«Je suis toujours resté serein»
Dylan Bronn, de la plage de Cannes à trois Coupes du monde consécutives

Qui est vraiment Dylan Bronn? L'international tunisien, déjà assuré de disputer une troisième Coupe du monde consécutive, s'est longuement confié à Blick cette semaine. Entretien en profondeur avec un homme heureux d'être revenu à Genève cet été.
Publié: 07:36 heures
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Dernière mise à jour: 07:37 heures
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Dylan Bronn et le SFC reçoivent le FC Bâle ce dimanche à 14h au Stade de Genève.
Photo: keystone-sda.ch
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Sous contrat jusqu'en juin 2027 avec le Servette FC, le défenseur central Dylan Bronn (30 ans) fait forte impression depuis le début de saison. Costaud dans les duels, fort dans l'anticipation, l'international tunisien (42 sélections et 2 buts, dont l'un inoubliable face à la Belgique lors de la Coupe du monde 2018) a accepté de se confier à Blick cette semaine au Stade de Genève.

Dylan, vous avez une particularité parmi tous les joueurs de Super League. Vous avez une idée?
Celle d'avoir marqué en Coupe du monde, c'est ça?

Non, Xherdan Shaqiri l'a aussi fait! Mais la réponse est dans le thème: vous êtes le seul joueur de Super League déjà assuré de participer à la prochaine!
C'est vrai qu'on s'est qualifiés déjà lors de la dernière trêve. On est évidemment super contents, on se qualifie tout le temps pour la Coupe d'Afrique et là, ce sera notre troisième Coupe du monde d'affilée. C'est toujours très difficile en Afrique, tu dois aller chercher ta qualification sur des terrains compliqués, face à des pays qui ne te font aucun cadeau, avec des longs voyages parfois. C'est chaud! Se qualifier avant la fin, c'est une performance dont nous sommes fiers.

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Aller gagner au Libéria et au Malawi, aller faire nul en Namibie... C'est comment?
Les gens négligent un peu le football africain, mais c'est clair que c'est extrêmement difficile. On joue dans des conditions... Suivant les matches, il y a la chaleur, mais aussi l'humidité. Et toi, tu dois jouer des matches à haute intensité, ce qui rend les choses plus compliquées. Arriver à s'en sortir à chaque fois, c'est une grande fierté. Et ça ne va pas de soi, il ne suffit pas juste de sortir de l'avion et de jouer.

Quand Jamie Carragher dit que Mohamed Salah n'a jamais rien gagné de significatif avec son pays, car la CAN n'est pas une compétition importante, ça vous vexe?
Chacun pense ce qu'il veut... Nous qui sommes sur le terrain, on sait ce que ça vaut, on sait ce que ça représente. Je ne peux pas être touché par ça. Mohamed Salah est un immense joueur, qui a gagné la CAN, une compétition qui n'est vraiment pas simple à gagner, et lui aussi il galère parfois dans ces matches de qualification.

Le Maroc et l'Algérie ont plusieurs stars dans leur effectif, la Tunisie un peu moins. Et pourtant, vous êtes toujours là! Comment l'expliquez-vous?
C'est vrai qu'on est toujours là (rires). On est un collectif hyper-soudé, une vraie équipe. On est chiants à jouer, pardonnez-moi l'expression. Défensivement, on est assez bons, on a un bloc compact et joue les coups à fond. On n'a pas un joueur plus important que l'autre et c'est peut-être ce qui fait qu'on ne parle jamais de nous. Mais on arrive toujours à être là... Il faut en profiter, on vit une belle période. On a un super coach, un super staff, le bureau de la Fédération qui fait un super travail. On voit les résultats sur le terrain.

Quand le Maroc va en demi-finales de la Coupe du monde, vous le vivez comment? Vous êtes jaloux? Vous êtes heureux pour eux?
Jaloux surtout pas! Je n'aime pas ce sentiment et je ne veux pas l'éprouver, cela voudrait dire que j'ai de la haine et moi et que je suis une mauvaise personne. Non, on est contents pour eux et on se dit surtout que c'est possible aussi, ça nous montre ce qu'on doit faire pour nous aussi progresser et se dire que c'est atteignable. Il faut s'inspirer d'eux, pas être jaloux. Une demi-finale de Coupe du monde, c'est impressionnant... Si on y arrive nous aussi, on serait les rois du pays à jamais (rires). Pour l'instant, on n'a encore jamais réussi à sortir des poules, on espère que ce sera pour l'été prochain. Ce sera notre objectif.

On connaît la rivalité entre l'Algérie et le Maroc. Vous la vivez comment, en Tunisie? J'ai l'impression que c'est moins marqué chez vous, je me trompe?
Nous, on est amis avec tout le monde (rires)! On n'a pas vraiment de rivalité comme ça... Enfin si, il y en a une qui est en train de naître avec la Guinée équatoriale. On vient de se qualifier chez eux, en plus, en gagnant à la dernière seconde. Avec eux, ça fait bien cinq ou six ans que les matches sont très disputés, à la limite de l'affrontement sur et en dehors du terrain. Pour l'instant, on s'en sort à chaque fois.

Neymar a appris ce que voulait dire disputer un duel face à Dylan Bronn.
Photo: Getty Images

Les fans, ils sont blasés maintenant, avec cette troisième qualification d'affilée? Ou ils sont encore à fond?
Ils sont tout sauf blasés (rires). La ferveur est toujours aussi grande, croyez-moi. Déjà en 2018, en Russie, ils étaient tellement nombreux, alors que le voyage était long. En 2022 au Qatar, c'était de la folie pure, il n'y avait que des Tunisiens dans le stade. Et là, dans ces qualifications, on ressent un immense enthousiasme. Le stade est rouge à chaque fois. Et il y a de la pression. Ils veulent qu'on ait des résultats. Ils aiment le foot, c'est ce qu'ils ont de plus cher en eux. Ils sont à fond derrière nous, on le ressent.

Aller voir un match en Tunisie, ça doit être quelque chose...
Oui, et même en club. Aller voir le Club africain et l'Espérance de Tunis, c'est une belle expérience. Les fans sont impressionnants, ils n'ont pas d'équivalent.

Quand Henryk Kasperczak vous appelle en 2017 pour jouer avec la sélection tunisienne, vous dites oui tout de suite?
Oui, bien sûr. Direct. Il n'y a eu aucun doute. Quand j'étais petit, je regardais les matches, j'étais un supporter de la Tunisie, je portais le maillot. Et puis, c'était une évidence par rapport à ma mère aussi. C'est elle qui m'a ramené au stade toute ma vie, qui me conduisait dans toute la France pour jouer des tournois et y assister ensuite sous la pluie, dans le froid... Elle m'a accompagné partout dans ce que j'aimais faire. Alors, quand la Tunisie m'a appelé, je me suis dit que c'était incroyable, une fierté immense. J'étais aux Chamois Niortais, en Ligue 2. Etre appelé, c'était exceptionnel.

J'imagine que pour votre mère, voir son fils marquer un but pour l'équipe nationale lors de la Coupe du monde, ça doit être un moment exceptionnel. Ca rembourse d'un coup tous les kilomètres parcourus à travers la France, non?
Oh oui. Mais pas que ce but, même si c'était un moment fort, mais tout le reste. Etre professionnel, jouer ici à Genève. Encore aujourd'hui, elle m'appelle tout le temps pour me demander: «Tu joues ce soir?» Après chaque match, même chose. Mes parents suivent tout. Et oui, ils sont fiers. Et moi aussi, j'ai réussi à les prendre avec moi, à les embarquer dans ce beau voyage qu'est ma carrière. Le football permet aussi de surmonter des périodes difficiles dans une vie, ce qui a pu nous arriver. Ma carrière nous a permis de penser à autre chose, parfois. Le football, ça peut être un médicament et pour ma famille, ça l'a été.

Plus haut qu'Olivier Giroud? C'est oui!
Photo: Defodi Images via Getty Images

Votre père, il est français, c'est ça?
Oui. Il est de Lorraine, pas loin de Nancy. Il a rencontré ma mère à Marseille, où il était venu pour la marine nationale. Elle, elle était venue de Tunisie pour travailler. Ils sont partis à Cannes, où je suis né.

Et donc il est aussi pour les Aigles de Carthage, maintenant?
A fond! Il préfère même regarder la Tunisie que l'équipe de France. Mon père, il faut le rencontrer, c'est un phénomène. Il s'adapte à tout, il est exceptionnel.

Le foot, ça a été une évidence depuis tout petit?
Oui, vraiment. Ma mère a essayé de me mettre au solfège, au piano et à la batterie, comme mon frère et ma soeur, mais les profs lui disaient à chaque fois que ça n'allait pas. Je jouais tout le temps avec mon ballon en mousse, je ne m'intéressais pas aux instruments. Bon, elle m'a amené au foot.

Qu'est-ce qui fait la différence entre un gamin qui commence le foot à 7 ans comme moi et qui ne dépasse pas la sixième division suisse, et un autre comme vous qui va disputer une troisième Coupe du monde? C'est le talent? Le travail? La chance?
Je n'étais pas le plus doué. Mais par contre, j'aime le foot depuis tout petit. J'ai tout le temps joué, avec mes potes, dehors du matin au soir, sans s'arrêter. J'ai vu beaucoup d'amis passer professionnels avant moi. Et moi j'étais toujours dans les divisions inférieures à Cannes. Ca s'est accéléré à mes 18 ans. Je passe en U19 nationaux, puis avec l'équipe première de Cannes, en CFA, la quatrième division de l'époque. Là, j'ai commencé à prendre conscience que peut-être je pourrais y arriver... Mais Cannes a coulé en huitième division et là, je suis allé faire des tests partout en France.

Et le résultat?
Recalé à chaque fois! Alors je suis resté à Cannes, en huitième division. J'ai eu des supers entraîneurs, des gens qui ont compté pour moi. On était amateurs, mais on connaissait le monde professionnel. C'est pour ça que je n'ai pas eu de difficulté en arrivant à Niort. Cannes, c'est un grand club au niveau de la formation, c'est le club qui a sorti Zinédine Zidane, Johan Micoud, Patrick Vieira, Gaël Clichy.... On était dans une division amateure, mais le club était comme un comme professionnel.

Quand vous jouiez dehors avec les copains, vous étiez défenseur?
Non, attaquant bien sûr (rires)! Jusqu'à 13 ou 14 ans, je jouais devant. Ensuite, j'ai reculé. Milieu défensif, défenseur central...

Comme Steve Rouiller!
Oui, on en a parlé, c'est vrai. Nous, les défenseurs, on a l'habitude d'avoir tout le terrain devant nous. Quand on a joué devant, on a un petit avantage, on s'habitue.

Photo: keystone-sda.ch

Bon. Après Cannes, voilà que vous signez à Niort. C'est là le vrai début, non?
Oui. Je rencontre Denis Renaud, une personne qui a compté pour moi. Je dois lui dire merci, parce qu'il a cru en moi alors que j'arrivais de huitième division. J'ai joué tout de suite et j'ai passé une année à Niort. Et La Gantoise me repère. Je dis oui tout de suite. La Belgique, je savais que c'était un bon championnat. Et il a encore grandi depuis.

Et là, vous arrivez à Metz.
Et là aussi, de grandes rencontres. Frédéric Antonetti comme entraîneur, la grande classe. Un entraîneur exceptionnel.

Il a une image de gueulard, pas forcément de grand tacticien...
Et c'est tout faux! Tout faux! Il est extrêmement fort. Je disais souvent que nous, les joueurs, on n'était pas à la hauteur de notre entraîneur. Il aurait dû entraîner des équipes bien plus fortes dans sa carrière, dans des clubs qui auraient dû lui permettre de jouer le haut de tableau. Il a cette image de coach qui joue le maintien et vient sauver un club, mais il est bien plus que ça, je vous assure.

Vous brillez à Metz, puis vous découvrez la Serie A, dans un coin sympa en plus!
La Salernitana, grande expérience! Un top coin pour vivre, trois ans de contrat, juste à côté de Naples. Je joue 25 matches la première saison, j'étais heureux. Mais ça n'a pas duré. Il y avait trop d'instabilité autour du club, c'était impossible. Chaque six mois, ils changeaient tout. Mais c'est un club qui restera dans mon coeur. J'ai aimé le stade, les supporters, la ville, le football italien. J'ai tout adoré. Le seul point négatif, c'était la situation du club. Ca peut être un club merveilleux et j'espère qu'il le redeviendra.

Kvicha Kvaratskhelia face à Dylan Bronn.
Photo: imago/Insidefoto

Alors que vous ne jouez plus du tout, vous êtes prêté à Servette.
On était dix ou quinze joueurs à s'entraîner tout seuls... A la trêve hivernale, mon agent me dit: «Dylan, il faut que tu joues». J'étais d'accord, bien sûr. Il me parle de Servette, ça me plaît tout de suite. J'avais mon grand ami ici, Enzo Crivelli, avec qui j'avais fait toute mon enfance à Cannes qui me dit que c'est top ici, que je vais adorer. J'ai dit oui. Et je n'ai pas regretté. J'ai trouvé un club familial, qui a de l'ambition, et qui est structuré, ce qui n'est pas le cas partout. J'arrive, je joue, on gagne la Coupe de Suisse... Six mois vraiment top.

Au point que vous décidez de revenir cet été, mais en vous engageant pour trois ans cette fois.
Oui, sans hésitation. J'ai fait la saison en Serie B à Salerne, par correction et pour des raisons personnelles. Je trouvais que c'était correct de le faire. Et puis, je suis arrivé en fin de contrat, et comme je savais que Servette était intéressé à m'engager, j'ai dit oui tout de suite. Je n'ai même pas attendu la fin du mercato.

Le niveau du championnat ne vous a pas fait hésiter un peu? Quand on joué en Ligue 1 et en Serie A, on ne se dit pas que la Suisse est un peu petite?
Non, pas du tout. C'est Servette, un grand club. Et il ne faut pas négliger le niveau du championnat. Bâle a battu Stuttgart 2-0 jeudi soir, non? C'est un championnat physique, qui va vite, où tu n'as pas le temps de souffler. En Italie, parfois, les matches c'est tranquille, très tactique, structuré. Ici, non, ça part dans tous les sens. Je suis très content d'avoir signé à Servette.

Au duel face à Davide Adorni et Brescia.
Photo: Getty Images

J'insiste: la première division suisse, c'est plus attirant que le bas de tableau en Ligue 1 ou le haut de tableau en Ligue 2?
Servette, pour moi, oui. C'est un club prestigieux, c'est beaucoup mieux d'être ici. Moi qui ai connu beaucoup de championnats, je peux dire que c'est difficile ici.

Mais il y a tout de même moins de pression populaire en Suisse qu'ailleurs...
En tant que joueur de foot, la pression, tu dois te la mettre toi-même. Mais c'est vrai qu'à la Salernitana, je n'avais jamais connu ça. Le stade toujours plein, les gens debout, jamais assis. S'ils pouvaient rentrer jouer avec toi sur le terrain, ils le feraient. J'avais les frissons en rentrant à l'échauffement.

La différence avec Genève, c'est que le lundi en allant à la boulangerie, la vendeuse ne va pas vous parler du dernier match du Servette FC.
C'est vrai (sourires). Mais je trouve que la situation a évolué positivement depuis mon prêt il y a un an et demi. Je vois plus d'intérêt autour du club, plus de maillots en ville. Je pense que les résultats des dernières années, en Coupe de Suisse et en Coupe d'Europe, ont créé un élan positif. C'est sûr et certain: l'intérêt a grimpé. Après, c'est clair que le stade est un peu grand, mais la ferveur de nos fans est réelle. Il y a de l'ambiance au match, c'est top.

Bon, parlons un peu de cette saison: c'est frustrant de n'avoir plus que le championnat à jouer, non? Vous avez perdu les trois confrontations européennes, en ayant à chaque fois eu la possibilité de passer...
Oui, c'est exactement ça. Ça s'est joué à rien, on a fait des beaux matches et on a perdu sur des erreurs assez bêtes, des faits de jeu. 

Cette saison, je trouve la trajectoire du SFC assez lisible. Des débuts compliqués, des éliminations en Europe face à des adversaires de valeur, la montée en puissance en championnat. En fait, il n'y a qu'un match que je ne comprends pas.
Yverdon...

Oui. Pour moi, cette défaite elle sort de nulle part.
Elle est difficile à expliquer, je suis d'accord. En fait, je pense qu'il faut souligner qu'Yverdon nous a privés de ballon. Ils ont fait un très bon match, c'est une bonne équipe. 

D'accord, Yverdon a été bon et joue bien au ballon. Je vous suis à 100%. Mais au-delà de l'adversaire, j'ai été inquiet de votre performance collective.
Je comprends. Ils ont fait leur match et nous, on ne l'a pas fait. Notre prestation a été catastrophique, mais on a tout de suite relevé la tête. On doit s'en servir, de ce match-là.

Depuis les tribunes, le saut en qualité depuis l'arrivée de Jocelyn Gourvennec saute aux yeux. Et depuis le terrain?
Aussi. Au niveau du jeu, de la confiance. Il a l'expérience de la Ligue 1, il a fait beaucoup de beaux parcours, en Europe et en France. Avec lui, on doit être concentrés de la première à la centième minute. Il a une exigence qui est au-dessus de celle d'autres coaches. Maintenant, il faut qu'on soit dans la continuité.

Jocelyn Gourvennec, un entraîneur qui convainc Dylan Bronn.
Photo: keystone-sda.ch

Il a pris des décisions fortes aussi, en établissant une hiérarchie claire au poste de gardiens, ce qui place le capitaine Jérémy Frick sur le banc. En sortant Steve Rouiller du onze aussi... C'est un sujet de discussion dans le vestiaire?
Pas du tout. Et ce n'est pas comme ça qu'on le ressent. Il n'y pas de statut. Il y a deux semaines, c'était Steve qui jouait et j'étais sur le banc. Pour le poste de gardien, c'est un peu différent, d'accord, il y a une hiérarchie. Mais pour les joueurs de champ, non. Ça peut évoluer à chaque match. Ca dépend de la forme, du moment. Et dans le vestiaire, Steve reste un leader du groupe, comme Yoan Severin, Timo Cognat, Jérémy Frick. C'est comme ça, c'est le football, c'est un vestiaire, parfois tu es sur le terrain, parfois tu sors. C'est normal.

Quand on parle avec vos coéquipiers, ils disent que le vestiaire de Servette est très fort, justement. Il y a ces cadres, dont on parle, et c'est ce noyau qui décide qui peut être intégré ou non. C'est juste comme raisonnement?
C'est le vestiaire le plus facile auquel je me sois adapté! Et je suis sûr que tous les joueurs arrivés de l'étranger pensent pareil. Quand on parle des cadres, je peux dire que je n'ai jamais vu des joueurs aussi gentils et ouverts d'esprit de toute ma carrière. C'est trop facile de s'intégrer ici, les anciens vous font sentir comme à la maison. Sincèrement, c'est aussi pour ça que je suis revenu sans réfléchir à Servette, parce que je savais que j'allais retrouver ces gars. Ils sont exceptionnels.

Mais il faut faire des efforts, quand même? Ca ne va pas que dans un sens...
Bien sûr. Mais ce n'est pas compliqué, croyez-moi. 

On dit que les vestiaires en France sont plus individualistes...
Peut-être dans les grands clubs, je ne sais pas. A Metz, on jouait le maintien, on a toujours été un vrai collectif, on devait être tous ensemble. A Niort aussi, c'était super sain.

Revenons à l'enfance à Cannes...
Je me rappelle d'un moment... A vingt ans, je rentre de la plage un après-midi. J'étais relax, cool. Je ne pensais pas à l'après. Et ma mère me demande ce que je vais faire de ma vie, si je vais trouver un boulot. Je lui réponds: «Mais maman, t'inquiètes pas, je vais être footballeur professionnel.» 

A vingt ans? Vous étiez en quelle division?
En DH (rires), en huitième division. Je sais que ça peut paraître fou, mais j'étais sûr de moi. C'était clair dans ma tête que j'allais réussir et que j'allais avoir ma chance.

Il n'y avait pas de plan B?
Non, le plan B, c'était de se demander à quelle heure aller à la plage avec les potes... Ca peut paraître fou, mais j'ai toujours été serein, même quand les années passaient. Sinon, j'aurais fait prof de sport dans un lycée et j'aurais été heureux aussi.

Photo: IMAGO/Sports Press Photo

C'est beau que ça existe encore ce genre de profils. Un peu à la Adil Rami, aussi...
C'est sûr que je n'ai pas eu le parcours habituel, ça c'est sûr. En fait, j'en parlais encore très récemment avec Timo Cognat, qui a fait le centre de formation de l'Olympique Lyonnais. Il n'a pas eu d'adolescence. Enfin, disons qu'elle a été plus dure. Il était enfermé dans ce centre, du matin au soir, tu vois personne, avec que des gars... Moi, à son âge, j'étais chez moi, j'allais au lycée, je voyais mes potes, des filles, j'allais à la plage et je jouais au foot, je sortais le soir. Et quand j'ai vu que le foot devenait sérieux, j'ai stoppé tout ça et je me suis donné les moyens de réussir. Mais ces jeunes qui sont en centre de formation, quand ils en sortent et qu'ils découvrent les soirées, ils ont envie d'en profiter. Pas tous, hein! Mais j'ai connu des amis comme ça et dès qu'ils sont sortis du centre, ils étaient perdus pour le foot. Moi, c'était l'inverse.

Mais à Cannes, du coup, vous n'étiez pas au centre de formation?
Non, les gars qui venaient de toute la France y étaient, mais moi je n'ai fait qu'une année au centre, en rentrant à la maison chaque soir qui plus est. En fait, j'aurais pu l'intégrer, mais je n'ai pas voulu. Ça a frictionné un peu avec mes formateurs, mais j'ai pris la bonne décision, je ne l'ai regrettée à aucun moment. Ils me disaient que j'étais fou, mais moi je n'avais pas envie, je voulais rester chez moi et c'était le meilleur choix.

On lit souvent dans des interviews que des joueurs ont l'impression d'avoir sacrifié leur adolescence pour réussir. Ce n'est donc pas votre cas...
Pas du tout. Attention, les efforts je les ai fait aussi, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai été sérieux. Mais j'ai eu une adolescence, oui. Et je remercierai toujours l'AS Cannes. C'est chez moi. J'y retournerai après ma carrière, à 1000%.

Ce sera votre dernier club?
Je pense, oui. Et après je resterai au club. C'est ce dont j'ai envie en tout cas.

Vos parents y sont encore?
Oui, toute la famille. Je vais les voir dès que je peux, Genève-Nice en avion et j'y suis. Et veux viennent aussi de temps en temps. Je suis ici avec ma femme et mes deux enfants, deux ans et demi, trois ans et demi. Genève, c'est top, c'est calme, pour la vie de famille, c'est le meilleur endroit.

Super League 25/26
Équipe
J.
DB.
PT.
1
8
4
16
2
8
7
15
3
7
4
14
4
8
-2
13
5
7
3
12
6
8
3
12
7
8
1
12
8
8
2
9
9
7
0
8
10
7
-5
7
11
7
-4
5
12
7
-13
2
Tour final
Tour de relégation
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