Quand Christian Constantin tient un os, il n’a pas pour habitude de le lâcher. Comme il l’avait clamé le 3 mai dernier, suite à la fin de non recevoir de l’ASF de sa demande de rejouer la rencontre de demi-finale de Coupe de Suisse entre le FC Sion et le FC Lugano du 27 avril dernier, laquelle s’était soldée par la victoire des Tessinois (0-2), Christian Constantin a déposé il y a quelques heures un recours contre cette décision auprès du TAS. Un dossier de 34 pages assorti de 147 points censé prouver que l’organe faîtier du football helvétique a tout faux. Le TAS devrait donner sa décision la semaine prochaine déjà, la finale de la Coupe étant programmée le 2 juin, au stade de Suisse, à Berne.
Rappel des faits. C’est un pénalty discutable accordé aux Tessinois qui a déclenché la polémique. Dans son argumentaire, le club valaisan n’avait pas mis en cause la décision de l’arbitre mais celle de l’ASF, responsable de la compétition, de ne pas avoir eu recours au système d’assistance vidéo à l’arbitrage, la VAR, contrairement à l’autre demi-finale, disputée le lendemain, entre le FC Winterthour et le Servette FC. A l’inégalité de traitement qu’a brandie le FC Sion dans sa réclamation, l’ASF a opposé que le stade de Tourbillon n’était pas équipé pour recevoir la technologie en question.
Les arguments sibyllins de l’ASF
«Contrairement aux allégations du FC Sion, le Stade de Tourbillon ne dispose plus d’un équipement VAR en parfait état de fonctionnement depuis la relégation du FC Sion en Challenge League. Il manque par exemple le raccordement au Starnet de Swisscom pour la transmission des signaux des caméras entre le stade et la salle VAR à Volketswil et inversement. De plus, contrairement à ce que prétend le FC Sion, il avait parfaite connaissance de tous ces éléments. Le FC Sion a reçu tant la convocation des arbitres relative au match qu’il devait organiser à Tourbillon contre le FC Lugano que celle concernant le match entre le FC Winterthur et le Servette FC. Cette dernière convocation mentionnait le fait que le match se disputerait sous contrôle de la VAR, alors que la convocation pour le match à Sion ne mentionnait pas la mise en action de la VAR. Les médias s’en étaient d’ailleurs fait l’écho. De plus, la situation avait été strictement identique pour le match de quart de finale entre le FC Sion et BSC Young Boys. En conséquence, le score (0-2) du match FC Sion-FC Lugano est maintenu et la demande du FC Sion, datée du 29 avril 2024, de ne pas homologuer le résultat du match et d'ordonner que le match soit rejoué, doit être intégralement rejetée», peut-on lire dans la missive envoyée le 3 mai par la commission de contrôle et de discipline de l’ASF.
Christian Constantin réfute en bloc
Une somme d’arguments que l’homme fort de Tourbillon rejette en bloc. «L’ASF est d’une mauvaise foi crasse. Non seulement notre stade a été homologué du label A+ pour la saison en cours, ce qui inclut le fonctionnement de la VAR, mais de plus, l’ASF est bien placée pour savoir que le système fonctionne puisqu’il a été mis en service et a été utilisé par l’arbitre le 7 septembre dernier à l’occasion du match ayant opposé l’équipe de Suisse à celle d’Andorre. Pour l’octroi de la licence de l’exercice 2024-2025, la Swiss Football League (SFL) a renouvelé le label A+ le 19 avril dernier, soit huit jours avant le match. Quant aux convocations dont parle la commission de discipline, qui font état de l’absence de la VAR à Sion et de sa présence à Winterthour, nous ne les avons jamais reçues. Enfin, l’argument selon lequel il manquait le raccordement de Swisscom n’est pas sérieux puisque c’est à l’ASF qu’incombe la mission de le demander», détaille Christian Constantin, qui estime que cette dernière confond club et stade de Challenge League.
«Le règlement de la Coupe est clair et je le cite : à partir des huitièmes de finale, l’assistance vidéo de l’arbitrage est utilisée selon les règles de la FIFA et de l’IFAB (L'International Football Association Board), si le stade est équipé pour cela. Or, au risque de me répéter Tourbillon comme la Maladière d’ailleurs, qui accueillent deux clubs de Challenge League, sont équipés pour recevoir cette technologie. D’ailleurs, la SFL vient de nous informer qu’au cas où nous devrions disputer des matches de barrage à la fin de la présente saison, ceux-ci se disputeront avec l’assistance de la VAR. Une preuve ultime que tout le monde sait que Tourbillon est à même de l’accueillir» martèle Christian Constantin.
Le TAS osera-t-il?
Enfin, l’ASF fait valoir qu’en l’absence de la VAR, le FC Sion et le FC Lugano ont joui d’une parfaite égalité de traitement et que comparer ce match avec celui de Winterthour était suranné. Si Christian Constantin est du même avis concernant l’égalité de traitement, il n’a pas du tout la même approche relative à la comparaison entre les deux parties.
«Nous ne comparons pas les rencontres, nous parlons de l’équité de la compétition. Et, à cet égard, avec la VAR d’un côté et pas de l’autre, tant Lugano que nous n’avons pas eu les mêmes chances que Winterthour et Servette d’accéder à la finale. Or, les règles de l’équité doivent être les mêmes pour tous les participants, ce qui n’a pas été le cas. L’ASF a donc violé son propre règlement» estime le Bas-Valaisan, qui conclut que l’ASF était tenue de mettre la VAR à Tourbillon et qu’à défaut, la partie doit être rejouée.
Sera-ce également l’avis du TAS? «S’il s’en tient au droit et non à la défense de l’institution, sa décision devrait nous être favorable» soutient Christian Constantin. L’instance suprême aura-t-elle la volonté de mettre ce caillou pour moins encombrant dans la chaussure de l’ASF? Poser la question, c’est presque y répondre…Mais l’espoir est permis.