Le Genevois est de retour!
Kastriot Imeri: «Oui, j'ai pensé à tout laisser tomber»

Kastriot Imeri est de retour, après avoir pris du retard sur le tableau de marche. Les portes d'une grande carrière étaient en effet grandes ouvertes pour ce talent du football suisse, mais son évolution a été freinée par de graves blessures. Interview confession.
Publié: 14:03 heures
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Dernière mise à jour: 14:04 heures
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Nouvelles couleurs: depuis août, Kastriot Imeri joue en rouge. Prêté par YB, il continue d'habiter à Berne.
Photo: Pius Koller
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Simon Strimer

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Blick: Kastriot Imeri, avant votre arrivée à Thoune, vous y étiez déjà venu 60 ou 70 fois depuis Genève, où vous êtes né! Expliquez-nous...
Kastriot Imeri: C'est vrai, car une grande partie de ma famille vit à Thoune. Tous mes oncles et tantes du côté paternel. Tout petit déjà, je venais souvent ici.

Comment ont-ils réagi en apprenant que vous aviez signé?
Je suis très proche de mon grand-oncle à Thoune. Après la signature du contrat, il a été le premier à me voir. Je suis allé directement prendre un café avec lui. Mais il savait déjà tout, car il avait téléphoné à mon père.

Parlons de la famille. Est-il vrai qu'à l'époque, à Genève, vous avez longtemps partagé la chambre de votre petit frère?
J'ai d'abord partagé la chambre de la maison familiale avec ma grande sœur. Ensuite, elle s'est mariée et a déménagé chez son mari. J'ai donc partagé la chambre avec mon petit frère.

Cela a-t-il été le cas jusqu'à votre arrivée à YB à l'été 2022?
Oui, jusqu'à l'âge de 21 ans, j'ai dormi dans la même chambre que mon petit frère.

C'est une histoire unique. A l'époque, vous étiez déjà footballeur professionnel depuis des années.
J'étais déjà professionnel à 17 ans. A l'époque, je partageais encore la chambre avec ma sœur, puis avec mon frère. C'est une belle histoire qui montre la cohésion de notre famille. J'aime me remémorer cette époque.

Revenons à Thoune. Comment ce transfert a-t-il eu lieu?
J'ai beaucoup parlé avec l'entraîneur Mauro Lustrinelli, que je connais très bien et que j'apprécie depuis l'époque de l'équipe nationale M21. Nous nous sommes parlés plusieurs fois au téléphone. Il a été mon premier contact et a joué un grand rôle dans ce transfert. Mais je remercie toutes les personnes concernées pour leur confiance.

Le roi des coups de pied arrêtés: à peine arrivé à Thoune, il est déjà l'homme des coups francs et des corners.
Photo: Pius Koller

Le début de championnat se passe bien! Arrivez-vous à trouver une explication rationnelle à cette bonne entame?
Les joueurs ici savent qu'ils ne sont peut-être pas au niveau technique de Bâle, YB, Servette et des autres. Mais il y a ici une énergie que je n'ai encore ressentie nulle part ailleurs.

Vraiment?
Oui. Tout le monde veut la même chose. Pour être performant, dans le football comme dans la vie, il faut une motivation. Ici, il y en a une, très forte: le club est une famille. Je n'en dis pas plus, car les autres équipes commenceraient à comprendre.

Pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné comme prévu à YB, alors que le club avait déboursé une somme record pour vous faire venir de Servette?
Lors de la première saison, mes statistiques n'étaient certes pas exceptionnelles, mais pas mauvaises non plus. Lors de la deuxième, j'ai eu une grosse blessure au genou et des opérations. Et la concurrence dans l'équipe était énorme. Mais YB ne m'a pas fait de mal, je n'ai pas fait de mal à YB, cela n'a simplement pas si bien fonctionné. J'ai beaucoup appris durant cette période.

On a pu entendre que la blessure au genou vous a fait souffrir mentalement à l'époque.
Je ne reconnaissais plus ma jambe, j'ai perdu 60, 70% de mes muscles. Tu dois rester à la maison et ne pas bouger. En plus, c'était l'hiver et il faisait nuit à 17h. C'était dur, tout comme la rééducation. Mais le mental était encore plus compliqué, oui. Heureusement, j'avais ma famille. Je peux dire que je les ai appelés très souvent et que j'ai parfois pleuré au téléphone. J'ai dit que j'en avais marre. Après une blessure, on en enchaîne une autre. A un moment donné, on en vient à vouloir tout laisser tomber.

Etiez-vous vraiment sur le point de tout laisser tomber?
J'en avais assez du football. Et je pense que beaucoup de footballeurs vivent des choses similaires à un moment ou à un autre de leur carrière. Vraiment arrêter? Non. Cela reste ma passion, mon travail. Mais il y a eu des moments où j'ai voulu abandonner. C'est précisément dans ces moments-là que j'ai eu un coup de pouce mental. Et justement, heureusement que ma famille était là.

Les parents ont-ils souvent fait la route de Genève à Berne pour être avec vous?
Oui. Ils ont fait un travail énorme. Souvent, je n'allais pas bien. Et je suis du genre à cacher mes émotions négatives. Quand je suis content, ça se voit. Quand je ne le suis pas, on le sent, mais on ne le voit pas. Mais comme mes parents m'ont élevé, ils ont bien senti chaque fois que j'allais mal.

Et ensuite?
Ils n'hésitaient pas à prendre la voiture après le travail pour être avec moi - pour ensuite repartir de Berne à la maison dans la nuit. Sachant que mon père se levait tous les matins à 6hpour aller travailler. Il rentrait à la maison à 2, 3, ou 4h du matin. Je lui en suis reconnaissant tous les jours.

Des souvenirs remontent à la surface lorsque Blick montre à Kastriot Imeri une photo de 2018 du temps où il jouait à Servette.
Photo: Pius Koller

Reconnaissez-vous cette photo?
Wow, c'était lors d'une de mes premières interviews.

Je vous montre cette photo parce qu'on vous a demandé à l'époque quels étaient vos objectifs de carrière. Contrairement à la plupart des footballeurs, vous n'avez pas cité de club, mais l'objectif que vos parents n'aient plus à travailler. Qu'en est-il?
Tous les footballeurs qui connaissent l'importance de la famille pensent comme moi. Ils veulent soutenir la famille, même si les parents ne veulent pas de l'argent de leurs enfants. J'ai toujours la même ambition qu'à l'époque. Certes, mon père travaille encore, car mes parents veulent gagner leur vie eux-mêmes. C'est bien, car cela me montre que j'ai une famille très soudée et que l'argent est secondaire. Mais j'ai réussi à ce que ma mère ne soit plus obligée de travailler.

Vous en êtes fier, n'est-ce pas?
Oui, beaucoup. Je sais d'où je viens. Cela n'a pas été facile. Quand j'avais 13-14 ans, j'étais l'un des plus faibles techniquement au Servette.

Vraiment? C'est difficile à croire aujourd'hui.
Mais c'est vrai. Sur le terrain, j'étais un pitbull. J'ai ensuite beaucoup travaillé individuellement pour acquérir la technique et m'améliorer sur coup de pied arrêté.

Kastriot Imeri en 2018. Cette image de sa commune natale, Meyrin, est très importante pour lui.
Photo: Servette FC

Et cette image?
Elle me fait quelque chose. C'est ma maison, celle dans laquelle j'ai grandi quand j'étais petit. Et juste derrière se trouvait l'école. Chaque fois qu'il pleuvait ou qu'il neigeait, j'allais à l'école. Mais quand il faisait beau, j'allais au stade. Je restais dehors jusqu'à 23h. Tous les jours. Pendant six ou sept ans. Souvent seul aussi. Mon père ne m'a jamais acheté de matériel d'entraînement ou quoi que ce soit. Je cherchais toujours des bouteilles dans les poubelles et je les posais par terre pour m'entraîner au slalom. Plus tard, j'ai été le seul garçon du quartier à avoir la possibilité de jouer au foot avec des jeunes de 24 ou 25 ans jusque tard dans la soirée. J'avais alors 12 ou 13 ans, c'est pourquoi je dis que je sais d'où je viens.

On dit souvent de vous que vous êtes un joueur sensible, plus que la moyenne. Un joueur qui aurait besoin d’un cadre très stable pour exprimer son meilleur niveau. Est-ce une image qui vous correspond?
Je ne suis pas un monstre sans émotions. Mais prétendre que je dois être placé dans un cocon protégé pour bien jouer? Je ne le dirais pas comme ça. A Servette, j’ai passé deux ou trois ans sur le banc à attendre ma chance, sans jamais lâcher. J’ai énormément appris ces dernières années. Quand on vit seul pour la première fois à 21 ans, ce n’est pas évident, surtout quand on est quelqu’un de très attaché à sa famille. Mais finalement, j’aime bien que certains aient cette perception de moi: cela veut dire que je parviens à garder ma vie privée pour moi.

Vous avez des secrets?
Oui, comme tout le monde. Et surtout, comme tous les magiciens en ont.

Super League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
6
10
15
2
6
5
13
3
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4
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11
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12
6
-9
2
Tour final
Tour de relégation
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