Le meneur de jeu de Lugano Anto Grgic (28 ans) est un phénomène… quand il s’agit de tirer un penalty. Jeudi en Conference League, il l’a encore démontré face à Celje, inscrivant son 18e but consécutif dans cet exercice. Si l’on ajoute sa réussite lors de la folle séance de tirs au but en finale de Coupe 2024 contre Servette, son total grimpe même à 19. Une série qui le place non seulement parmi les meilleurs en Suisse, mais aussi au niveau mondial.
Actuellement, seuls deux joueurs ayant évolué la saison dernière dans un championnat du top 5 et en équipe nationale font mieux. Anto Grgic reste encore loin d’Harry Kane, auteur de 30 penalties réussis de suite en match officiel avec le Bayern. Son récent raté contre Tottenham en amical n’entre pas en ligne de compte. Depuis 2000, personne n’a aligné une série plus longue que l’Anglais.
Même «Monsieur Penalty» est impressionné
Même Geir Jordet, professeur norvégien de psychologie du sport et grand spécialiste du sujet, salue la réussite d'Anto Grgic. Surnommé «Monsieur Penalty», il a étudié tous les tirs au but des Euros et des Coupes du monde, et publié l’ouvrage Unter Druck («Sous pression: ce que la psychologie des tirs au but peut nous apprendre pour la vie»).
«J’ai vu les derniers penalties d’Anto Grgic et je suis impressionné par sa technique», confie-t-il à Blick. «Il adopte une stratégie nettement plus risquée que la majorité, et il la maîtrise à merveille. Je vais désormais suivre ses matchs de près.»
Deux écoles pour les tireurs
Dans le grand monde des tireurs de penalties, on distingue deux approches.
D'abord, le tir dit «indépendant du gardien». Le joueur choisit un côté et s’y tient, sans tenir compte des mouvements du gardien en face de lui. «Si le gardien plonge du bon côté, les chances de marquer tombent à 50%. Dans le cas contraire, elles montent à 95 %», détaille Jordet.
Ensuite, le tir dit «dépendant du gardien». Le tireur attend la décision du portier pour ajuster sa frappe. «C’est extrêmement exigeant, car il faut lire le mouvement du gardien au dernier moment et réagir en quelques millisecondes», poursuit le spécialiste. C’est cette deuxième stratégie, plus périlleuse, qu’utilise souvent Anto Grgic. Mais quand elle est parfaitement exécutée, elle n’est pas plus risquée que l’autre.
Une stratégie en évolution
Historiquement, la première méthode (indépendante du gardien) s’avérait plus efficace. Mais les temps changent: «Les tireurs dépendants sont de plus en plus capables de lire les gardiens à la dernière seconde», note Geir Jordet. Certains portiers se spécialisent, à l’image de Yann Sommer, passé maître dans l’art de tromper les tireurs.
Résultat: même des experts comme Harry Kane ou Robert Lewandowski alternent désormais entre les deux stratégies pour rester imprévisibles. «Je pense qu’Anto Grgic devra bientôt faire de même», estime Geir Jordet.
La force de la routine
Selon le chercheur, la réussite dépend aussi de l’entraînement à gérer la pression: «À l’entraînement, presque tout le monde marque. Mais en match, la nervosité change tout. La clé, c’est la routine.»
Respiration, concentration, visualisation: autant de techniques connues pour aider à garder son sang-froid. «Plus la préparation est précise, plus le joueur est capable de rester calme et confiant avant de tirer», insiste Geir Jordet.
Le rituel d'Anto Grgic
Anto Grgic, lui, semble avoir trouvé son propre rituel. Avant chaque tentative, il se place à l’entrée de la surface, inspire et expire profondément, fixe le ballon, puis s’élance. Trois pas, un court arrêt… et frappe victorieuse.
Dix-huit fois de suite en match officiel, voilà déjà un joli total. Et rien ne dit que la série est près de s’arrêter.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | 3 | 9 | 9 | ||
2 | 3 | 3 | 9 | ||
3 | 3 | 5 | 7 | ||
4 | 4 | 1 | 6 | ||
5 | 4 | -1 | 5 | ||
6 | 3 | 0 | 4 | ||
6 | 3 | 0 | 4 | ||
8 | 3 | -1 | 3 | ||
9 | 3 | -3 | 3 | ||
10 | 3 | -2 | 1 | ||
11 | 3 | -5 | 1 | ||
12 | 3 | -6 | 1 |