 2022. A l'époque déjà, YB avait eu du mal à laisser partir ce «joueur méritant» (selon les mots Spycher) au pays du belliqueux Poutine. Spycher avait alors déclaré à propos de la question de la moralité: «C'est une question très, très difficile, dont nous avons discuté en détail en interne, également avec Moumi! Mais pour nous, c'est le joueur qui est au premier plan. Et c'était le souhait explicite de Moumi de pouvoir aller à Moscou». De plus, la guerre en Ukraine est vue d'un tout autre œil en Afrique qu'en Europe de l'opuest.

Le PSG a fait venir un gardien de 20 millions de dollars - de Russie !

Mais un transfert en Russie aurait-il été possible en raison des sanctions européennes? En principe, le football n'est pas explicitement soumis à des sanctions européennes. En témoigne le transfert de Matvej Safonov, qui a quitté Krasnodar cet été pour le PSG pour 20 millions d'euros. Ou encore du Français Wilson Isidor, prêté par le Zénith Saint-Pétersbourg au club de Premier League Sunderland, option d'achat comprise. Le club appartient à Kyril Louis-Dreyfus, le fils de Margarita Louis-Dreyfus, la femme forte (et née à Leningrad) de l'empire Dreyfus qui pèse 10 milliards.

Il s'agit toutefois d'exceptions. Si l'on regarde les transferts estivaux du leader du championnat, le Zenit, on constate qu'il y a des transactions avec des clubs du Brésil, d'Argentine, d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Serbie. Autrement dit, tous des pays qui n'ont pas sanctionné la Russie.

Un transfert vers la Russie serait compliqué

Il n'existe pas d'embargo total de la part de l'UE (dont la Suisse soutient les sanctions) sur les transactions avec la Russie. Le club doit simplement veiller à ce que les différents éléments d'un transfert (contrat de transfert et de travail, libération internationale, paiement de la clause libératoire, etc. Mais les pièges sont nombreux. «C'est ainsi», confirme von Matt, qui est juriste. «Depuis la Suisse en particulier, les transferts sont très, très difficiles à mettre en œuvre».

Vers la Suisse, c'est apparemment plus facile. C'est ce que montre le FC Sion avec l'arrivée de l'international russe Anton Mirantschuk (28 ans). Le président Christian Constantin n'a-t-il pas d'objection éthique à recruter un joueur venant d'un pays agresseur? «Je suis d'avis qu'il ne faut pas mélanger le sport et la politique». Il aurait aussi transféré Elia en Russie. YB ne l'a pas fait.

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