Les Constantin sans tabou
«Pourquoi ne pourrais-je pas amener Taylor Swift à Sion?»

Taylor Swift, la vie amoureuse de l'un et de l'autre, le nouveau stade, les finances, la succession du président... Christian et Barthélémy Constantin se livrent sans tabou dans la grande interview de Noël de Blick.
Un père et un fils. Mais aussi un président et son successeur.
Photo: Claudio de Capitani
Alain Kunz (texte) et Claudio de Capitani (photos)

Noël sans la grande interview des Constantin? Ce serait bien triste, non? Blick retrouve le père et le fils les plus célèbres du football suisse chez eux, à La Porte d'Octodure à Martigny-Croix.

Blick: Vous vous souvenez de certains résultats contre Young Boys et Saint-Gall cette saison?
Barthélémy: 2-0 et 1-3.
CC: Pareil. Pourquoi cette question?

Parce que vous dites tous les deux avoir une très mauvaise mémoire des chiffres. Mais pour les victoires, ça semble aller...
Barth: Ça ne vaut que pour les chiffres liés à l'argent!

Par exemple: combien a gagné Mario Balotelli à Sion?
CC: Ouf… Je ne sais plus.
Barth: Moi non plus. Mais mon père pourrait volontiers vous dire combien il gagne sur un transfert. De ce point de vue-là, la mémoire fonctionne encore.

Engager Balotelli a-t-il été votre plus grande erreur?
CC: Je ne peux pas dire autre chose.
Barth: Sur le moment, oui, c’était une erreur. Et nous sommes descendus. Mais cela nous a permis de remettre de l’ordre et de mieux nous positionner pour l’avenir.
CC: L’apprentissage de Barthélémy comme directeur sportif me coûte très cher, avec des contrats fous comme celui de Balotelli, comme vous pouvez le constater.

Êtes-vous satisfait de votre directeur sportif?
CC : C’est un métier compliqué. Même à 50 ou 60 ans, on ne sait pas tout. Moi non plus. Les générations évoluent, il faut rester à jour: langues, modes, mentalités. Ensuite, il faut savoir gérer les gens. Et beaucoup gravitent autour de vous, parce qu’il y a beaucoup d’argent en jeu.

Vous parlez des langues. Vous n’en parlez pas beaucoup vous-même. Seriez-vous donc un mauvais directeur sportif?
CC: Je suis né président.

Qu’en est-il aujourd’hui de votre allemand et de votre anglais?
CC : Statu quo. Mais Barth les parle. J’ai décidé que le français était une langue universelle.

Qui a le dernier mot sur les transferts?
CC: Personne n’a le dernier mot. Barth me dit quels joueurs il veut. Je vérifie s’il a bien tout analysé et je le mets en garde si nécessaire.

Mais au final, c’est quand même celui qui paie qui décide.
Barth: J’ai aussi le droit de signer…
CC: … et le directeur sportif travaille très étroitement avec celui qui finance.
Barth: Nous nous parlons deux fois par jour, peu importe où nous sommes. Ça facilite beaucoup les choses.
CC: Et surtout, il ne s'enrichit pas sur les transferts, comme beaucoup de directeurs sportifs.

C’est une pratique répandue?
Barth: Oui. Beaucoup gonflent les montants pour toucher leur part.

Auriez-vous imaginé que cela fonctionnerait aussi bien, alors que Barth n’a pas terminé ses études?
CC: Il était au collège, mais ne voulait pas étudier. J’ai dit à ma femme Carole: «S’il veut imiter quelqu’un, que ce soit moi. Qu’il vienne faire son apprentissage chez moi.» Au collège, il n’aurait jamais connu l’odeur d’un vestiaire.

Ni celle d’un restaurant ou d’un hôtel.
CC: Il a aussi connu ça. Je l’ai fait travailler ici.
Barth: J’ai même été serveur, oui.

Photo: Claudio de Capitani

Vous avez investi 150 millions de francs dans le FC Sion. Cela en valait-il la peine?
CC: Absolument. Cela m’a apporté une notoriété que je n’aurais jamais pu atteindre autrement. Et cela a énormément aidé mes affaires.

Cela aidera-t-il aussi Barth, votre successeur désigné?
CC: Ce club est une affaire d’héritage. Et il est le seul héritier masculin. Ses sœurs ne sont pas dans le business.

Donc c’est logique.
CC: Bien sûr. Personne d’autre que Barth ne doit reprendre.

Et vous avez clamé cette intention dès votre plus jeune âge, lorsque vous vous êtes assis sur un fauteuil à 18 ans et que vous avez dit: «Je veux devenir président!»
Barth : Où était-ce ?

En Calabre, lors d’un camp d’entraînement dans la patrie de Gennaro Gattuso.
Barth : Maintenant je me souviens. Et c’est le journaliste que la moitié de la Calabre voulait tuer parce qu’il avait décrit la région comme un repaire mafieux… Comment s’appelait-il déjà? Sandro?

Oui, Sandro Inguscio.
Barth: Comment va-t-il aujourd’hui ?

Il est l'un des big boss de Blick, Chief Digital Officer.
Barth: Transmettez-lui mes salutations.

Je le ferai.
Barth: C’était le premier article sur moi.

Photo: Claudio de Capitani

En parlant de Gennaro Gattuso justement, vous n’étiez pas d’accord à l'époque.
Barth: J’avais 18 ans, aucune expérience. Aujourd’hui, j’en ai 31.

Vous étiez fan.
Barth : C'est normal.

Et Christian, vous vous êtes trompé sur Gattuso. Aujourd'hui, il est commissario tecnico, entraîneur national.
CC : Mais je l'ai quasiment formé. Et je l'ai ensuite amené à Palerme.

Peut-être le croiserez-vous à Los Angeles…
CC: Si l’Italie se qualifie, j’irai. Je ne peux pas manquer un duel à ce niveau entre deux de mes anciens entraîneurs.

Ce serait un voyage plutôt sympa! Mais Barth, lui, parcourt le monde en ce moment pour le club, il travaille.
CC: Oui. Et il se présente comme le propriétaire. Cela lui ouvre beaucoup de portes.

Quand lui transmettrez-vous le club? À 77 ans?
CC: C’est un bon chiffre. Juste avant 80.

Le stade devrait alors être là...
Oui. Le nouveau stade sera inauguré en 2030.

Où en est le projet?
CC: J’ai acheté une partie d’une école pour l’Academie. Les terrains sont définis, les études presque toutes terminées. On commencera au premier semestre 2026.

Des obstacles politiques?
CC: Non, nous ne demandons pas d’argent public. Mais il y aura la mise à l’enquête, et les oppositions peuvent se réveiller.

Comme à Zurich.
CC: Le cas y est différent, plusieurs personnes sont opposées à l'architecture avec les hautes tours.

Photo: Claudio de Capitani

Mais apparemment, il manque encore des détails à votre nouveau stade. Sinon, pourquoi devriez-vous parcourir le monde?
Barth: Je suis allé en Arabie saoudite, en Chine, à Hong Kong, à Tokyo. Je suis aussi souvent allé aux Etats-Unis. Tout cela pour le stade et un peu pour l'hôtel. Nous ne voulons pas être à la traîne, même en matière d'IA, c'est pourquoi je vais voir les arènes les plus modernes.

Il y a donc encore beaucoup de questions en suspens?
CC: Ce n'est pas un stade, c'est un projet de territoire! Ce sera le cœur de tous les événements en Valais, sauf ceux qui se déroulent en montagne. Je veux attirer 800'000 à 850'000 personnes au stade chaque année. Le potentiel pour le football est de 350'000 au maximum. Pour le reste, il faut d'autres activités qui n'existent pas encore au niveau suisse.

Par exemple?
CC: Une projection d'hologrammes qui donne l'impression que Michael Jackson a été ressuscité. Pour cela, il faut un hôtel adéquat, accessible en une heure de vol depuis Sion. Le Capo San Martino à Lugano, que je veux également ouvrir en 2030 avec un panorama comme il n'en existe nulle part ailleurs en Suisse.

Que faites-vous concrètement en Chine?
Barth: Il s'agit de robots, car le nettoyage du stade doit être pris en charge par eux. Et de drones qui te nettoient les baies vitrées.
CC : Beaucoup des événements prévus doivent avoir lieu en hiver. Les stations de ski valaisannes bénéficient d'un enneigement garanti grâce à leur altitude. Les gens y viendront de plus en plus. Le stade devra donc être chauffé. Quand Barth va à Dallas, il regarde l'inverse: comment refroidir un stade. La technologie est similaire.

On verra donc Taylor Swift en Valais?
CC: Pourquoi pas? Deux concerts si nécessaire. J’ai bien fait venir Andrea Bocelli au gala de la choucroute… Je vais donc probablement aussi emmener Taylor Swift dans le stade le plus moderne du monde.

Vous avez toujours votre jet?
CC: J’en ai commandé un nouveau.

Un Piaggio aussi?
CC: Bien sûr. Regardez.
(Il montre une photo.)

Cool! Mais vous ne pouvez pas aller aux États-Unis, n'est-ce pas?
CC : Si. Il faut faire le plein à Reykjavik. Ensuite, on peut aller à New York.

Barth, vous ne le prenez pas pour aller à Riyad ?
Barth : Non. Je prends des avions de ligne.

Vous allez prolonger Didier Tholot?
CC: Nous n’en avons pas encore discuté. Nous avions convenu d'un cycle de trois ans, jusqu'à la fin de cette saison. Didier avait alors dit que ce serait fini. Peut-être qu'il voit les choses différemment maintenant, je ne sais pas.

En fait, il est incroyable que vous ayez le même entraîneur depuis deux ans et demi. Comment Barth a-t-il réussi à vous faire rester aussi calme?
CC: Il m'a fait une piqûre.

Il n'y a plus de scandale à Sion, que se passe-t-il?
CC: La dernière folie, c’était Balotelli.
Barth: C’est quelqu’un de gentil. Quand il est en Suisse, il m'appelle pour aller manger.
CC: C'est quand même un garçon perdu, qui n'a pas eu de discipline dans son éducation au cours de sa vie. Un bon gars, qui est beaucoup de choses, mais qui n'est plus footballeur.
Barth: De tels transferts ne sont plus possibles. J'ai fixé un plafond salarial. Celui qui veut ne serait-ce qu'un centime de plus ne signe pas à Sion.

Et si un joueur comme Xherdan Shaqiri avait eu envie ?
Barth: Pour l'instant, nous avons un effectif qui fonctionne bien. Il n'y a aucune nécessité de le faire venir.
CC: Mais si Shaq avait dit que Sion l'intéressait, tu aurais étudié le dossier de près.
Barth: Dans ce cas, oui. Nous étions tout près d'un transfert similaire. Nous avons rencontré Ricardo Rodriguez à Zurich. Il s'en est fallu d'un cheveu pour qu'il signé cet été. Mais maintenant, c'est trop tard.
CC : Et nous avons aussi rendu visite à Ivan Rakitic à Séville avant qu'il ne parte pour Split.

Et surtout Joyeux Noël!
Photo: Claudio de Capitani

Que signifiaient pour vous les fêtes de fin d'année?
Barth : Nous passons le réveillon et le jour de Noël en famille. Ce sont toujours des super-moments.

Êtes-vous impatient?
Barth : Je me réjouis de toutes les bonnes choses que ma mère va préparer.

Cela vous rend-il mélancolique?
CC: On ne peut pas passer les fêtes sans se souvenir de ses parents qui ne sont plus là. Mais c'est le cours de la vie. Je pense que oui, on devient mélancolique.

Vous souvenez-vous aussi de votre propre enfance? Vous avez grandi dans des conditions modestes. Était-ce à Ayent, donc dans les montagnes?
CC : Non. Mon père est d'Ayent, mais il était déjà descendu à Martigny avant que je ne naisse.

Vous, en revanche, Barth, vous avez grandi à l'abri du besoin. Pouvez-vous vous imaginer comment votre père a grandi?
Barth: C'est difficile. On connaît cette époque, oui. Mais seulement par des récits. On nourrit son propre imaginaire.

Et vous continuez à faire la fête avec Carole, votre femme, dont vous vous êtes séparé? Même si vous n'êtes pas divorcé, la situation est tout de même particulière.
CC: J'ai plus qu'une bonne relation avec elle.
Barth: Elle travaille en effet avec nous. Je l'ai engagée dans l'ère post-Covid pour remettre l'hôtel en état.
CC: Elle gère l'hôtel. Et elle s'occupe du riad à Marrakech.

Pardon?
CC : Oui, je construis un riad au Maroc, un hôtel-palais avec une cour intérieure.

Votre amie Emma Collombin sera aussi à la table familiale?
CC: Bien sûr, comme toujours.

Et vous, Barth, votre état civil est-il toujours officiellement célibataire?
Barth: Absolument! Ce n'est pas une priorité. Je préfère actuellement être libre de mes mouvements et ne pas avoir de responsabilités. Ma famille, c'est papa, maman, mes deux sœurs et mon neveu. Actuellement, j'ai plus de plaisir à gagner un match qu'à rentrer chez moi le soir.

Mais vous êtes un des célibataires les plus convoités du Valais. Vous rencontrez des femmes de temps en temps?
Barth: Bien sûr que j'ai un rendez-vous de temps en temps.
CC: Et les filles viennent chez lui pour garder les chats. C'est comme ça que ça se passe.
Barth: Ou mon ex-petite amie.

Quel est votre souhait pour les fêtes?
Barth : Continuer à travailler, atteindre ses objectifs avec de belles émotions. En commençant par le top 6.
CC: Que Dieu nous laisse la santé. Et que l'on s'occupe du reste.

Super League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Thoune
FC Thoune
19
16
40
2
FC St-Gall
FC St-Gall
19
16
37
3
FC Lugano
FC Lugano
19
5
33
4
FC Bâle
FC Bâle
19
8
32
5
Young Boys
Young Boys
19
0
29
6
FC Sion
FC Sion
18
4
27
7
FC Zurich
FC Zurich
19
-7
24
8
FC Lucerne
FC Lucerne
19
0
21
9
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
18
0
21
10
Servette FC
Servette FC
18
-6
20
11
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
19
-9
17
12
FC Winterthour
FC Winterthour
18
-27
10
Tour final
Tour de relégation
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